"Depuis que j'ai appris la nouvelle, j'ai la boule au ventre. C'est la fin d'un espoir", dit Kamel Slimani, membre du Collectif des vrais gens, qui défendait ardemment le projet d'aménagement du Triangle de Gonesse, dans le Val-d'Oise.
"La déception est immense, on sent un mépris du gouvernement par rapport à la banlieue, on a l'impression que le président nous marche dessus juste pour dire qu'il fait de l'écologie. L'Est du Val-d'Oise, c'est le parent pauvre de l'Ile-de-France. On n'a rien, pas de transports, pas de métro, on est abandonné", ajoute cet éducateur, militant associatif de longue date à Goussainville. Selon lui, "l'émotion est grande et il ne faudra pas s'étonner si ça pète".
Emmanuel Macron a décidé d'abandonner ce projet de mégacomplexe de loisirs et de commerces au nord de Paris, qu'il juge "daté et dépassé", et de "réfléchir à un projet alternatif plus vaste", a annoncé jeudi l'Elysée. "L'Etat ne tient pas parole, alors que l'aménagement du Triangle de Gonesse avait été impulsé suite aux graves émeutes de Villiers-le-Bel" en 2007, déplore Marie-Christine Cavecchi, la présidente LR du département.
"Où est passée l'égalité des territoires si souvent prônée par le Président de la République ? Les espoirs de milliers d'habitants et d'acteurs territoriaux de l'Est du Val-d'Oise sont anéantis par ce couperet brutal et injuste", s'alarme-t-elle. Dans un communiqué, le maire PS de Gonesse, Jean-Pierre Blazy, a lui déploré "une décision incompréhensible et inacceptable" qui sacrifie un territoire "au nom d'une vision uniquement symbolique de l'écologie. "
"Manifestement, Emmanuel Macron n'a pas compris l'avertissement de son peuple par la voix des gilets jaunes. C'est une exécution en règle sans autre forme de procès, au détriment d'une population que le président abandonne", écrit-il. Pour Ali Soumaré, conseiller régional PS de Villiers-le-Bel, "on se fait une virginité écolo sur le dos de la banlieue".
"Tout le monde sait que c'est pas Europacity qui va siphonner la planète, on parle de terres archi-polluées, entre des autoroutes et des aéroports. Cette décision, c'est une belle hypocrisie", dit-il. "Je mets au défi Emmanuel Macron de venir dans ce territoire pour dire quel est l'avenir", a conclu l'élu.
Le sénateur PS Rachid Temal a quant à lui "solennellement invité Emmanuel Macron à venir sur le Triangle de Gonesse dans les prochains jours pour présenter son plan B". "Quid de l'avenir de l'unique gare Valdoisienne du Grand Paris Express? Quid des investissements en faveur de l'emploi, du logement, des transports?", a-t-il demandé.
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En quoi un centre commercial hors-sol, dont le premier effet aurait été de gonfler l'action d'Auchan en bourse, aurait-il été facteur de développement de la Seine Saint Denis ou du val d'Oise ? Les habitants de ce territoire sont-ils si riches qu'ils sont capables de faire vivre tant de centres commerciaux : Aeroville, Parinor, la future gare du Nord, sans compter tous les centre-villes qui ont tant de mal à rester vivants : Gonesse, Arnouville, Aulnay, Blanc-Mesnil, le Bourget.... La Seine Saint-Denis en est-elle à ce point de déshérence qu'il faille lui infliger des "éléphants blancs" comme en Afrique ? Avez-vous déjà visité des banlieues américaines, avec ces gigantesques centres commerciaux vides, désespérément glauques, repaires de dealers et de SDF ? C'est ça que veulent les élus des banlieues françaises