Le projet, mené par SNCF Gares & Connexions et la foncière d'Auchan, Ceetrus, "pose des problèmes majeurs en matière de congestion à l'intérieur et à l'extérieur de la gare, de sécurité des voyageurs, de surdensification du quartier, de programmation commerciale inadaptée, de détérioration des conditions pour les voyageurs du quotidien", soulignent les quatre experts - trois architectes/urbanistes et un économiste.
Deux jours avant la fin de l'enquête publique, ce rapport vient appuyer la position hostile de la Ville de Paris en attendant l'avis du préfet sur la remise ou non du permis de construire.
Présenté en juillet 2018, le spectaculaire projet de rénovation et d'agrandissement de la Gare du Nord -- une opération de 600 millions d'euros -- prévoit notamment pour cette gare vieille de 155 ans un toit terrasse végétalisé d'un hectare avec vue sur la basilique du Sacré-Coeur de Montmartre, doté de piste de trail, parking pour 2.000 vélos, grande nef transversale, passerelles, mais aussi salle de spectacle, de sport, commerces et bureaux.
Après une vingtaine d'architectes de renom, dont Jean Nouvel et Roland Castro, qui ont jugé le programme "inacceptable" et "pharaonique", la mairie de Paris qui l'avait d'abord approuvé a, depuis cet automne, décrié un projet "trop commercial, dense, pas assez tourné vers les voyageurs".
La Ville de Paris demande ainsi aux porteurs du projet une "dédensification", craignant que la première gare d'Europe (700.000 voyageurs quotidiens), d'où partent Thalys et Eurostar, mais aussi trains de banlieue et lignes de métro, ne voit son affluence augmenter encore.
L'adjoint à l'Urbanisme de la maire de Paris, Jean-Louis Missika, a lui estimé qu'il serait "absolument invraisemblable qu'un projet comme celui-là puisse se faire contre la volonté de la mairie de Paris". "Les électeurs vont trancher clairement entre ceux qui sont favorables et ceux qui sont hostiles (au projet)" au scrutin des municipales, a-t-il poursuivi, estimant que si les opposants gagnent, "il faudra que la SNCF, Ceetrus, le gouvernement en tire les conséquences".
Le gouvernement défend lui ce projet jugé "nécessaire" en prévision des JO-2024 de Paris et a dénoncé le "rétropédalage de la Ville de Paris" à quelques mois des élections municipales. La recrudescence future du nombre des voyageurs, estimée à 900.000 par jour en 2030, "justifie un projet d'extension et de modernisation", a plaidé de son côté la présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse (Libres, ex-LR), dans un courrier adressé à la présidente de la Commission d'enquête."
Le projet de rénovation de la gare du Nord n'est pas un sujet uniquement parisien, mais d'intérêt national", a abondé Xavier Bertrand (ex-LR), président de la région Hauts-de-France, dont 200.000 habitants empruntent la gare.