RE2020 : la méthode est publiée, les exigences manquent encore

RE2020 : la méthode est publiée, les exigences manquent encore

Le 21 avril, le gouvernement a publié quatre documents sur la future RE2020 qui détaillent la méthode de calcul. 




Les quatre documents sur la future RE2020 sont : les Principes et éléments structurants de la méthode, des Détails méthodologiques, les Scénarios d’usage RE2020 et les données météorologiques pour la RE2020.

 

Les deux premiers documents sont l’équivalent pour la RE2020 des règles Th-BCE pour la RT2012. Le troisième, les Scénarios d’usage de la RE2020, confirme que la construction de la méthode de calcul de la RE2020 est globalement similaire à celle de la RT2012.

 

Elle consiste en effet en une méthode de calcul des performances thermiques des bâtiments, en une méthode de leur empreinte environnementale avec ACV (Analyse du Cycle de Vie) sur 50 ans, puis une partie conventionnelle – les Scénarios d’usage – qui présente le comportement conventionnel de différents types de bâtiments.

 

Principes du calcul

 

Le calcul environnemental commence à la fabrication des matériaux de construction d’un bâtiment. Ce qui peut éventuellement se passer avant, par exemple la démolition d’un bâtiment antérieur sur le site de construction ou la dépollution de la parcelle, n’est pas pris en compte. Le calcul commence lorsque la parcelle est prête.

 

Le calcul englobe le bâtiment et sa parcelle. Les aménagements extérieurs, les raccordements aux réseaux, la voirie, la production d’électricité sur des espaces attenants, … tout cela entre dans le calcul. Le calcul peut porter sur plusieurs bâtiments s’ils font l’objet d’un permis de construire unique, mais, ajoute le premier document, l’évaluation de la conformité réglementaire reste à l’échelle du bâtiment, sauf exceptions comme le cas de bâtiments accolés.

 

Ensuite, pour le calcul d’ACV, les usages de l’énergie sont ceux considérés par la méthode : les activités hébergées dans le bâtiment ne sont pas prises en compte. Ce qui signe la disparition des « consommations mobilières » introduites par le label E+C- dans un effort de prise en compte de toutes les consommations d’énergie d’un bâtiment. D'où le retour aux 5 usages classiques des RT successives – chauffage, refroidissement, production d’ECS, éclairage des locaux, auxiliaires de chauffage, de refroidissement, d’ECS et de ventilation -, mais avec deux petits ajouts.

 

Les usages spécifiques de l'électricité

 

Tout d’abord, la page 8 du document « Principes et éléments structurants de la méthode » introduit le déplacement des occupants à l’intérieur du bâtiment, lorsqu’ils entraînent une consommation d’énergie, comme l’utilisation d’ascenseurs ou d’escalators.

 

Ensuite, au bas de la page 37 du même document, apparaissent les usages spécifiques de l’électricité. Ce sont les consommations d’électricité – seulement d’électricité - de tous les appareils absents à la livraison du bâtiment. Ces consommations ne sont cependant prises en compte que pour le calcul de la production d’électricité sur site et du taux d’autoconsommation de cette production. Les productions locales d’électricités peuvent être issues d’installations photovoltaïque, de mini- ou de micro-cogénérations.

 

Comme dans le cas du label E+C-, le calcul se déroule en deux temps : d’abord simulation énergétique et calcul des indicateurs énergétiques ; ensuite, calcul de l’ACV et des indicateurs environnementaux en utilisant des données de sortie de la simulation énergétique.

 

Les deux types d'indicateurs retenus par la RE2020

 

La RE2020 comptera deux types d’indicateurs : les indicateurs règlementaires soumis à une exigence de seuil, les indicateurs « pédagogiques » destinés à sensibiliser les professionnels, mais non-soumis à une exigence de performance. Tous les indicateurs sont rapportés à la surface de référence Sref. Elle est égale à surface habitable SHAB pour les maisons individuelles, les logements collectifs et les usages résidentiels assimilés. Pour les autres bâtiments et usages, la Sref est égale à la surface utile SU.

 

Côté performance énergétique, on retrouve le Bbio et le Cep. Le Cep tient compte des besoins déterminés pour le coefficient Bbio, mais aussi de l'impact des systèmes énergétiques installés dans le bâtiment qui peuvent être nombreux.

 

On y retrouve les systèmes de chauffage et de refroidissement, y compris les auxiliaires, système de référence de refroidissement dans le cas où un inconfort d’été significatif est décelé, systèmes de production d'eau chaude sanitaire y compris les auxiliaires, auxiliaires de ventilation (l’impact des débits d’air étant pris en compte dans les consommations des systèmes de chauffage et de refroidissement), systèmes d'éclairage artificiel, systèmes de production locale d'énergie, y compris les auxiliaires. Et enfin, les systèmes assurant le déplacement des occupants du bâtiment à l’intérieur de celui-ci.

 

Deux nouvelles valeurs à intégrer

 

Deux nouvelles valeurs apparaissent. Premièrement, le coefficient Cep,nr en kWhep/m² d’énergie primaire non renouvelable représente les mêmes consommations que le Cep, mais en ne conservant que la part non-renouvelable de ces consommations. L’export d’énergie n’est pas pris en compte dans son calcul.

 

Deuxièmement, l’indicateur RCR ou Ratio de Chaleur Renouvelable ou de Récupération quantifie la part d’énergie renouvelable ou de récupération qui est fournie à un bâtiment pour couvrir ses besoins en chaleur (chauffage et production d’ECS). La possibilité d’alimenter autre chose que de la production de chaleur par des ENR&R – une autoconsommation PV pour un climatiseur, par exemple – n’est pas prise en compte.

 

Le fameux indicateur Bilan Bepos, apparu avec le label E+C-, n’existe plus.

 

30 indicateurs pour l’évaluation de l’empreinte environnementale d’un bâtiment

 

En ce que concerne le bilan environnemental, la méthode prévoit 30 indicateurs, mais seulement cinq sont soumis à une exigence de performance. Les 25 autres – potentiel d’eutrophisation, potentiel de formation d’oxydants photochimiques de l’ozone troposphérique, … - sont « pédagogiques ».

 

Les indicateurs environnementaux soumis à une exigence de performance sont :

 

  • EgesTotal correspond aux émissions totales du bâtiment sur l’ensemble de son cycle de vie,

 

  • EgesPCE traduit les émissions de la contribution PCE (produits de construction et équipements mis en œuvre dans le bâtiment) sur l’ensemble du cycle de vie du bâtiment,

 

  • EgesCE correspond aux émissions de la contribution CE (usages de l’énergie dans le bâtiment pour le chauffage, le refroidissement, l’eau chaude sanitaire, l’éclairage, les auxiliaires, et les autres usages immobiliers),

 

  • EgesAUP exprime les émissions de la contribution AUP sur l’ensemble du cycle de vie du bâtiment. Ce sont les composants servant à la clôture des parcelles et aux aménagements prévus lors de la construction (piscine, cabane de jardin, plantations…). Elle prend aussi en compte les usages d’eau nécessaires à ces ouvrages

 

  • Mstock ou indicateur de la masse totale de carbone biogénique stocké dans le bâtiment.

 

Les documents publiés le 21 Avril sont longs et complexes. Cet article était le premier aperçu. Un second article présentera la prise en compte des surchauffes d’été et la grande nouveauté introduite dans la méthode RE2020 : la climatisation fictive.

 



Source : batirama.com / Pascal Poggi

L'auteur de cet article

photo auteur Pascal Poggi
Pascal Poggi, né en octobre 1956, est un ancien élève de l’ESSEC. Il a commencé sa carrière en vendant du gaz et de l’électricité dans un centre Edf-Gdf dans le sud de l’Île-de-France, a travaillé au marketing de Gaz de France, et a géré quelques années une entreprise de communication technique. Depuis trente ans, il écrit des articles dans la presse technique bâtiment. Il traite de tout le bâtiment, en construction neuve comme en rénovation, depuis les fondations jusqu’à la couverture, avec une prédilection pour les technologies de chauffage, de ventilation, de climatisation, les façades et les ouvrants, les protocoles de communication utilisés dans le bâtiment pour le pilotage des équipements – les nouveaux Matter et Thread, par exemple – et pour la production d’électricité photovoltaïque sur site.
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