Le leader de la transformation du bois de hêtre prépare ses innovations

Le leader de la transformation du bois de hêtre prépare ses innovations

Le groupe Lefebvre, leader français de la transformation du bois de hêtre, produit sur stock et attend avec impatience le redémarrage pour lancer des innovations longuement mûries.




Sans l’épidémie, le groupe Lefebvre aurait exploité pleinement la dixième édition du Forum International Bois Construction, exceptionnellement programmée à Paris et au Grand Palais.

 

D’une part, les ossatures des stands spécialement développés pour l’occasion par les étudiants de l’ENSA de Paris-Belleville, au sein de l’atelier bois animé par Ludovik Bost, auraient été livrées par le groupe qui prenait ainsi une belle option sur le développement urgent d’une filière événementielle durable.

 

Parmi les exposants du Forum, le groupe aurait surtout pu mettre en avant une innovation très attendue, à savoir le lancement d’une offre en hêtre lamellé-collé.

 

Plus précisément, il s’agit de fournir des poteaux à destination de construction de grande hauteur et également, mettre à disposition des lamellistes des lamelles de hêtre qui vont leur permettre de développer une offre compétitive complémentaire au lamellé-collé de résineux, comme l’explique Joël Lefebvre, le président du groupe.

 

« Les performances mécaniques exceptionnelles du lamellé-collé de hêtre invitent à l’exploiter, notamment sous forme de poteaux, dans le cadre de la nouvelle architecture multi-étage et biosourcée ».

 

 

Joël Lefebvre et Mathieu Peltier © Groupe Lefebvre

 

Ligne d’optimisation de haute technologie

 

Pour en arriver là, le groupe Lefebvre a installé une ligne d’optimisation de haute technologie, alignant, dans un ensemble développé par le Danois System TM, toute une série de scanners complémentaires du partenaire Microtec.

 

Tandis que la France rattrape actuellement son retard en matière d’équipements d’optimisation de ce type, jamais encore le leader mondial Microtec n’a équipé de cette façon, en France, un transformateur de feuillus.

 

Et pourtant, si l’on veut valoriser les feuillus français en France, il s’agit d’une étape incontournable, comme l’explique Mathieu Peltier, Directeur d’Exploitation Manubois SAS & Dequecker Productions, qui pilote cette nouvelle activité du groupe.

 

« Le hêtre a cette particularité de présenter des hautes performances mécaniques indépendamment du classement visuel courant, mais à condition d’être convenablement purgé. En d’autres termes, un hêtre classé visuellement comme simple bois d’industrie, voire comme bois de chauffage, peut entrer sous certaines conditions dans la fabrication de poteaux lamellés-collés sveltes, élégants, performants sur le plan structurel et compétitifs. Nous valorisons une essence locale française et nous prolongeons indéfiniment son stockage du carbone, en aidant la construction à prendre la voie de la neutralité carbone ».

 

La nouvelle ligne d’optimisation du groupe Lefebvre, et sa batterie de scanners : du jamais vu en France en matière d’équipement de scierie de feuillus. ©Groupe Lefebvre

 

Un intérêt européen pour le hêtre français

 

La ligne est danoise, les scanners italiens. Le bois est français, le marché international. Selon Joël Lefebvre, le classement visuel bute sur ses propres limites, et sur celles du personnel spécialisé.

 

 « La ligne permet de repérer précisément les nœuds selon des critères de diamètre qui peuvent être ajustés, et elle peut prendre en compte des critères complémentaires comme la distance entre les nœuds admissibles et le bord de la lame. Ainsi, la valorisation du bois augmente en même temps que le stockage durable du carbone ».

 

Essence européenne s’il en est, la valorisation du hêtre dans la construction suscite un intérêt européen. En complément du LVL de hêtre développé par l’Allemand Pollmeier, l’approche technique volontariste du groupe Lefebvre va susciter un intérêt international.

 

 

Objet d’exposition, le totem en lamellé-collé de Lefebvre invite depuis deux ans la filière à entrer dans l’ère du BLC local.©Groupe Lefebvre

 

Crise : des signes avant-coureurs

 

La nouvelle ligne a juste eu le temps de commencer à tourner avant le confinement. Les stands en hêtre devront attendre que le contexte sanitaire permette de relancer les formules salon et congrès. En semaine 12, le choc sanitaire a frappé le groupe Lefebvre de plein fouet, comme les autres.

 

L’activité de la scierie a été interrompue tout comme la seconde transformation livrant les menuiseries industrielles (Manubois). Même les 30 poutres de BLC livrées à FCBA pour en tester les performances devront attendre un peu.

 

Selon Joël Lefebvre : « L’année 2019 a été pour nous une année normale. Le premier semestre était assez difficile, dans le prolongement d’un creux conjoncturel qui remonte au mois de novembre 2018, mais le second l’a compensé et l’année 2020 a commencé sur une bonne lancée. Cependant, le marché export nous a donné des signes avant-coureurs de la crise actuelle. Les commandes de sciage ont fléchi comme toujours en prévision du Nouvel an chinois.

 

Ensuite, les grèves des dockers relatives à la réforme des retraites ont pris le relais. L’épidémie a retardé le redémarrage chinois après la pause du nouvel an, avant que son arrivée en France ne bloque tout au moins momentanément à la mi-mars ».

 

Crise sanitaire : le groupe s’adapte

 

Sur le plan sanitaire, le groupe s’est adapté : « Nous avons pu nous équiper en masques et en gel, nous avons décalé les équipes pour qu’elles ne se croisent pas, fermé les vestiaires, salles de repos, débranché la machine à café, les fontaines. Le protocole de réception est facilité par le fait que ce sont nos propres grumiers.

 

Quant aux livraisons, c’est clair, il n’y en a pas pour le moment. Du côté de Manubois, on attend le redémarrage des menuiseries industrielles à partir du 27 avril, deux menuiseries ont l’intention de rouvrir et cela devrait entraîner la réouverture des autres.

 

Les scieries de résineux sont davantage impactées par la situation que les scieries de feuillus, qui travaillent moins en flux tendu et sont un peu moins tributaires du fonctionnement des chantiers. Par contre, le hêtre abattu est périssable, il faut le transformer rapidement ». C’est pourquoi la scierie tourne à nouveau depuis trois semaines déjà.

 

Objectif : changer l’architecture intérieure des immeubles bois

 

La matière ne manque pas et l’outil permet désormais de proposer aux lamellistes des lamelles aboutées de 4 à 6 mètres, utilisables sur leurs lignes courantes de production. A défaut d’une certification européenne Glulam toujours en attente pour les feuillus, le groupe Lefebvre vise une qualification des propriétés mécaniques de ces poteaux élégants et performants.

 

« L’élan décisif viendra sans doute des constructeurs d’immeubles grande hauteur et de proximité (amélioration du bilan carbone) ainsi que des architectes, pour qui l’intégration de ces poteaux dans les pièces à vivre est un défi stimulant », estime Joël Lefebvre. Et en tout cas, ce sera un signe distinctif de la construction bois post-Covid, dans cette nouvelle phase décarbonée qui s’ouvre.

 

 

Source : batirama.com/ Jonas Tophoven

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