Photo d'ouverture : La charpente métallique du Grand Palais faisait désordre, le Forum lui préfère désormais celle en lamellé-collé du Grand Palais Ephémère, quitte à attendre encore un an. © Wilmotte et Associés
Les derniers ont été les premiers. Heureux les organisateurs de Dach+Holz International à Stuttgart, du 28 au 31 janvier, ont réussi pour la première fois à passer la barre des 600 exposants, pour une surface d’exposition nette augmentée de 5% par rapport à l’édition précédente.
Ce salon existe depuis 2008 dans une formule qui s’adresse à la fois aux couvreurs et aux charpentiers. Biennal, il se tient en alternance à Stuttgart et à Cologne. La fréquentation est assez stable, autour de 50 000 personnes à Stuttgart, un peu moins à Cologne.
Progressivement, l’accent semble se déplacer un peu vers les métiers de la couverture. Dach+Holz n’en reste pas moins, tous les deux ans, un rendez-vous important de la charpente européenne. Cette année, plusieurs exposants du salon de Stuttgart sont venus dans la foulée à Lyon pour le Salon Eurobois qui démarrait le 4 février. Sans savoir qu’il s’agissait là du dernier grand salon français de la filière bois avant longtemps.
La formule Eurobois, enfin stabilisée et retournée sur son créneau de début d’année, en année paire donc celle sans salon Ligna, a fait mouche. 29 100 professionnels accueillis (+25% vs 2018) durant les 4 jours, 420 exposants et marques (+11% vs 2018) dont 30% de nouvelles entreprises ;
A noter un visitorat hors région AuRA en hausse de 35%, une très forte progression du nombre de professionnels issus du secteur de l’agencement (multiplié par 3 par rapport à 2018) et une croissance notable du nombre de visiteurs issus de la 1ère transformation (multiplié par 2 par rapport à 2018).
Derrière ce bilan élogieux, la nouvelle bipolarité du salon entre la machine à bois et l’agencement, au moins passagèrement au détriment des produits en bois, esquissait une forte édition 2020 du Carrefour International du Bois à Nantes fin mai, tandis que le Forum International Bois Construction n’avait guère eu de peine à remplir l’espace d’exposition du Grand Palais pour sa dixième édition prévue exceptionnellement à Paris, du 15 au 17 avril 2020. On s’acheminait donc vers un beau triplé qui était par ailleurs en phase avec la conjoncture du bois dans la construction.
Ailleurs en Europe, les choses s’annonçaient également bien. Xylexpo est à Milan le grand salon biennal du bois et de la machine à bois, un peu comme Eurobois à Lyon, et positionné de même les années paires sans salon Ligna, en mai.
Convalescent de la crise financière, sans commune mesure avec la dimension mondiale du salon du meuble, Xylexpo avait cependant réussi à rassembler de nouveau les majors de la machine à bois italienne et remontait patiemment la pente. Il semble rétrospectivement un peu surréaliste qu’une traditionnelle conférence de presse de présentation du salon s’est tenue à Milan le 18 février dernier.
Les organisateurs misaient sur une bonne édition reflétant la bonne situation du marché. L’édition de 2018 avait rassemblé 18000 professionnels, chiffre en légère progression par rapport à 2016, et notable par la forte proportion des étrangers (28,3%). 330 exposants étaient inscrits, dont 30% d’exposants étrangers, sur une surface nette de 29 000 m2 couvrant trois halls de l’immense Parc des expositions de Fieramilano.
Au même moment, un rassemblement évangélique à Mulhouse allait lancer l’épidémie en France, tandis que le 19 février, un match de football entre Valence et Bergame constituera le point de départ d’une forte accélération de la pandémie en Espagne et en Italie. A Wuhan, deux hôpitaux d’urgence construits en seulement dix jours étaient déjà en service. Quelques jours plus tard, le 25 février, le pendant italien du Forum Bois Construction, 9° Forum dell’Edilizia in Legno près de Vérone, est reporté sine die.
Parmi les salons internationaux de la machine à bois, Eurobois a tiré cette année le bon numéro.©JT
La préparation de la dixième édition du Forum avait été particulièrement compliquée et risquée. Le Grand Palais avait exceptionnellement accepté d’accueillir un congrès professionnel, à cause de l’intérêt de sa problématique en cette année 2020 décisive pour la lutte contre le dérèglement climatique. Mais il fallait en contrepartie ouvrir l’espace d’exposition au public.
Sous la grande voûte, l’organisatrice Nicole Valkyser a dû aménager un auditorium agile dont le financement et le réemploi n’étaient pas assurés. Dans un lieu imposant, stratégique, mais minéral et métallique, scénographié par Alexandre Labasse, le directeur du Pavillon de l’Arsenal, il est apparu nécessaire de souligner non seulement la dimension bois, mais bois local.
Sous l’égide de Ludovik Bost et du magnifique atelier bois de l’ENSA Paris-Belleville, les étudiants ont développé un concept de stands réutilisables en montants de hêtre français avec panneaux en contreplaqué de peuplier également français, très bas carbone, que les étudiants de l’ESB ont ensuite fabriqués.
La conception d’un auditorium démontable et remontable en matériaux biosourcés a été un chemin de croix mais devait déboucher sur une solution particulièrement élégante de l’architecte Steven Ware, avec des panneaux CLT cintrés produits par Piveteau Bois qui n’a décidément peur de rien, alors que sa production industrielle de panneaux CLT standard, Hexapli, vient juste de commencer.
Les efforts conjugués de toute la filière bois pour réussir sa présentation nationale et porter en plus haut lieu le message de la construction biosourcée explique pourquoi l’annonce du report de la manifestation n’est annoncé que le 13 mars.
La déception est d’autant plus grande que la seule date de report possible se situe en juillet, du 15 au 17. La rentrée est saturée notamment par les autres reports de manifestations, et fin 2020, le Grand Palais doit fermer pour trois ans.
Nvbcom n’a donc pas le choix et annonce dans un premier temps cette nouvelle date. Las, les mesures de déconfinement esquissées par le gouvernement rendent improbable, voire dangereux, cette première date de report. Que faire ? Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, Nicole Valkyser saisit la seule occasion qui lui reste, à savoir un report supplémentaire d’exactement un an, au 15-17 juillet 2021.
Ce ne sera pas au Grand Palais, mais au moins dans le cadre finalement particulièrement adapté du Grand Palais Ephémère érigé d’ici là en face de l’Ecole Militaire, sur le Champs-de-Mars. La charpente en lamellé-collé conçue par l’architecte Jean-Michel Wilmotte et montée par l’entreprise Mathis complète le dispositif déjà constitué par les stands et l’auditorium, la scénographie imaginée par Alexandre Labasse étant transposable tel quel.
Un peu contraint et forcé par l’entrée en confinement, le Carrefour International du Bois (27-29 mai 2020) annonce le 18 mars son report avec une démarche originale : deux périodes sont envisagées et proposées aux partenaires commerciaux du salon par questionnaire, à échéance du 23 mars.
Il en ressort une volonté de report en février 2021, plus précisément du 3 au 5 février, soit exactement le créneau retrouvé du grand salon français concurrent du bois, Eurobois, mais en année impaire.
Le CIB n’a évidemment pas l’intention de pérenniser ce recalage, mais pour l’heure, les organisateurs n’ont pas donné de précisions quant à la date de l’édition suivante. Le lieu ne pose quant à lui pas de problème, et le parc d’exposition de la Beaujoire présente l’avantage d’offrir une grande flexibilité.
Avec un peu de chance, le CIB/Timbershow se tiendra en février 2021 à point nommé. Sa renommée et son implantation internationale sont telles que la manifestation n’en pâtira pas. Tout comme le Forum, le CIB va « shifter » tout son dispositif d’exposition tel quel.
CIB/Timbershow, février 2021, premier carrefour après le désert.©: JT
Tous ces reports ne préjugent pas de la situation à laquelle ces manifestations seront confrontées à leurs nouvelles dates. D’une part, sur le plan sanitaire et de l’autre, sur celui de la situation économique. Tout redeviendra-t-il progressivement comme avant ?
D’ores et déjà, on voit émerger des formules de conférences délocalisées, comme celles proposées avec succès par les interprofessions Atlanbois et Abibois. L’option du salon virtuel n’avait jamais réussi jusqu’ici à percer, car ce média soulignait l’importance des contacts physiques et les atouts incomparables du brassage des contacts, sans oublier la dimension de la communion.
Salon et distanciation sociale sont deux notions parfaitement contradictoires. Par ailleurs, on peut imaginer les conséquences de la crise sanitaire sur la mobilité (et son coût), qui plus est dans un contexte d’évolution vers la neutralité carbone.
Le marché de l’événementiel était jusqu’ici une énorme pompe à carbone. La crise actuelle est l’occasion de repenser ce marché à la lumière du choc climatique. La filière bois n’y échappera pas. Mais ses nouveaux équipements très bas carbone constituent peut-être aussi une partie de la réponse.
A Nantes, le CIB propage depuis toujours le virus du bois, sans marquage de distanciation sociale, ni gel ni masques.© CIB
Source : batirama.com/ Jonas Tophoven
Je suis impatient de recevoir le logiciel
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Bonjour, j'apprécie à grande échelle ce projet. Je suis formateur en menuiserie bois, l'obtention de ce logiciel me fera du bien.