Au fil de la décennie écoulée, le bois a marqué la construction de son empreinte. Cette patiente remise en main tient pour beaucoup aux efforts pour répondre aux principales pathologies du matériau bois dans la construction : champignons et xylophages, avec en tête, la lutte contre le termite, très implanté dans l’arc sud – sud-ouest.
Le travail réglementaire sur ce sujet s’est intensifié avec la loi 99-471 du 8 juin 1999 sur la prévention et la lutte contre les xylophages. Il a continué jusqu’au milieu des années 2010 ; il continue d’alimenter les sessions de formations du centre technique industriel FCBA de Champs sur Marne – hors période de confinement, cela va de soi.
Parallèlement, l’offre de chimies pour le traitement des bois s’est adaptée à cette nouvelle donne en tenant aussi compte de problématiques environnementales à la fois émergentes et fortes. Le travail européen sur les substances chimiques et leur impact sanitaire a obligé tous les fournisseurs à revoir leurs formulations.
Substances actives, dosages, choix de solvant… Les catalogues ont intégralement été revus. Certains chimistes ont d’ailleurs mis au point des substances actives issues de la biomasse. La ressource biosourcée permet à cette industrie de revendiquer de caractère renouvelable de sa production tout en garantissant une efficacité équivalente.
Depuis peu, le bois s’exprimant architecturalement plus fortement, en structure et en façade, les professionnels du bâtiment ont remarqué l’extension des gammes dans deux nouvelles directions : l’esthétique des parements, avec des produits pour les dégriser et entretenir leur aspect chatoyant, et la protection renforcée contre, d’une part les champignons et les xylophages avec des solutions à la fois plus simples à appliquer et plus efficace – du gel capable de pénétrer le bois sur plusieurs centimètres –, et d’autre part des traitements intusmescents pour répondre à la construction tertiaire et en hauteur.
Avis d’expert : Claude Genty, directeur général d’Adkalis, Groupe Berkem« L’évolution de la construction demande de poursuivre notre développement technique. »© Genty
Cet industriel bordelais propose des solutions de traitement pour l’ensemble de la filière bois, des scieurs aux fournisseurs de produits manufacturés.
Batirama : Quelles évolutions récentes retenez-vous parmi les plus marquantes ?
Claude Genty : En vingt ans, les industriels ont réduit les taux de biocides dans les formules de traitement pour les bois. Cette évolution est liée à la réglementation sur les biocides menée par l’Europe. Les nouveaux textes nous demandent, d’une part, de prouver l’efficacité des molécules, et d’autre part, de réduire les impacts sur l’environnement et les humains. Cette action a eu deux conséquences. La première : les formules sont moins concentrées en biocides tout en offrant la même efficacité. La seconde : certains professionnels ont mis au point des solutions de chimie fine biosourcée, c’est-à-dire issues de la biomasse.
Ainsi nous obtenons des produits, certes plus coûteux, mais aussi efficaces et performants. Ces évolutions ont été bien accueillies par la profession. Même si ces références récentes ne forment pas la majorité de leur volume d’achats, les grands scieurs s’y sont progressivement convertis.
Comment les évolutions récentes du bois dans la construction impactent-elles votre activité ?
Que l’on ne s’y trompe pas ! Globalement, le marché du bois dans la construction régresse. Si l’on retient la menuiserie, la part de marché du bois a chuté de 70 % il y a 30 ans à 15 % aujourd’hui. On remarque bien une reprise de la construction bois, mais pas au rythme de la régression des PME du secteur. Les produits de structure comme les panneaux de CLT, cross laminated timber, sont en pleine croissance, mais cette industrie est principalement extérieure à la France. Les investissements des industriels français dans ces gammes sont récents.
Quels nouveaux besoins s’expriment ?
L’évolution de la construction demande de poursuivre notre développement technique. Il y a plus de 20 ans, nous avons participé à la mise au point du greffage de molécules fongicides ou insecticides sur des supports en matières PVC ou polyéthylène. Ce qui s’est concrétisé par les films-barrières anti-termites bien connus.
Pour lutter contre les champignons et insectes, la technologie des gels exploitée depuis plus de 10 ans a conduit à proposer des produits efficaces jusqu’à 4 à 8 cm de profondeur, contre 3 mm en traitement de surface. Avec l’essor de la construction bois, nous sommes interpellés pour répondre à la protection incendie. Dans un premier temps, les concepteurs y ont répondu par la section ; maintenant, l’ignifugation peut-être assurée par le trempage, aspersion, imprégnation pour parvenir à un niveau Bs1-d0, équivalent à M1. |
Traitement : à adapter aux classes de bois
L’emploi du bois en construction est cadré par des classes. Les professionnels s’en tiennent aux classes d’emploi 2, 3 et 4 (pour mémoire, la classe d’emploi 1 est dédié au mobilier intérieur et à la décoration). Ces distinctions sont fixées par les normes EN 335 et NF B 50-105-3. Elles classent les bois selon leurs performances naturelles, le traitement appliqué, voire les deux.
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Réglementation : quelques repères
Loi 99-471 du 8 juin 1999 sur les conditions de prévention et de lutte contre les termites et xylophages. Par ce texte, le propriétaire d’un immeuble contaminé est tenu d’en faire la déclaration en mairie. En cas de vente, le vendeur fournit à l’acquéreur un état parasitaire de moins de trois mois. Décret n° 2006-591 relatif à l’article 7 de la loi termite et arrêté du 27 juin 2006, modifié par l’arrêté du 16 février 2010
Ces textes modifient les articles L.112-17 et R.112-2 à R.112-4 du code de la Construction et de l’Habitation en imposant des mesures de protection des bâtiments neufs contre les insectes à larves xylophages sur l’ensemble du territoire national.
Ils prévoient :
Décret n°2014-1427 du 28 novembre 2014
Ce texte modifie les articles. R.112-3, 112-4 et 133-4 du code de la construction et de l’habitation, rendant le traitement antitermites préventif obligatoire et applicable par commune. Un zonage, défini depuis janvier 2016, répertorie 54 départements concernés, dont 29 entièrement. Au total, près de 4 000 communes sont concernées. |