Légende: Le bâtiment 007 du Pont de Flandres à Paris, achevé et livré (architecte : Anne Carcelen) ©Tilt and shoot
En principe, les nouveaux chantiers multi-étages en bois se démarquent par leur rapidité d’exécution. Par contre, le nécessaire rallongement de la durée des études s’est doublé ces dernières années par une longue gestation financière et commerciale d’opérations à la recherche de leur équilibre économique.
Pour autant, on assiste à un mouvement mondial vers l’intégration du bois structurel dans la construction de bâtiments de plus en plus élevés. A contrario des formules pur bois qui caractérisent l’approche scandinave ou le projet Sensations de Strasbourg, (actuellement record de France de hauteur), il s’agit plutôt de projets mixtes qui intègrent à différents degrés le bois structurel.
Etat d’avancement de la tour Treed It à Champ-sur-Marne. ©Art’Ur
Frank Mathis a lancé pour AdivBois le concept d’objet d’innovation lié au développement de démonstrateurs en bois de moyenne hauteur. Pendant ce temps, deux résidences R+7 livrées en 2013 ont donné le point de départ de la construction multi-étage par l’intégration massive de matériaux de construction bio-sourcés.
Il s’agit de la résidence Jules Ferry du Toit vosgien à St Dié-les-Vosges, ainsi que de l’extension de la Maison de l’Inde à la Cité Universitaire de Paris. Après plusieurs années d’attente et de gestation, une seconde vague de livraisons a eu lieu notamment dans le tertiaire à partir de 2018.
La période intermédiaire a été marquée par la livraison de plusieurs projets tertiaires de Nexity Ywood, dont le R+6 des Docks Libres à Marseille en 2015, ainsi que par l’immeuble administratif Max Weber à Nanterre en R+4 en 2016.
Côté logements, l’année 2016 a été remarquable avec l’immeuble Bois debout à Montreuil (R+5), ainsi que la livraison de de 140 logements en bois R+4 à Ris-Orangis.
Podeliha Atlanbois avait programmé une visite du chantier Podeliha qui est tombée en plein confinement. ©Tilt and shoot
L’année 2017 a été marquée par une forte communication autour des tours en bois, dans le sillage du concours AdivBois. Pour autant, en termes de livraisons, elle marque une pause consécutive à la crise de 2015. Mais dès 2018, le rythme s’accélère.
A Paris, les immeubles de bureaux Opalia, Thémis, Enjoy forment un beau triplé. La même année, les bureaux Perspective sont livrés à Bordeaux, les bureaux Kibori à Nantes, ainsi que la résidence universitaire Lucien Cornil à Marseille.
La série continue tout au long de l’année 2019 avec l’impressionnant immeuble tertiaire Pulse à St Denis, qui accueillera finalement le Comité d'Organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques Paris 2024 à partir de la fin de cette année.
S’ajoute, toujours pour 2019, l’extension Aquarel 2 pour le nouveau siège de Cap Gemini à Issy-les-Moulineaux (92), les logements Sensations à Strasbourg, récemment primés dans le cadre du Prix National de la Construction Bois, la magnifique opération des Bains-douches Castagnary à Paris, l’hôtel Jo&Joe à Gentilly (94).
Un second hôtel Jo&Joe doit suivre dans la foulée à Paris dans le 12e, tandis que l’achèvement du Palazzo Méridia à Nice, juste avant le confinement, clôture en beauté l’ère des bureaux en bois d’Ywood.
Woodwork à St Denis est une sorte de réinterprétation en structure bois de l'immeuble Anis de Nice ©Dream
La construction bois multi-étage est dans l’air, portée depuis 2016 par l’association AdivBois. De fait, le marché dispose aujourd’hui de la réserve stratégique des projets AdivBois le plus souvent gelés ou fortement retardés, mais qui pourraient se débloquer dans un climat en réchauffement et favorable.
Longtemps en pole position, le projet de la Cartoucherie, à Toulouse, a vu le lancement du lot bois retardé par le Covid. De son côté, le projet AdivBois de la caisse d’épargne de Dijon a certes été interrompu, mais le montage du 4e niveau est en cours avec, dans la foulée, la création d’un parking aérien en bois de 565 places et une livraison prévue pour mars 2021.
Par contre, les projets lauréats pour le Havre, St Etienne, Grenoble, St Herblain, Angers ou Paris ne bougent toujours pas. Idem pour Rennes où l’agence Architecture Plurielle avait annoncé à grand fracas en 2018 la réalisation d’une tour de 12 étages en bois.
Même constat d’immobilité pour les projets bois de Réinventer Paris (lancé en 2014), à l’exception des logements Bains-douches Castagnary et de la Ferme du Rail qui ont été livrés avec beaucoup de réussite.
S’ajoute l’auberge de jeunesse Buzenval dans le 20e devenu entretemps Open House Jo&Joe, retardé mais qui sera en principe livré cette année. Ce ratio met un bémol aux espoirs suscité dans le sillage du concours Inventons la Métropole du Grand Paris.
L’auberge de jeunesse Buzenval dans le 20e (photographié en juin 2019) devenu entretemps Open House Jo&Joe, retardé sera en principe livré cette année ©F. Leroy
Toutefois, le grand projet de Woodeum, l’Arboretum à Nanterre, devrait désormais voir le jour, d’ici 2022, suite à l’inauguration d’un imposant show-room dédié inauguré par le ministre Denormandie en début d’année, mais surtout par l’acquisition du terrain et des travaux, désormais financés.
BNP Paribas Real Estate, que Woodeum a associé au projet de l’Arboretum depuis plusieurs années, est d’ailleurs à deux doigts de livrer le majestueux immeuble R+7 Curve à St Denis.
Quant à les agences en charge de l’Arboretum, Nicolas Laisné et François Leclercq (L’ex agence Laisné-Roussel était en charge de l’immeuble Perspective à Bordeaux), les 9 820 m2 de l’immeuble de bureaux Woodwork en R+7, à St Denis, font un peu figure de galop d’essai, et leur date initiale de livraison en août 2020 laisse envisager une mise en service dans le courant de l’année. (article suivant : Construction des multi-étages en bois : la vague verte se poursuit)