"Lorsqu'il y a une atteinte à l'environnement, la mesure de démolition est le seul moyen de réparer le préjudice", a plaidé Me Benoist Busson, avocat de l'association écologiste corse U Levante, qui demande la "remise en état" du site naturel, ce qui implique une démolition des deux villas (plus de 500m2 au sol et une piscine).
Présent à la barre, M. Ferracci, PDG du groupe de conseil Alpha et président du Paris Football Club, a défendu sa "bonne foi" et le rêve d'une vie: construire une maison pour sa famille sur sa terre natale, au-dessus de la plage de Rondinara, "la plus belle d'Europe" selon l'office de tourisme de Bonifacio.
En modifiant sans le déclarer le permis de construire initial, M. Ferracci s'est mis dans l'illégalité: il avait été condamné en première instance puis en appel à un million d'euros d'amende, la moitié du coût de son projet. Une peine qu'il a acceptée, qui est maintenant définitive. Mais l'association U Levante a poursuivi les démarches judiciaires en intérêts civils, estimant que seule la démolition des villas permettrait de réparer le préjudice environnemental.
La cour d'appel de Bastia n'ayant pas donné suite à cette demande en 2017, elle s'est pourvue en cassation. En mars 2019, la Cour de cassation, dans un arrêt qui ne remet pas en cause l'amende infligée, a estimé que la cour d'appel de Bastia, en refusant de "statuer sur le préjudice environnemental (...), n'a pas justifié sa décision", et renvoyé l'affaire devant la cour d'appel d'Aix.
lLavocat général Pierre-Jean Gaury a demandé au tribunal d'ordonner la démolition des villas. "Une double peine" a dénoncé l'avocat de M. Ferracci, Me Olivier Burtez-Doucède: "car on demande à la fois l'amende et la démolition".
M. Ferracci, un proche du président de la République Emmanuel Macron, a estimé à la barre s'être "fait piéger" : "On m'a laissé construire plus petit que prévu, mieux intégré, pour ensuite m'attaquer". L'homme d'affaires assure que le site était urbanisé depuis 1967, et que son projet a préservé, "voire amélioré" la présence des espèces.
En décembre 2019, les villas Ferracci avaient été visées par un attentat aux bonbonnes de gaz revendiqué par le FLNC "dit du 22 octobre", qui dénonçait "l'extension exponentielle de la construction" immobilière sur l'île. Le délibéré sera rendu le 12 octobre.
Légende Photo ©ulevante.fr : une autre villa construite sans permis de construire en Corse il y a quelque années et qui avait dénoncée par l'association U Levante