Weber France : Vert ou rien pour le spécialiste des enduits

Weber France : Vert ou rien pour le spécialiste des enduits

Weber, se réorganise et réoriente son développement de produits et services entièrement vers des solutions qui contribuent à atteindre ses objectifs de réduction de son empreinte environnementale.




Weber, créé à Paris en 1902, est un spécialiste des enduits, des mortiers, des colles, de l’étanchéité et de l’isolation thermique par l’extérieur. L’entreprise qui fait partie du groupe Saint-Gobain, est présente dans plus de 40 pays. Mais chaque pays est indépendant. En France, le groupe se réorganise pour être plus proche de ses clients et décentralise son processus de décision au sein de 5 régions.

 

Le but de Weber France est de réduire de 30% ses émissions de GES (Gaz à Effet de Serre), exprimées en équivalent CO2 (CO2eq) de 30% d’ici 2025, de réduire sa consommation de matières premières primaires (non-issues du recyclage) de 20%, de diminuer la quantité de matières plastiques utilisées dans ses emballages de 30%, et de diminuer de 5% par an la quantité de déchets produite à la fois durant la fabrication de ses solutions et lors de leur mise en œuvre sur les chantiers. Enfin, en 2025, 90% des déchets restants devront être valorisés.

 

Ce n’est pas rien. Pour atteindre ses objectifs de vertitude, Weber a défini trois engagements :

 

  • Contribuer à l’épanouissement des professionnels du bâtiment,
  • Être un acteur de proximité fier de s’engager pour les territoires et le patrimoine local,
  • Inventer des solutions pour une maison respectueuse de l’environnement.

 

 

 

Charlotte Famy, Directrice Générale de Saint-Gobain Weber France, Jean-Bernard Morvan, DRH, Meriem Dussart, Directrice Marketing, et Lionel Raynaud, Directeur R&D – sont entrées dans le vif et surtout le "Vert " du sujet. ©PP

 

Cinq régions presque autonomes

 

Pour donner un peu d’épaisseur aux trois engagements ci-dessus et atteindre ses objectifs de vertitude, Weber va travailler simultanément sur 5 axes :

 

  • Matières premières : à la fois réduction, substitution pour réduire leur empreinte environnementale et augmentation du contenu de matières premières issues du recyclage,
  • Fabrication : améliorer les processus de production pour réduire les consommations d’énergie,
  • Transport : favoriser les transports fluviaux et les carburants verts et renouvelables,
  • Usage : simplifier l’emploi des produits Weber sur les chantiers et réduire les effets secondaires (déchets, …), Valoriser les déchets et le recyclage.

 

En plus, Weber, se réorganise en 5 régions dotées d’une large autonomie. Chacune possède une direction, une équipe commerciale, une équipe industrielle, etc. Le but est de développer l’autonomie dans la création, la fabrication et la commercialisation des produits, en tenant compte le plus possible des styles régionaux et des besoins des artisans locaux. Chacune des 12 usines en France possède une zone de chalandise d’environ 200 km autour d’elle et doit, si nécessaire, spécialiser ses produits en fonction des besoins de sa zone de chalandise.

 

Selon Weber, en 2019 déjà, 86% des produits vendus dans chacune des régions sont fabriqués localement. Il se félicite d’ailleurs d’être le premier mortiériste « OFG » (Origine France Garantie). Ce qui signifie que au moins 70% des matières premières utilisées et des produits fabriqués par l’entreprise viennent de sources et d’usines situées en France.

 

Les 115 nuances de l’enduit

 

Tout cela n’est pas que des mots et Weber était en mesure de présenter les premiers fruits de sa nouvelle stratégie. Il a créé la gamme Eco-Engagés, qui rassemble tous les produits et services qui traduisent les engagements que l’entreprise s’est fixée. Une charte interne permet de vérifier qu’un produit peut ou ne peut pas figurer dans la gamme Eco-Engagés.

 

De plus, aucun nouveau produit ne peut être développé s’il ne correspond pas à cette charte. Chaque nouveau produit est suivi par une équipe interne qui effectue un calcul d’ACV (Analyse du Cycle de Vie) du produit et la modifie à chaque étape – conception, fabrication, conditionnement, commercialisation – de manière à produire une FDES (Fiche de Déclaration Environnementale et Sanitaire, une attestation de vertitude en quelque sorte) qui est ensuite vérifiée par tierce partie.

 

Pour l’instant, la gamme Eco-Engagés contient 4 produits et deux services. L’un des premiers produits développés de cette manière – attention aux besoins locaux et ACV à chaque étape – est le nouvel enduit monocouche allégé. Il a été spécialement développé pour la Région Méditerranéenne et propose 115 nuances différentes, adaptées aux habitudes locales. Il est fabriqué à Sorgues, dans le Vaucluse, avec des matières premières locales.

 

 

 

La colle webercol flex éco, une colle à carrelage brevetée, est estampillée OFG, réduit sa production de CO2eq de 50% par rapport aux colles précédentes, relâche moins de COV (étiquette A+ selon le règlement européen sur les produits de construction et de décoration). Cette nouvelle colle ne contient pas de ciment, mais des « sous-produits minéraux de l’industrie ». De même la nouvelle colle webercol façade est OFG, réduit de 20% sa charge de CO2eq par rapport aux produits précédents et contient 10% de matières premières secondaires (issues du recyclage). ©Saint-Gobain Weber

 

Liège et fibre de bois

 

L’évolution des produit atteint même les isolants commercialisés pour l’ITE sous enduit. Deux des solutions de la gamme par exemple, sont en liège aggloméré. Comme le liège fixe le CO2 et que sa production augmente la quantité de CO2 absorbée par les chênes lièges – les chênes lièges sont pelés pour prélever le liège et absorbent 2 à 4,5 fois plus de CO2 que les arbres non-exploités – , son contenu en CO2eq est négatif.

 

Les deux produits contiennent – 6 kg CO2eq/m3. Ces isolants à base de liège sont produits sans aucun additif chimique, affichent une conductivité thermique de 0,40 W/(m.K) et une résistance au feu B-si,d0.

 

 

 

Mais voilà, le liège demeure nettement plus cher que les matières isolantes concurrentes. Le fabricant développe donc une autre solution à base de panneaux de fibres de bois. Il possède une charge CO2 moins bonne que celle du liège, mais une conductivité thermique de 0,40 W/(m.K) et une forte inertie thermique. ©Saint-Gobain Weber

 

 

 

 

Parmi les services Eco-Engagés, Weber compte son offre Weber Collect, déployée en Île-de-France et à Lyon : c’est une collecte de déchets directement sur chantier, avec assurance du retraitement des déchets. Le but est de doubler tous les ans le nombre de produits dans sa gamme Eco-Engagés. ©Saint-Gobain Weber

 

Le prochain produit sera certainement un seau en plastique fabriqué avec une matière contenant 30% de plastique recyclé.

 

Weberfloor service appartient lui-aussi à l’offre Eco-Engagés. Trois weber trucks se déplacent sur les chantiers, fabriquent sur site des mortiers de sol prêts à l’emploi et sont capables de les pomper jusqu’à 18 m de haut. Depuis leur lancement, ils ont évité l’emploi de 350 000 sacs de conditionnement de mortier et offrent aux applicateurs un confort de travail important.

 

Tenir compte des ressources locales

 

En ce qui concerne le volet production et transport, Weber est contraint par les ressources disponibles autour de ses usines. Son usine de Bonneuil-sur-Marne, par exemple, est installée au bord de la Marne, dans une zone du port autonome de Paris. Elle utilise déjà une péniche pour s’approvisionner en matières premières et pour livrer un de ses clients. Ce qui équivaut, en termes de réduction d’émissions de CO2eq, à la suppression de 18 000 voitures de type Mégane du parc des véhicules circulant en France.

 

L’expérience est largement concluante, mais le site de Bonneuil est unique en son genre parmi les 12 usines de Weber. Les autres sites expérimentent la livraison des produits et l’approvisionnement en matières premières par des camions fonctionnant au biogaz, par exemple.

 

L'industriel reste un producteur de mortiers. Les mortiers contiennent du ciment de Portland, à fort impact environnemental. En fonction de ses sites de production, Weber tente différentes approches pour remplacer la plus grande proportion possible de ciment dans ses mortiers, par du laitier de Haut-Fourneaux, par des cendres de biomasse, etc. Le fabricant détient 5 brevets dans l’emploi des cendres de biomasse. Le site de Bonneuil va utiliser systématiquement le sable des fosses de vidange des toupies de Béton Prêt à l’Emploi du site voisin de Vicat.

 

Enfin, la décentralisation de Weber en France vise à développer l’initiative de ses salariés et la collaboration avec ses clients. Côtés salariés, la nouvelle organisation, d’abord testée dans l’usine de Servas depuis 2016, s’est notamment traduite par la suppression de plusieurs échelons hiérarchiques et par la modification du rôle des managers, désormais tenus d’être plus à l’écoute de leurs collègues. Résultats pour le site de Servas : réduction de l’absentéisme de 50%, taux d’accident tombé de 2 à 4 accidents par an à zéro depuis deux ans et productivité accrue de 10%.

 

Côté clients, Weber développe la plateforme « Weber Incubateur » pour aider les artisans à développer leurs idées, à les breveter, puis à les commercialiser. Premier résultat, un artisan a inventé et fabriqué un premier prototype de porte seau à roulettes qui réduit massivement les efforts de manutention des seaux d’enduits prêt à l’emploi sur les chantiers. Weber l’a aidé à déposer un brevet et à signer avec lui un contrat de partenariat pour commercialiser le produit sous la marque Weber à travers son réseau, partout en France. L’artisan touchera des royalties en fonction des quantités vendues.

 

Pour bien signifier l’importance de son virage vers l’absolue vertitude, Weber a même inventé le hashtag #VertEtFier.



Source : batirama.com / Pascal Poggi

L'auteur de cet article

photo auteur Pascal Poggi
Pascal Poggi, né en octobre 1956, est un ancien élève de l’ESSEC. Il a commencé sa carrière en vendant du gaz et de l’électricité dans un centre Edf-Gdf dans le sud de l’Île-de-France, a travaillé au marketing de Gaz de France, et a géré quelques années une entreprise de communication technique. Depuis trente ans, il écrit des articles dans la presse technique bâtiment. Il traite de tout le bâtiment, en construction neuve comme en rénovation, depuis les fondations jusqu’à la couverture, avec une prédilection pour les technologies de chauffage, de ventilation, de climatisation, les façades et les ouvrants, les protocoles de communication utilisés dans le bâtiment pour le pilotage des équipements – les nouveaux Matter et Thread, par exemple – et pour la production d’électricité photovoltaïque sur site.
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