"Le temps est terminé où Marseille laissait seules et seuls ces personnes que vous voyez sur ces photos", a affirmé Mme Rubirola, qui a ravi la mairie à la droite cet été, à l'occasion d'un vernissage d'une exposition consacrée aux personnes délogées depuis deux ans et ballotées d'hôtels en logements provisoires.
Des portraits du photoreporter indépendant Anthony Micallef s'affichent sur plusieurs mètres de haut sur la façade de l'Hôtel de ville de la deuxième ville de France. Un symbole fort voulu par le photographe comme par la maire: lors des manifestations contre le logement indigne après la catastrophe de la rue d'Aubagne, le 5 novembre 2018, des Marseillais en colère avaient conspué le maire d'alors, Jean-Claude Gaudin (LR), sous ces mêmes fenêtres.
Sur l'une de ces photos, le regard inquiet de Baya, 70 ans, toujours à l'hôtel depuis 2018, arrête le visiteur. Assise sur un lit encombré de vêtements dans une pièce aux murs nus, des sacs de courses en guise de valises, la septuagénaire résume: "Je suis comme un oiseau qui n'a pas trouvé où se poser".
Le photographe a aussi saisi des instants d'urgence, comme cette évacuation de la rue Curiol, en centre-ville, où un homme balance du premier étage un matelas et quelques affaires avant de quitter définitivement son appartement délabré.
Le 5 novembre 2018, l'effondrement de deux immeubles en plein coeur du quartier populaire et métissé de Noailles, à quelques encablures du Vieux-Port, et ce malgré des alertes lancées sur la vétusté des bâtiments, avait mis en lumière la question de l'habitat indigne à Marseille. Dans la foulée, des centaines d'immeubles d'habitation ont été frappés d'arrêtés de péril et près de 5.000 personnes en ont été évacuées, selon la mairie.
Deux ans plus tard, 390 de ces personnes sont toujours à l'hôtel et 1.100 sont relogées à titre provisoire. Dans son discours, Michèle Rubirola a dénoncé "25 années d'inaction" (de la précédente majorité municipale) et promis de produire 30.000 logements en six ans. "