"Les renouvelables peuvent résister à la crise du Covid mais pas aux incertitudes politiques", prévient Fatih Birol, directeur exécutif de l'Agence internationale de l'énergie, qui publie son rapport Renouvelables 2020.
Cette année, tandis que les énergies fossiles s'effondraient, les capacités de production nouvelles ont porté à près de 90% sur des énergies renouvelables, tirées par le solaire, l'éolien et l'hydro-électricité, notablement aux Etats-Unis et en Chine. Ces nouvelles capacités devraient atteindre un niveau record de 200 gigawatts (GW).
Le mouvement devrait s'accélérer encore en 2021, pour atteindre une croissance inégalée depuis 2015, indique ce bilan annuel, notamment avec la réalisation de projets suspendus pour cause de Covid-19. Ce boom de quelque 10% des capacités en 2021 devrait être particulièrement manifeste dans l'UE et en Inde, selon le rapport.
Les capacités éoliennes et photovoltaïques devraient à cette allure dépasser celles du gaz en 2023 puis du charbon en 2024, estime l'Agence, qui conseille de nombreux pays dans leur politique énergétique.
"En 2025, les renouvelables devraient devenir la principale source de production électrique dans le monde, mettant un terme à cinq décennies de course en tête pour le charbon", souligne M. Birol : elles fourniront alors un tiers de l'électricité mondiale, avec une capacité équivalente au double des capacités chinoises actuelles toutes sources confondues.
Ces prochaines années verront en particulier le boom de l'éolien en mer, alimenté par une chute rapide des coûts de production : en 2025, l'offshore devrait représenter un cinquième du marché éolien, estime l'AIE.
Cette année, la course à l'équipement a été très visible aux Etats-Unis et en Chine, où les développeurs ont souhaité profiter de dernières subventions. Sur ces dix premiers mois, les mises aux enchères de capacités en Chine, en Inde et en Europe ont été supérieures de 15% par rapport à la même période en 2019, un "nouveau record qui montre bien l'importance des perspectives attendues à moyen et long terme", souligne le rapport.
Et dans le même temps, sur les marchés boursiers, la valeur des actions des acteurs du solaire doublait par rapport à décembre 2019.
L'AIE pour autant appelle les gouvernements à soutenir cet élan, et se dit préoccupée par la fin des mesures de soutien sur certains marchés clés comme la Chine et le photovoltaïque : en fonction de l'aptitude des gouvernements à répondre à cette incertitude, les capacités renouvelables nouvelles pourraient en 2022 soit légèrement décliner soit croître de 25%.