"Tropicalia machine à fric", "La côte d'Opale, c'est pas tropical" ou encore "Tropicalia folie anachronique" : à l'appel d'une trentaine d'associations opposées à ce projet, les manifestants se sont réunis en bordure de la parcelle de quelque 9 ha où doit voir le jour cette serre au dôme de 20.000 m2 et 35 m de haut, abritant papillons, colibris, poissons, reptiles et "forêt d'arbres" exotiques.
Ses promoteurs, qui la présentent comme la plus grande serre tropicale au monde, ont obtenu fin 2019 un permis de construire pour cet ancien terrain agricole transformé en "zone d'aménagement concerté" en 2010, entre les communes de Verton et Rang-du-Fliers (photo d'ouverture).
"Nous n'avons pas besoin des tropiques sous cloche ici ! Que les promoteurs défendent la biodiversité là où elle se trouve, c'est-à-dire qu'ils défendent celle des Hauts-de-France", a lancé Jean-Michel Jedraszak, porte-parole du collectif anti-Tropicalia, au milieu d'une forêt de drapeaux Europe écologie-les Verts (EELV).
"C'est aussi stupide de construire des serres tropicales sur la côte d'Opale que de vouloir créer des pistes de ski en plein désert", a-t-il dénoncé. "Cette serre, c'est une catastrophe écologique mais c'est surtout une injure de plus lancée à la figure des habitants des Hauts-de-France : on nous fait le cadeau de tous les non-sens imaginables" s'est insurgée l'eurodéputée Karima Delli, cheffe de file écologiste dans les Hauts-de-France pour les élections régionales.
"50 degrés nord sous les tropiques, pour tous, toute l'année", tel est le slogan de ce projet porté par un vétérinaire et chef d'entreprise, qui promet de créer une cinquantaine d'emplois directs, autant en sous-traitance, et espère attirer environ 500.000 visiteurs annuels. Estimé à 73 millions d'euros, le projet est en partie subventionné par la région (2 millions d'euros de prêt), la communauté d'agglomération (400.000 euros) et des fonds européens (10 millions).
La serre, maintenue à 26-28°C toute l'année, "sera autonome en chauffage", grâce à une "technologie innovante" qui "capte et stocke l'énergie générée par l'effet de serre", et "surproductrice" la moitié de l'année, expliquait au mois d'août son concepteur, Cédric Guérin. Le compte Twitter de Tropicalia diffusait un message dénonçant "l'écologie liberticide prônée par ceux qui se nourrissent des peurs de leur concitoyens".
Photo : www.ca2bm.fr/la-ca2bm/les-46-communes-de-la-ca2bm/rang-du-fliers