"Pour décarboner le secteur du bâtiment, nous devons passer de 7% de logements en bois à une proportion significative": (...) "on peut penser 30%, dans les 10 prochaines années, essentiellement via la mixité des matériaux utilisés", estime Fréderic Carteret, président de France Bois Industrie Entreprise, association qui regroupe les entreprises de transformation du bois.
Cet objectif implique en amont une meilleure gestion des forêts, plus de plantations de renouvellement, et en aval des investissements massifs dans les outils de transformation afin de réduire les coûts de revient. En amont, la filière s'engage donc à planter 50 millions de plants en 2021 et autant en 2022.
"Nous devons nous inscrire dans une trajectoire de plantation d'un arbre par Français et par an, soit à terme environ 70 millions d'arbres par an jusqu'en 2035", a indiqué M. Carteret. "Les essences devront être adaptées au réchauffement climatique, provenant de France ou d'autres pays, comme le cèdre ou le sequoia" a précisé Michel Druilhe, président de France Bois Forêt.
La France ne récolte actuellement que 60% de la pousse biologique des arbres, ce qui laisse une marge d'amélioration pour l'exploitation de la forêt sans nuire à l'équilibre naturel. Après avoir subi une déforestation massive entre l'ère glaciaire et le 19e siècle pour des besoins agricoles, alimentaires et énergétiques, tombant à 8,5 millions d'hectares en 1850, la forêt française couvre désormais 17 millions d'hectares, ce qui en fait le 3e stock forestier d'Europe.
Mais la filière bois, très morcelée entre une multitude de petits propriétaires privés, de petites et moyennes entreprises, aux côtés de l'Etat qui entretient la forêt publique, a du mal à être compétitive. La part de marché du bois français ne s'élève qu'à 30 à 35% dans les constructions neuves en France par rapport aux importations.
Pour réduire ses coûts et massifier la production, la filière envisage donc en aval de développer la pré-fabrication d'éléments, ce qui entrainera aussi des investissements dans des usines "biomasse" pour le bois énergie, nécessaire aussi à la transition énergétique.
Pour Luc Charmasson, qui dirige le comité stratégique du bois, le besoin d'investissement dans les 5 prochaines années, est de 800 millions d'euros par an pour la construction, afin de répondre aux objectifs fixés par le gouvernement dans la récente réglementation environnementale dite RE2020, qui doit permettre d'atteindre la neutralité carbone en 2050.
La filière bois (amont+aval) qui a obtenu au maximum 250 millions d'euros dans le plan de relance alors que ses besoins totaux sont estimés à 1,2 milliard par an "souhaiterait être mieux dotée dans le cas d'un éventuel deuxième plan de relance", a glissé M. Carteret à l'attention des pouvoirs publics.