Depuis plusieurs années, l'Etat créait des places d'hébergement d'urgence chaque hiver pour les plus précaires avant de les refermer le printemps venu avec la fin de la trêve hivernale. Avec la crise du Covid-19, le ministère du Logement a rompu avec cette "gestion au thermomètre", annonçant le 21 mai qu'il gardait les 43.000 places d'hébergement d'urgence créées depuis le premier confinement (mars 2020) ouvertes jusqu'à fin mars 2022 au moins.
Au total, plus de 200.000 sans-domicile-fixe sont actuellement hébergés dans des centres d'hébergement ou des hôtels. La ministre du Logement Emmanuelle Wargon a estimé dans un communiqué publié "nécessaire de mettre définitivement fin à la gestion dans l'urgence et de construire une politique structurelle, avec une visibilité sur le long terme, en lien avec les associations", qu'elle a reçues le même jour.
Parmi elles, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS, représentant 80% des gestionnaires de centres d'hébergement d'urgence), qui réclame une loi de programmation pluriannuelle intégrant l'hébergement d'urgence et le programme "Logement d'abord". Selon le ministère, du 1er janvier 2018 au 30 juin 2021, il a permis à 280.000 personnes sans domicile fixe, à la rue ou en centre d'hébergement d'accéder au logement.
Dans une lettre adressée à Pascal Brice, président de la FAS, Emmanuelle Wargon se dit "très favorable au principe d'une programmation pluriannuelle de l'hébergement et du logement d'abord". Cette programmation "permettra d'avoir une visibilité sur le nombre de places sur 5 ans et de prévoir, programmer, anticiper et transformer les places en fonction des besoins des territoires et des publics", détaille la ministre dans son communiqué.
"Elle améliorera l'accompagnement des personnes en leur proposant des solutions dignes et adaptées", poursuit la ministre dans le communiqué." La question est +comment permettre à des personnes en hébergement d'urgence d'accéder au logement?+" et d'ainsi libérer des places d'hébergement d'urgence, a résumé l'entourage d'Emmanuelle Wargon.
La ministre a chargé la Délégation interministérielle à l'hébergement et l'accès au logement (Dihal) de poser les bases de cette programmation avec la FAS et les acteurs du secteur, pour un rendu des groupes de travail au premier trimestre 2022. "C'est une vraie satisfaction, un signal politique important dans le prolongement des décisions prises au sortir de la trêve hivernale, qui montre la volonté du gouvernement de changer d'approche et de culture", a réagi Pascal Brice.
Il a cependant estimé "important que ces discussions aboutissent et que les décisions prises par le gouvernement" dès l'hiver 2021-2022 soient "conformes à cette approche avant que les autorités du prochain quinquennat ne s'en emparent".