En 2018, deux associations, PARC Saint-Sauveur et ASPI (Association pour la suppression des pollutions industrielles), avaient déposé deux recours contre le réaménagement de cette friche. Le projet, qui prévoit la construction de 2.400 logements, de commerces et d'une piscine olympique sur un immense terrain vague de 23 hectares, site d'une ancienne gare de marchandise fermée au début des années 2000, est depuis gelée par cette procédure.
Le jugement du tribunal administratif sera rendu le 14 octobre. Les associations demandent l'annulation de deux délibérations votées en 2018 et 2019 par la MEL déclarant l'intérêt général du projet, faisant valoir une "procédure irrégulière". Dans ses conclusions, le rapporteur public a recommandé au tribunal d'annuler ces délibérations, considérant les "insuffisances et inexactitudes" de l'étude d'impact sur "la qualité de l'air, de l'eau, des nappes phréatiques et de la pollution sonore"
"C'est une reconnaissance fondamentale de la légitimité de notre démarche car cela fait trois ans et demi qu'on se bat contre la MEL et la ville", a réagi auprès de Bénédicte Vidaillet, co-présidente de l'association PARC. Sans vouloir "crier victoire", elle souligne que "dans 95% des cas, le juge suit l'avis du rapporteur public". "A partir du moment ou on reconnait que l'étude d'impact est insuffisante, l'intérêt général ne peut plus être apprécié", a plaidé l'avocate des associations, Me Muriel Ruef.
"Le rapporteur public s'est concentré sur la régularité des procédures, le fond n'a pas été débattu aujourd'hui. Sur la teneur de l'intérêt général du projet, le rapporteur public ne s'est pas prononcé", a pour sa part réagi l'avocat de la MEL, Me Thibault Soleilhac.
Concernant une troisième requête, dans laquelle l'ASPI demandait l'annulation d'un arrêté préfectoral autorisant l'aménagement de la zone, le rapporteur public a recommandé un sursis à statuer. A la mi-journée, une cinquantaine de militants écologistes et élus s'étaient réunis devant le tribunal pour dénoncer les "menaces sur la santé publique" de ce projet, devenu l'un des symboles des enjeux écologiques dans une ville marquée par une pollution atmosphérique chronique.
Pour Stéphane Baly, président du groupe d'opposition municipal "Lille Verte", ce projet "obsolète" ne "répond pas aux urgences actuelles". Devant l'"échec de la méthode du passage en force" de la mairie socialiste, il estime qu'il faut désormais "remettre à plat l'ensemble du projet".