L’histoire commence le 16 novembre 2010, quand l’UNESCO inscrit le «repas gastronomique des français » sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Cette catégorie, créée le 17 octobre 2003 par l'Unesco dans le cadre de la convention pour la sauvegarde du Patrimoine culturel immatériel ou « patrimoine vivant », a pour objectif de protéger les pratiques culturelles et savoir-faire traditionnels, aux côtés des sites et monuments.
Aussitôt, le ministère de la Culture et de la Communication, avec le ministère de l’Agriculture, de l’agroalimentaire et de la Forêt ont lancé un AMI (Appel à Manifestation d’Intérêt) pour construire et animer une « Cité de la Gastronomie ».
En 2013, quatre villes sont lauréates de cet ami : Dijon, Lyon, Paris-Rungis et Tours. Mais, le 4 juillet 2015, les Climats du Vignoble de Bourgogne sont à leur tour inscrits au patrimoine de l’Unesco. En Bourgogne, un climat est une parcelle de vigne. Soigneusement délimitée depuis des siècles, cette parcelle, ou climat, possède un nom, une histoire. À son tour, le vin qui en est issu possède un goût et une place précise dans la hiérarchie des crus bourguignons. On dénombre un peu plus de 1000 climats entre Dijon et Santenay au sud de Beaune.
En 2014, la Ville de Dijon demande et obtient de l’Etat, le droit d’élargir son projet. Il devient « le projet de la Cité internationale de la gastronomie et du vin » (CIGV) et sera créé sur l’emprise de l’Hôpital Général.
Entre-temps, la collectivité a acquis le foncier – les 6,5 hectares du site de l’Hôpital Général – cédé pour 8 millions d’Euros en 2017. Le site qui était auparavant clos par une grille et inaccessible sera réouvert sur la ville et rendu aux piétons. Le site est proche de la gare, à laquelle on accède facilement en traversant le jardin de l’Arquebuse (jardin des Sciences). La cité sera également proche du Port sur le canal. ©Ville de Dijon
La rive gauche de l’Ouche, qui était inaccessible durant des dizaines d’années, sera aménagée en promenade. ©PP
Dès le début des années 2000, la municipalité de Dijon savait qu’une friche hospitalière allait apparaître, proche de la gare et du centre-ville. En effet, l’Hôpital Général, créé au tout début du XIIIe siècle et de nombreuses fois agrandi jusqu’au milieu du XXe siècle, ne répond plus au besoin de la Métropole. Un nouvel hôpital ouvre ses portes en 2010 sur un autre site et les activités de l’Hôpital Général y sont peu à peu transférées. Le dernier patient quitte l’Hôpital Général en mai 2015.
En 2016, la ville a elle aussi lancé un AMI pour la création de la Cité internationale de la gastronomie et du vin (CIGV) sur le site de l’ancien Hôpital Général, qui se trouve au kilomètre 0 de la route des vins de Bourgogne. En 2018, le Groupe Eiffage remporte l’opération, avec l’aide du Cabinet d’Architecture Anthony Béchu & Associés, chargé de la conception urbanistique.
Le groupe Eiffage sera Aménageur du site et Maître d’Ouvrage de la cité proprement dite, d’une surface de 59 000 m², dont la conception est confiée à Béchu & Associés avec, comme architecte associé, le cabinet A.-C Perrot & F. Richard. ©Anthony Béchu & Associés
Comme le dit Anthony Béchu : « La vitalité du projet est assurée par la mixité de ses programmes éducatifs, culturels, festifs, et surtout gastronomiques. Cet ensemble est le lien qui permet au centre ancien de se dégager des voies ferrées qui seront diluées par une coulée verte et des parcours piétons ». ©Anthony Béchu & Associés
Une zone de logements est aménagée sur 3,5 ha libérée par la démolition des bâtiments de service de l’Hôpital Général. Un peu rapidement baptisée éco-quartier – la zone n’est pas labellisée et ne le sera pas – cet ensemble de 550 logements collectifs comprendra des logements conventionnés, des logements en accession, ainsi que 3 résidences gérées pour étudiants, pour séniors et pour les touristes.
Les logements sociaux et les bâtiments de logements collectifs déjà construits sont labellisés NF Habitat HQE. Ce qui du point de vue thermique correspond à une performance RT2012 – 10%. Les premiers bâtiments, chacun conçu par un architecte différent dans le cadre du Cahier des Charges d’Aménagement mis au point par Eiffage et le cabinet Béchu & Associés, ont été livrés en 2020 et sont déjà occupés. D’autres le seront fin 2021. ©PP
Dans la zone logement, une série de noues a été aménagée pour favoriser l’infiltration des eaux de pluie directement dans le sol. Ce qui, en même temps soulage le réseau d’évacuation d’eaux pluviales de la zone. Ce réseau est en grande partie constitué de canaux souterrains aménagés au XVIIIe siècle et chargé d’absorber une partie des crues de l’Ourche. Ces canaux traversent le site et à plusieurs endroits, des poutres béton de plus de 10 m de longueur ont été construites à travers les canaux pour supporter les nouveaux bâtiments en construction, notamment sous les salles de cinéma. ©PP
Une deuxième zone de logements reste à concevoir et à construire. Conformément à la stratégie nationale bas carbone du Groupe Eiffage, ils obéiront à un cahier des charges nettement plus exigeant en termes d’empreinte environnementale. L’un des représentants d’Eiffage sur site le 22 octobre, expliquait que le groupe participe avec Certivéa et Cerqual à la définition d’un nouveau label Bas Carbone qu’il appliquera aux bâtiments de logement collectifs restant à construire sur le site de l’ancien Hôpital Général.
Tous les bâtiments du site seront raccordés au réseau de chauffage urbain de la ville de Dijon. Depuis 2011, il a été développé par Dijon Energies, la société dédiée à la délégation de service public du réseau de chaleur nord-Est de Dijon métropole. C’est une filiale du groupe Dalkia. Ce réseau de 49 km de canalisations est alimenté à 70% par des énergies renouvelables : 50% provenant d’une chaufferie biomasse (plaquettes forestières) et 20% issus de la valorisation de la chaleur de l’usine d’incinération des déchets ménagers de Dijon métropole.
Dans la Cité internationale de la gastronomie et du vin (CIGV), le projet accueillera un musée vivant de la gastronomie, un marché couvert, une école d’hôtellerie, un hôtel 4* et un village de start-up de 1500 m² géré par le Crédit Agricole Champagne-Bourgogne. La banque investit 4 M€ dans sa construction.
Bon, il faut le dire à personne, mais l’ancienne morgue de l’Hôpital Général, un beau petit bâtiment du XVIIe siècle fera partie intégrante du bâtiment du village de start-up. Toutes les entreprises accueillies devront avoir un lien avec la gastronomie ou le vin.
La CIGV, dont l’inauguration est désormais prévue pour avril 2022, après deux années de retard attribuables au Covid, contiendra plusieurs espaces distincts.
Le premier, au milieu des bâtiments anciens est le village gastronomique, développé par le groupe parisien K-REI. Ce village contiendra notamment une « cuisine expérientielle » et une série de cellules constituant autant de magasins proposant des thèmes gastronomiques différents.
Les cellules des magasins du village gastronomique sont en ossature acier et béton, remplissage en bloc bétons et isolation par l’extérieur. Leur toiture plate sera végétalisée. Eiffage livre au preneur des cellules nues, à charge pour eux d’installer les équipements de ventilation et de climatisation nécessaires. ©PP
Entre ces cellules gastronomiques, les allées de circulation seront couvertes par des membranes translucides en ETFE. Les arceaux de l’ossature de support de cette membrane sont déjà en place. ©PP
Le Village gastronomique, lieu unique de partage et de convivialité, sera le théâtre quotidien de rencontres avec des producteurs et artisans authentiques auprès de qui il sera possible d’acheter des produits régionaux. D’habitude, cela s’appelle un marché. Il occupe une surface totale de 5000 m2 et propose des restaurants et lieux de dégustations originaux, une quinzaine de boutiques dédiées aux métiers de bouche et aux savoir-faire gastronomiques français, ainsi qu’une librairie à thème en lien avec la Librairie Gourmande, la plus ancienne et importante librairie dédiée à la gastronomie et à l’oenologie dans le monde.
Outre le village gastronomique, la CIGV abrite des équipements culturels. Réalisées avec l’architecte Pierre Chican, les 9 salles du futur cinéma seront exploitées par Pathé Gaumont. Elles sont partiellement construites sur de larges infrastructures en béton armé lancées à travers un canal souterrain qui absorbe une partie de crues de l’Ourche. Les infrastructures du cinéma ont été cuvelées pour éviter toute remontée d’humidité.
La CIGV contiendra également deux écoles. L’école Ferrandi Paris accueillera chaque année 100 étudiants sur 850 m² d’espaces pédagogiques au sein des deux étages du « Canon de lumière », le bâtiment vitrine de la CIGV. L’école des vins de Bourgogne du BIVB proposera des ateliers œnologiques et des cours de dégustation. ©PP
Un espace d’exposition de 1750 m² ainsi qu’une boutique, aménagés à la fois dans un bâtiment neuf – le Pavillon de la gastronomie et du vin - et dans la Grande Chapelle, une église déconsacrée et réhabilitée, donneront les clés pour comprendre le Repas gastronomique des Français, mais aussi l’importance du vin dans ce patrimoine culturel. ©PP
Le site accueillera également le « 1204 » qui proposera sur 500 m², une exposition permanente, en partie aménagée dans l’ancienne apothicairerie de l’ancien hôpital médiéval. Le Centre d'interprétation de l'architecture et du patrimoine (CIAP) s’installera aussi dans la CIGV.
Spécialiste de la rénovation de luxe, le groupe François 1er a réhabilité les bâtiments historiques autour de la cour Jérusalem et de sa petite chapelle préservée pour créer 90 logements. Ils se sont rapidement vendus entre 5000 et 6000 €/m² - qui est considéré commer cher pour Dijon – et sont déjà partiellement occupés. ©PP
Les anciens bâtiments datant de l’extension des XVIIe et XVIIIe siècles de l’ancien Hôpital Général font l’objet d’une lourde réhabilitation et d’une extension neuve pour accueillir le nouvel hôtel Sainte-Anne Dijon comportant 125 chambres et suites de catégorie 4* Luxe sous l’enseigne Curio By Hilton. ©PP
Opéré par l’investisseur exploitant Naos Hôtel Groupe, l'hôtel sera doté du restaurant « La Table de Sainte-Anne », du centre de bien-être « Nhoraé » et d’une salle de réception pouvant accueillir 500 personnes avec un accès en rez-de-chaussée sur deux cours historiques. Les aménageurs de la CIGV n’ont pas la main sur les équipements qui seront installés dans cet hôtel. Il sera chauffé et rafraîchi par DRV classique, au R410A.
Le nouvel hôtel sera naturellement équipé d’une piscine. Mais voilà, la nappe phréatique se trouve à 3,50 m de profondeur seulement. Le niveau des eaux de chantier est à -3,30 m. Le niveau de la crue centenaire est seulement à -2,50 m. Plusieurs équipements ont donc été entièrement cuvelés. Eiffage a construit des enceintes étanches en paleplanches acier, posé un support d’étanchéité sur ces paleplanches, puis disposé une membrane SikaProof A+ de Sika, avant de couler un voile de béton vertical en contact avec la membrane. ©PP
Le chantier occupe 300 personnes en moyenne, durant 24 mois. Les divers acteurs prévoient d’investir plus de 300 millions sur le site au total. La CIGV sera livrée en avril 2022.
Pratiquement au centre du site, un bois classé a été protégé pendant les travaux. Certains des arbres de ce bois sont multi-centenaires. Un nichoir pour hirondelles a été aménagé pour compenser la destruction d’un bâtiment ancien où les hirondelles avaient leurs habitudes de nidification. ©PP