Le nouveau siège d’OBM à Chevilly en est encore aux dernières finitions.©OBM
Installé au nord d’Orléans, OBM Construction fait partie d’une petite poignée de constructeurs qui maîtrisent la charpente métallique et la construction bois. Mais surtout, qui maîtrisent en même temps les travaux en TCE (Tous corps d'état) et même en MGP (marché global de performance).
Après avoir réorienté sa stratégie et bâti un nouveau siège social proche de l’usine, l’entreprise pilotée à présent par le secrétaire général Tristan Lheure et par son père Francis Lheure, PDG d’OBM Construction, envisage de nouvelles étapes de développement.
Tristan Lheure, secrétaire général d’OBM.©OBM
A l’origine, la famille Lheure gère une entreprise dans le domaine de l’électricité et emploie 1000 personnes. L’entreprise est cédée à ce qui deviendra Eiffage, mais dix ans plus tard, en 1993, le père de Tristan Lheure, Francis Lheure, rachète à la SAE la filiale de production de bâtiments industrialisés métalliques.
Cette dernière va intégrer par croissance externe non seulement la production spécifique à la construction bois, mais aussi les spécialistes de cette discipline, et travailler patiemment à créer une osmose entre les deux métiers (métal et bois), consolidée par la pratique quotidienne et le développement d’un bureau d’études.
De spécialiste des salles de classes préfabriquées, OBM devient un acteur polyvalent et contractant général sur le marché scolaire, où il fait face aux majors. D’où l’idée de confier les rênes de l’entreprise à une personne extérieure sortie du moule des entreprises générales, tandis que Tristan Lheure, fils du dirigeant, occupe différentes fonctions au sein de l’entreprise.
C’est l’époque AdivBois des démonstrateurs de tours en bois, même si ces nouveaux marchés ne correspondent pas bien à l’ADN de l’entreprise. Le père de Tristan Lheure interrompt finalement sa retraite pour reprendre en main l’entreprise en 2018, et pour la repositionner sur ses points forts. Aujourd’hui, OBM emploie 75 personnes et revendique 3 millions de m2 construits en bois.
Collège Marthe Simard à Villeparisis, également une construction en bois.©OBM
OBM est peu présent sur le marché des logements, à la différence du tertiaire où il parvient à répondre à des opérations de 20 millions d’euros en R+5 conception et réalisation (concours pour une SEM parisienne).
Mais son principal point d’ancrage est le scolaire avec des opérations de 10 à 20 millions d’euros voire 40 millions actuellement en concours pour une opération cité scolaire. Face aux constructeurs bois, OBM avait toujours fait valoir sa capacité à assurer le TCE.
Depuis quatre ans, les marchés globaux de performance se développent et OBM a réussi à franchir ce cap sur au moins une dizaine de réalisations. Ce qui veut dire que l’entreprise s’associe une équipe de maîtrise d’œuvre, mais aussi de maintenance et garantit ainsi les performances de ses ouvrages.
Collège Marthe Simard à Villeparisis, en construction.©OBM
Dans ses constructions, OBM intègre fréquemment une charpente métallique associée à des planchers et parois en bois, qu’il s’agisse d’ossature bois ou de panneaux massifs CLT : « 100% des chantiers de l’entreprise sont réalisés avec des murs à ossature bois. 80% intègrent une charpente métallique et des planchers et murs de refend en CLT ».
La charpente métallique est un atout pour atteindre de grandes portées. L’association métal/bois permet de renforcer la préfabrication en atelier. Le volume de CLT n’est cependant pas suffisant pour acquérir un portail de taille.
De même, le BIM est maintenant en place et systématiquement utilisé en exploitation (jusqu’à la fabrication). Tristan Lheure : « Nous faisons passer la maquette BIM de Revit à Cadwork puis transmettons les plans de fabrication aux machines ». Au siège, les ateliers de métallerie et de construction bois se côtoient, mais les investissements dans l’outil de production sont à la mesure de l’évolution du marché.
Des parquets dans les salles de classe du groupe-scolaire-Chevalier-de-Saint-George à Blanc-Mesnil.©OBM
En 2021, OBM a rapproché son siège social de son site de production. Le nouveau siège est non seulement un exemple-type de mixité acier-bois, mais aussi de réemploi : suite à un accord signé avec le Conseil régional d’Ile-de-France, le siège réemploie des panneaux sandwich de façade et aussi des poutrelles.
Signe des temps, bâtir un siège social en pratiquant le réemploi même en solution de façade devrait ouvrir la voie à des projets intégrant le réemploi dans les ouvrages publics. L’investissement de Chevilly (45), à la nouvelle adresse 2 rue Sourde 45520 Chevilly, est de 1,5 millions d’euros pour un bâtiment de 825 m² de bureaux en R+1, qui vient d’être inauguré.
Parmi les livraisons de l’année, citons le collège Marthe Simard à Villeparisis pour le Conseil Départemental du 77. Livré par OBM Construction pour la rentrée scolaire 2021, avec l'architecte ARS (Architecte Rocheteau Saillard), le Bâtiment répond à l'objectif environnemental de la cible HQE « Mettre en œuvre un volume minimum de bois » à un niveau très performant. Les murs sont à ossature bois, la charpente est métallique et le plancher est en CLT.
Pour janvier 2021, OBM a livré, avec A5A et Pierre Durant Perdriel Architecte, le groupe scolaire Chevalier de Saint-George pour la mairie de Blanc Mesnil (93). Ce chantier est original, avec un système constructif bois et une façade recouverte de pierre.
Les enfants viennent du groupe scolaire voisin Rose-Blanc, vétuste et bientôt détruit, pour laisser place à un parc de 6 000 m2. Malgré son clocher avec un coq perché à 22 mètres de haut, l’école a été construite entièrement en structure bois, le béton restant cantonné aux sous-sols.
Membre fondateur de BBCA, OBM vient de faire réaliser le diagnostic Eco-Flux avec la banque publique d’investissement Bpifrance. Ce diagnostic permet d’optimiser les flux d’énergie, de matière, d’eau et de déchets afin de réduire l’impact écologique de la production.
Au cours de ce diagnostic, le site de production a été audité en octobre 2021, puis donnera lieu à un plan d’actions annuel. Sur cette base, le groupe devrait engager le calcul de son bilan carbone dès le début de 2022. OBM Construction vise l’objectif zéro carbone à l’horizon 2025.
Par le passé OBM réalisait toujours une sorte d’émulation interne qui a conduit par exemple à développer des escaliers coupe-feu en CLT. Aujourd’hui, cette innovation interne est toujours stimulée parmi les salariés, et sera précieuse pour réduire les émissions de GES dans les années qui viennent : « OBM Construction vise l’objectif zéro carbone à l’horizon 2025. Pour l’atteindre, elle a mis en place une politique environnementale ambitieuse, reposant sur un approvisionnement en bois durable et un bilan carbone de l’entreprise ».
Dans le cadre de sa démarche environnementale, la société se tourne également vers les isolants biosourcés, aux performances élevées et à l’empreinte carbone plus faible que les isolants traditionnels. Elle réalise 60% de ses chantiers avec de l’isolant biosourcé en chanvre et 10% avec de l’isolant en textile recyclé. Les 30% de chantiers restants sont isolés avec de la laine minérale de verre ou de roche.
L’accueil du nouveau siège témoigne de la maîtrise conjointe du métal et du bois.©OBM
Dès septembre 2021, OBM a fait connaître ses ambitions de croissance : « En plus de consolider sa position de leader sur son cœur de marché, à savoir les bâtiments scolaires et les marchés à bons de commande, se repositionner sur ses marchés historiques (bureaux, hôpitaux, crèches) et convoiter le secteur des logements à très haute performance environnementale (BBC) ».
Pour atteindre ces objectifs, OBM « organise sa politique commerciale autour de 3 axes : Le développement géographique dans les régions Pays de la Loire et Nouvelle Aquitaine, en nouant notamment des partenariats avec des entreprises locales. Le renforcement de l’équipe commerciale, aujourd’hui composée de 5 commerciaux. L’embauche de 3 salariés est prévue en 2021/2022. Enfin, la croissance externe, avec le rachat d’entreprises spécialisées dans la construction bois.
Reste à savoir si des entreprises spécialisées de construction bois seront à vendre en 2022, dans un cadre conjoncturel très favorable malgré les augmentations permanentes de prix de matière première.
Source : batirama.com/ Jonas Tophoven