Le rapport évoque notamment "un faisceau d'indices concordants vers l'existence d'un lien" entre l'activité de l'entreprise et ces séismes.
Les secousses de magnitude 2,1 à 3,6 enregistrées fin 2020 sont "à associer aux opérations (...) menées sur les puits (de géothermie) d'octobre à décembre 2020", écrivent les experts dans les conclusions de ce rapport commandé en février 2021 par la préfecture du Bas-Rhin et publié le 5 mai sur son site.
L'étude avait été présentée mercredi lors d'un comité de suivi du site géothermique de Reichstett-Vendenheim, au nord de l'agglomération strasbourgeoise, à l'arrêt depuis fin 2020 à la suite d'une série de séismes survenus depuis 2019. Ceux-ci avaient suscité l'émoi à Strasbourg et dans sa région.
"Parmi les causes de cette sismicité", les experts relèvent "les volumes importants de fluide injecté depuis septembre 2020, dans un réservoir (...) de taille réduite" qui "ont entraîné la mise en pression du fond du puits" et "induit une déstabilisation des failles et fractures préexistantes". Pour eux, la "sismicité persistante" en novembre 2020 "aurait dû alerter" Fonroche (rebaptisé depuis Georhin) "sur l'occurrence d'un phénomène d'instabilité (...) et aurait dû remettre en cause la poursuite des injections, sans attendre" un nouveau séisme, début décembre.
"Au vu des grandes profondeurs atteintes, de l'existence de zones de failles importantes, d'un chargement tectonique significatif" et "des grands volumes de fluide injectés", le site de Vendenheim "présentait un niveau d'aléa sismique pouvant être considéré comme élevé".
Cela aurait "dû inciter à plus de précautions dans la conduite des opérations", relèvent encore les experts. Ceux-ci jugent "indispensable de continuer à surveiller le réservoir (de Vendenheim) dans les mois/années à venir".
Des arrêtés pris en décembre 2020 par la préfète du Bas-Rhin, Josiane Chevalier, après la série de séismes, ont conduit à l'arrêt des travaux de Fonroche sur le site de Vendenheim, où l'eau était puisée à plus de 4 000 mètres de profondeur.
Ces arrêtés ont été annulés en mars par le tribunal administratif de Strasbourg mais cette décision "n'a pas d'impact sur l'arrêt", selon la préfecture. Selon elle, un précédent arrêté de mars 2016 autorisant le démarrage des travaux de géothermie prévoit en effet "qu'en cas d'arrêt des installations" après un séisme, "l'exploitant ne peut reprendre les activités qu'après autorisation" administrative.
De son côté, Fonroche assure que les séismes ressentis en 2020 ne sont que la conséquence des tests qu'elle avait effectués pour déterminer les causes d'un premier tremblement de terre significatif, enregistré en novembre 2019, de magnitude 3,9 et dont l'origine demeure incertaine. Selon l'entreprise, le séisme de 2019 était d'origine naturelle et les tests effectués ensuite pour en déterminer ses causes ont provoqué les suivants.
"Des doutes persistent sur le lien entre les évènements sismiques de Vendenheim et ceux du nord de Strasbourg en novembre 2019", assure jeudi 5 mai l'entreprise dans un communiqué. Celle-ci note que sa priorité reste le traitement des 3 900 demandes d'indemnisation des dégâts provoqués par les séismes.