Le salon Intersolar 2022 s’est tenu à Munich les 11, 12 et 13 mai. Deux tiers des halls de l’immense foire de Munich étaient occupés. C’est le premier salon de cette taille que la foire de Munich organisait depuis deux ans. En parcourant les allées des six halls consacrés au photovoltaïque, il était clair qu’un nouveau standard avait émergé dans la filière.
Tout d’abord, on constate la complète disparition du silicium multicristallin : le monocristallin fait désormais référence. Ensuite, si les fabricants ont pratiquement tous adopté la structure de panneaux en demi-cellules qui optimise la puissance et la production, ils ont presque tous – à deux ou trois exceptions près – abandonné les panneaux composés de demi-cellules à recouvrement, les shingles comme le disent les fabricants.
Le collage des demi-cellules l’une sur l’autre semble conduire à un suréchauffement qui produit de nombreux dysfonctionnements. C’est notamment la raison invoquée par Trina Solar pour expliquer son renoncement aux panneaux à shingles. Soulignant que la très légère réduction de surface, à puissance égale, que l’on obtient avec l’architecture en shingles ne compense pas le risque accru de dysfonctionnement.
Le français Recom continue à fabriquer des panneaux en shingles, dans sa gamme Puma qui affiche un rendement nominal de 21,8%, une puissance nominale de 660 Wc et une puissance ≥ 84,8% du nominal au bout de 25 ans. Sa série Lion, en revanche, utilise l’hétérojonction pour atteindre et dépasser 700 Wc. Puma et Lion sont plutôt destinés aux grandes toitures ou bien aux fermes au sol. ©PP
En revanche, Trina Solar mettait en avant à Intersolar ses nouveaux panneaux PV Vertex S. Successeur du Vertex, le Vertex S concentre tout ce qui se fait de mieux aujourd’hui : multi-busbar (plusieurs bus por acheminer le courant sur le panneau, tout en réduisant la résistance des cellules montées en série), 240 demi-cellules (120 cellules), 390 à 410 Wc de puissance en sortie et un rendement nominal de 21,3%. ©PP
D’une manière générale, tous les panneaux photovoltaïques exposés à Intersolar 2022 dépassent les 21% de rendement nominal. ©PP
Pour les fermes au sol, la puissance nominale des panneaux PV atteint désormais 700Wc, au prix d’une augmentation du nombre de cellules et donc de leur poids qui empêche de les poser en toiture. ©PP
Tous les industriels rencontrés à Intersolar estiment d’ailleurs que nous ne sommes pas loin d’une asymptote de rendement avec les meilleures techniques en silicium monocristallin actuelles. Ils s’attendent à un ralentissement net des progrès en termes de rendement au cours des 5 années à venir, avant que l’apparition éventuelle des cellules en pérovskite, dont l’industrialisation est notoirement difficile, ne dope à nouveau la croissance des rendements.
Les panneaux bifaciaux, apparus il y a 4 ans à Intersolar, confirment leur présence et semblent avoir trouvé leur marché : soit les fermes au sol, soit les toitures plates et claires, voire même revêtues de peinture blanche. Une bonne douzaine de marques proposaient des panneaux bifaciaux, le plus souvent des panneaux verre/verre : les cellules photovoltaïques sont encapsulées entre deux couches de verre.
Selon l’albedo (la faculté de réverbération de la lumière) du terrain ou de la toiture, ces panneaux, selon leurs fabricants, augmenteraient la production annuelle de 10 à 20% par rapport à un panneau monofacial de même technologie. Les installateurs croisés à Intersolar sont cependant plus prudents. ©PP
Une grosse entreprise d’installation PV à Toulouse a instrumenté une toiture équipée de panneaux bifaciaux et enregistre une augmentation de la production de 5 à 7% seulement.
Le troisième type de panneaux en développement à Intersolar rassemble les panneaux souples et légers. Il s’agit en général de cellules en silicium très minces, encapsulées dans une matière plastique. Au moins quatre marques en proposaient à Intersolar, dont l’allemand DAS Energy.
L’avantage des panneaux souples est leur poids réduit – au maximum 1,6 kg/m² - par rapport aux panneaux classiques. Ce qui permet de les installer facilement, par simple collage par exemple, sur de grandes toitures dont la faible résistance mécanique ne permet pas la pose de panneaux PV classiques.
Tous ces nouveaux panneaux PV sont de plus en plus accompagnés de nouvelles solutions de stockage d’électricité qui formeront le sujet de notre prochain article sur le salon Intersolar 2022.