Un marché mondial de l'énergie solaire est dominé à 80 % par la Chine, voire à 95 % bientôt pour certains composants. Le rôle de la Chine aura été essentiel pour l'essor du solaire dans le monde, en faisant chuter le coût des panneaux de 80% en dix ans, et ce grâce à une politique industrielle très volontariste, souligne l'Agence dans un rapport inédit sur les chaînes d'approvisionnement du photovoltaïque le 7 juillet 2022.
"Mais l'importance de cette concentration crée des défis" et "de la vulnérabilité", a souligné le directeur de l'agence, Fatih Birol, devant la presse.
Alors que ces dix dernières années les usines quittaient le Japon et les Etats-Unis, et que l'UE renonçait, la Chine a pris le relais, dans l'investissement comme dans l'innovation, au point de représenter aujourd'hui plus de 80% de part de marché. Et pour des éléments-clé tels que le polysilicium, cette part devrait passer à 95% au vu des projets d'usines connus, selon le rapport.
Outre la Chine, l'Asie du Sud-est (Vietnam, Malaisie) est aussi un producteur important.
Ainsi ces cinq dernières années, l'UE a importé 84% de ses modules photovoltaïques, les Etats-Unis 77%, l'Inde 75%. "Un tel niveau de concentration sur n'importe quelle chaîne d'approvisionnement représenterait une vulnérabilité importante, et le solaire photovoltaïque n'échappe pas à la règle," dit M. Birol, pour qui "le mot magique, c'est 'diversification'", source de sécurité d'approvisionnement comme d'emplois. "Il peut se passer n'importe quoi, un feu, une catastrophe naturelle... C'est alors un problème," dit l'économiste.
Pour l'AIE, le constat vaut aussi pour la Chine elle-même, où la province du Xinjiang concentre 40% de la fabrication mondiale de polysilicium. Pour atteindre la neutralité carbone en milieu de siècle, le monde devra installer chaque année d'ici 2030 quatre fois plus de capacités solaires qu'aujourd'hui, soit deux fois plus d'usines, selon l'AIE. Ce qui générerait dans les 10 ans un demi-million d'emplois durables.
Mais cela ne viendra "pas tout seul", prévient l'agence : il faudra une volonté et une créativité -- fiscale ou autre -- des Etats pour soutenir le secteur face à l'Asie, compétitive en terme de coûts du travail ou de l'énergie.
L'AIE observe d'ailleurs que nombre de pays et d'acteurs s'intéressent de nouveau à ce sujet, après une année 2021 marquée par une hausse générale des prix et des difficultés d'approvisionnement qui ont renchéri les prix des panneaux d'environ 20% l'an dernier.