Un panneaux photovoltaïque posé dans les années 90 possédait une durée de vie de 20 à 25 ans. Ils arrivent en fin de vie. La preuve ? Soren, l’éco-organisme agréé par l’Etat pour la collecte et le recyclage des panneaux PV en a collecté plus de 5000 tonnes en 2019 et plus de 20 000 t au total entre 2015 et mai 2022.
La production de chaque kilogramme de silicium photovoltaïque (PV-Si), requiert 80 kWh d’énergie en moyenne et libère 50 kg de CO2 dans l’atmosphère. Le coût du matériau représente jusqu’à 20% du coût total d’un module PV en silicium monocristallin. Développer une économie circulaire autour des panneaux PV est donc une priorité de l’éco-organisme chargé de son recyclage. ©SolarPower Europe
L’article L541-10 du code de l’environnement, celui qui organisme la REP ou Responsabilité Elargie des Producteurs, prévoit que les producteurs s’acquittent de leur obligation en mettant en place collectivement des éco-organismes agréés, dont ils assurent la gouvernance et auxquels ils transfèrent leur obligation et versent, en contrepartie, une contribution financière.
Mais, l’éco-organisme pour la collecte et le recyclage des panneaux PV est né bien avant, en 2014, sous le nom de PV Cycle France. En 2015, il obtient un premier agrément pour une durée de 6 ans. Entre 2015 et 2020, l’éco-organisme collecte plus de 16 000 t de panneaux PV.
En 2020, l’agrément de l’éco-organisme est renouvelé pour 6 ans, il est prolongé d’un an en 2022 et court jusqu’en 2027.
En 2021, PV Cycle France change de nom et devient Soren. Aujourd’hui, Soren compte plus de 340 adhérents, dont on ne trouve pas la liste sur leur site internet. ©Soren
Voici l’évolution de l’activité de collecte annuelle des panneaux PV par Soren. ©Soren
En 2021, les panneaux PV en silicium cristallin dominent nettement dans la collecte. ©Soren
Détail de la valorisation des panneaux collectés par Soren en 2021. ©Soren
La première usine de recyclage des panneaux PV cristallins a été inaugurée en France en 2017 : le site de Véolia à Rousset (13), capable de démanteler 4000 t de panneaux PV cristallins par an. ©Véolia
Voici le processus de recyclage par broyage des panneaux photovoltaïques en silicium cristallin. ©Soren
Une seconde usine de recyclage devrait voir le jour en 2023, à l’initiative de la start-up grenobloise Rosi (Return of silicon) Solar, à La Mure dans l’Isère. Début 2022, Rosi Solar a déjà testé ses machines de recyclage. Il ne reste plus qu’à déployer l’installation industrielle pour le début 2023. ©Rosi Solar
Rosi Solar prévoie d’employer 15 personnes en 2023 pour recycler 3000 t de panneaux PV par an et, notamment, récupérer 3 t d’argent et 90 t de silicium. Rosi Solar travaille en partenariat avec Envie 2E pour la collecte des panneaux.
Rosi Solar a mis au point deux technologies différentes : le recyclage du kerf, le recyclage des panneaux PV.
Rosi Solar explique : "Pour produire les plaquettes de silicium (wafers) servant de base aux cellules photovoltaïques, un lingot de silicium est scié à l’aide d’un fil diamanté en de très fines plaquettes (moins de 200 µm d’épaisseur). Lors de cette étape, plus de 40% du matériau est perdu sous forme de micro-copeaux de silicium évacués par un liquide de découpe. La boue ainsi générée, appelée 'kerf', est constituée de silicium très pur mais est actuellement considérée comme un déchet, et est évacuée aux frais du producteur." ©Rosi Solar
Les technologies développées par Rosi Solar permettent de revaloriser ce kerf. D’une part, leurs procédés permettent de séparer complètement les fines particules de silicium du liquide de découpe. Ce dernier peut ainsi être réutilisé pour de nouvelles découpes plutôt que d’être traité puis rejeté dans l’environnement. D’autre part, les particules de silicium sont nettoyées des impuretés introduites par le procédé de découpe et reconditionnées sous formes de granules de silicium ultrapur qui peuvent ensuite être réintroduite en amont de la chaîne de valeur, afin de produire de nouvelles plaquettes de silicium.
En ce qui concerne le recyclage des panneaux PV, le principal défi technique consiste à séparer convenablement ces différents matériaux qui possèdent chacun une grande pureté et donc une valeur de revente permettant de financer l’activité de recyclage. Les technologies développées par Rosi Solar séparent fortement les différents matériaux présents dans les panneaux photovoltaïques en fin de vie. Elles permettent de récupérer le silicium ultra-pur des cellules et l’argent des fils servant à collecter le courant produit par chaque cellule.
Les procédés utilisés par Rosi Solar sont basés sur des phénomènes physiques, thermiques et de chimie douce. Ils ne mettent pas en œuvre de chimie agressive et ont un coût de mise en œuvre réduit. Les technologies de Rosi Solar permettent donc de viabiliser économiquement les sites de recyclages des modules photovoltaïques en Europe.
Soren évalue à 50 000 t en 2030 le volume de panneaux PV à recycler en France et à 9,5 Mt en Europe. Véolia et Rosi Solar ont beaucoup de travail devant eux. Pour se donner une idée, 5000 t représentent environ 280 000 panneaux PV.
©Soren
Soren collecte sans frais pour les détenteurs – particuliers et professionnels – tous les panneaux photovoltaïques usagés, quelles que soient la technologie, la marque ou l’année de mise sur le marché. S’il s’agit de moins de 40 panneaux PV, ils doivent être déposés dans l’un des 229 points d’apport volontaire, agréés par Soren au 31 décembre 2021. Ces points sont localisables sur une page du site internet de Soren.
Lors d’un dépôt en point d’apport volontaire, le détenteur peut demander au point volontaire de lui remettre un certificat de collecte sélective dûment rempli et signé. Ce document doit être conservé par le détenteur s’il souhaite avoir une preuve de son dépôt.
S’il s’agit d’un contingent de plus de 40 panneaux, il faut faire une demande d’enlèvement sur le site de Soren, dont le partenaire logisticien se chargera de l’exécution.
Au terme de la procédure de recyclage, les panneaux PV sont revalorisés à plus de 94%. Comme l’indique Anaïs Gouabault, Responsable opérationnelle et technique chez Soren, "le volume annuel collecté a été multiplié par plus de 13 depuis le début de la filière en 2015. En 2030, ce sera plus de 50 000 t qu’il faudra recycler par an. Soit 10 fois plus que ce que nous avons fait en 2019. Nous avons donc un défi à relever afin d’accompagner cette croissance dans les meilleures conditions techniques, environnementales et à coûts maîtrisés."