45% de l’énergie finale consommée en France, selon un rapport de Carbone4, sert à la production de chaleur. Cette chaleur est aujourd’hui produite à 60% par des énergies fossiles et pour 50% consommée en résidentiel, 30% en industrie et 20% en tertiaire. Sa décarbonation est une absolue nécessité, si l’on veut avoir une chance d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Ce qui, comme le souligne Carbone 4, "passe par le triptyque : réduction des besoins, utilisation massive des énergies renouvelables, électrification".
Selon la PPE (Programmation Pluriannuelle de l’Energie) en vigueur, la France doit atteindre 38% de chaleur renouvelable en 2030. Nous ne sommes pas sur la bonne trajectoire, sauf en ce qui concerne les pompes à chaleur air/eau. En 2020, 23% de la chaleur était d’origine renouvelable seulement.
Dans son rapport, Carbone 4 rappelle que deux technologies sans combustion possèdent un important potentiel de production de chaleur basse température, que Carbone4 définit comme la chaleur dont la température est < 100°C : le solaire thermique et la géothermie.
La géothermie existe sous deux formes : géothermie de surface, également dite géothermie de minime importance (GMI) avec des forages à moins de 200 m de profondeur, la géothermique profonde dont les forages atteignent ou dépassent 2000 m. ©PP/Celsius Energy
La GMI fonctionne bien en association avec des pompes à chaleur, aussi bien pour assurer le chauffage que le rafraîchissement. Tandis que la géothermie profonde remonte des températures comprises entre 80 et 150°C, selon les bassins et s’utilise comme source de chaleur directe.
Ensemble, la GMI et la géothermie profonde ont produit 7,3 TWh de chaleur renouvelable en 2020, soit près de 1,1 % de l’ensemble de la consommation annuelle de chaleur en France, selon Carbon4. Le récent salon des Maires a vu le lancement du collectif France Géoénergie qui rassemble l’AFPG (Association Française des Professionnels de la Géothermie), le BRGM (Bureau des Recherches Géologiques et Minières), Celsius Energy, Equans et Engie Solutions.
France Géoénergie compte agir dans deux directions :
Le BRGM souligne pour sa part, que la GMI assure chauffage et rafraîchissement, réduit les émissions de CO2eq des bâtiments de 90% et leurs consommations d’énergie de 75% par rapport au gaz. La GMI est disponible sur 80% du territoire et pourrait couvrir 70% des besoins de chaleur des bâtiments.
Pourtant, elle ne représente, dit le BRGM, que 1% de la chaleur produite en France. Carbon4 est moins généreux et estime sa contribution à 0,7% des besoins de chaleur. La géothermie profonde couvre, quant à elle, a produit 2 TWh de chaleur en 2020 en France. Ce qui correspond à 0,4% de la consommation finale de chaleur. GMI et géothermie profonde ont donc couvert entre 1,1 et 1,4% des besoins de chaleur français en 2020.
Le solaire thermique est disponible sous trois formes différentes. La première, le chauffe-eau solaire Individuel ou CESI représente 79% de la surface de capteurs solaires thermiques installés en France et assure la production d’ECS en maison individuelle.
La seconde forme est la production d’ECS et la contribution au chauffage en collectif, en tertiaire (hébergement, hôtellerie, piscines, gymnases, clubs sportifs, camping, …), la production de chaleur en industrie. Cela représente environ 18% de la surface de capteurs thermiques installés en France. Carbon4 range dans cette catégorie, les champs solaires thermiques raccordés à des réseaux de chaleur. ©PP/NewHeat
Dernière solution, les systèmes solaires combinés (SSC) produisent eau chaude et chauffage et ne représentent que 3% des surfaces de capteurs solaires thermiques installés. En 2020, calcule Carbon4, la production de chaleur renouvelable atteint 1,24 TWh en France métropolitaine, soit 0,2% de la consommation finale de chaleur.
Carbon4 conclut que "géothermie et solaire thermique présentent un potentiel théorique illimité (car basés sur deux ressources présentes sur l’ensemble du territoire français), mais leur développement dépend de la levée des freins économiques et techniques que ces deux filières rencontrent".
Carbon4 montre que les aides au développement de la chaleur renouvelable sont nettement moins importantes – les 520 M€ du Fonds Chaleur en 2022, reconduits à la même hauteur en 2023 – que celles allouées au développement de la production d’électricité renouvelable : 5,2 Md€ prévus en soutien de la production renouvelable d’électricité en France métropolitaine sous la forme de mécanismes d'obligations d'achat et de compléments de rémunération en 2022.
"Toutefois, rappelle Carbon4, le choc sur les prix de l’énergie en cours depuis fin 2021 ayant fait passer le prix de gros de l’électricité au-dessus des tarifs garantis par l’Etat aux producteurs d’énergies renouvelables, ces dépenses s’avèrent devenir des recettes prévisionnelles de 4,3 Md€ cumulées pour 2022."
De plus, rappelle Carbon4, "le Fonds Chaleur est disponible sous forme d’aides à l’investissement qui demandent aux porteurs de projets une avance de trésorerie et ne permettent pas de garantir sur le long terme au consommateur un prix de la chaleur renouvelable produite compétitif avec le fossile (à défaut d’un prix de marché centralisé de la chaleur), contrairement aux dispositifs pour l’électricité renouvelable."
Carbon4 conclut : "En deux ans de crise énergétique, les renouvelables électriques devraient avoir 'remboursé' la quasi-totalité des subventions reçues depuis 2013, qu’attendons-nous pour investir dans la production de chaleur renouvelable ?"
On se le demande aussi, surtout que le gisement potentiel de la GMI et du solaire thermique sont immenses.
C'est bien de se réveiller pour la géothermie verticale! j'ai eu un article lavoila plus de quinze ans dessus. Mais on sait faire des enveloppes du bâtiment sans besoin de chauffage en restant simple, il faut ouvrir les yeux et arrêter avec la résistance thermique qui ne fait pas la moitié du chemin de la thermique, même si elle est nécessaire
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La géothermie que j'avais utilisée, était à 30m de profondeur et marche très bien!