Plusieurs acteurs de la profession, réunis en colloque à Paris par l'Office national des forêt (ONF), planchent sur la place de la forêt et du bois dans l'économie de demain, en réaffirmant ses atouts et ses leviers de développement dans le bâtiment ou encore les énergies renouvelables.
Car l'activité dans la filière n'est pas ultra-dynamique. Même si les surfaces boisées en France métropolitaine couvrent 16 millions d'hectares, ce qui en fait le troisième pays le plus boisé de l'UE, seulement 60% de la production annuelle des exploitations est effectivement récoltée, selon France Bois et industrie.
Pour Jean-Claude Monin, président de la Fédération nationale des communes forestières de France, qui gère les intérêts de 5.000 communes ou collectivités forestières (sur les 11.000 en France), "la reconquête du marché intérieur passe par une utilisation du bois, massif par massif".
La forêt française, qui offre 2/3 de feuillus, et 1/3 de résineux, dispose d'une multitude d'essences, soit autant de possibilités de production, explique-t-il. Le secteur forêt-bois emploie près de 440.000 personnes pour un chiffre d'affaires annuel total de 60 milliards d'euros.
"Il faut produire avec du bois local", selon M. Monin. "Plutôt que d'acheter du bois en Afrique, le transformer en Chine et l'utiliser en France, utilisons le bois de nos forêts, transformons-le à proximité et destinons-le au marché français", plaide Jacques Ducerf, chef d'exploitation forestière.
Cela suppose le développement de filières courtes entre le détenteur du bois local et le produit fini, la valorisation des savoir-faire et des ressources locales, "en certifiant les produits de nos massifs", comme par exemple le "Bois des Alpes", suggère M. Monin.
Selon l'observatoire économique de France bois forêt, seulement 23% des entreprises de construction utilisent exclusivement du bois hexagonal. Planter plus pour produire plus et pérenniser la forêt et optimiser la récolte de bois sont les deux axes de développement que s'est fixés la filière à l'horizon 2020.
La France ne consacre que 57 millions de plants par an au renouvellement de ses forêts, contre 300 en Allemagne, déplore Luc Charmasson, président de France Bois et industrie.
Il préconise de passer à un taux de prélèvement de 73% sur la production annuelle, et estime, par ailleurs, que le développement de la filière du bois comme source d'énergie n'est pas suffisant.
Le nerf de la guerre étant l'argent, il faut multiplier les investissements."Les entreprises manquent de fonds propres (...) et ont peu de ressources disponibles pour financer l'amélioration de leur outil de production", reconnaît Jacques Ducerf, pour qui la future Banque Publique d'Investissement pourrait être l'outil adapté.
"Sachant que la construction d'un bâtiment en béton équivaut à deux bâtiments en bois au niveau des émissions de CO2, notre filière se dit optimiste et légitime et espère voir son taux de pénétration passer de 10 à 20%" dans les dix ans à venir, appuie Laurent Denormandie, président de la Fédération nationale du bois.
L'activité de la construction bois a généré en France un chiffre d'affaires de 2 milliards d'euros en 2011.Près de 15.700 maisons individuelles ont été construites en bois sur les quelque 138.900 mises en chantier en France, soit une part de marché estimée à 11,3%, selon des chiffres communiqués par France Bois Forêt.
Source : batirama.com/ AFP