Stéphane Cochet est à la fois architecte DPLG et CEPH (Concepteur Européen PassivHaus). Autant dire qu’il est versé dans les calculs ACV et la performance énergétique. Il est également spécialiste de la construction bois. ©PP
A ce titre, Stéphane Cochet a co-organisé avec Fibois Île-de-France le cycle de 10 conférences "L’architecture sort du bois" qui s’est déroulé en 2022 et portait sur la construction bois et biosourcée.
Bref, Stéphane Cochet pense tout le temps à la décarbonation des bâtiments. Et, il a tiré de ses réflexions, trois idées principales : bannir les infrastructures enterrées, systématiser le mode constructif poteaux/poutres, utiliser un maximum de bois et d’éléments biosourcés.
En logements collectifs neufs, il est devenu normal de prévoir un parking enterré sous le bâtiment. Certains PLU le prescrivent même ou bien prévoient un nombre de place de parkings en fonction du nombre de logements. Pourtant, rappelle Stéphane Cochet, les parkings enterrés ont été systématisés seulement au cours des années 90.
Du coup, pour convaincre les maîtres d’ouvrage d’y renoncer, il aborde la question des parkings enterrés sous l’angle de leur coût. Pour une opération de 63 logements à Ozoire-la-Ferrières, le maître d’ouvrage social demandait un parking enterré, alors que le PLU ne l’imposait pas.
A cet endroit, le terrain est marécageux et cela impliquait, outre les ouvrages en béton, un cuvelage des parkings et des pompes de relevage, soit un surcoût d’environ 1.000 € HT par m² de place de parking. A003, le cabinet d’architecture de Stéphane Cochet, a plutôt proposé un parking extérieur à côté du bâtiment.
Du coup, chaque fois que c’est possible, A003 propose des parkings en silos, ou bien un seul niveau de parking partiellement enterré avec accès à la lumière naturelle et à une ventilation naturelle – ce qui rassure les utilisateurs et minimise les consommations d’énergie -, voire l’achat de places dans des parkings existants à moins de 300 m du bâtiment à construire.
Pour une autre opération située dans l’éco-quartier de l’Ancre de Lune à Trilport en Seine-et-Marne, Grand Paris Aménagement, l’aménageur, avait également prévu des parkings enterrés pour un bâtiment neuf de 50 logements. Côut : 18 000 € par place de parking.
A003 n'a pas remporté la consultation, mais en proposant un parking semi-enterré à seulement 8000 €/place de parking, son idée dégageait environ 500 000 € HT de budget dans cette opération de 50 logements. Une somme qui aurait pu été consacrée à une superstructure en bois. En sortant les parkings des sous-sols, insiste Stéphane Cochet, par exemple en construisant des parkings en silo, on offre des structures qui pourront évoluer dans le temps. Un parking en silo qui se vide peu à peu grâce à l'amélioration des transports en commun, peut facilement évoluer en logements.
Bref, selon Stéphane Cochet, des parkings enterrés sont inquiétants pour les utilisateurs, consomment de l’énergie pour l’éclairage, la ventilation et les pompes de relevage, imposent une maintenance de ces pompes, consomment plus de béton et alourdissent le bilan carbone du bâtiment. ©PP
Paru en 2020, le rapport du Haut-Conseil pour le Climat intitulé "Rénover mieux : leçons d’Europe" explique que toute l’Europe construit construit et plus performant que la France. La France, pour le logement collectif neuf, a systématisé le béton banché avec façade porteuse en béton, Isolation par l'intérieur (ITI), murs de refend en béton, dalles en béton. En proimotion proivée, c'est assorti de ballons électriques pour la production d'ECS, de VMC simple flux et de radiateurs électriques.
Le reste de l'Europe utilise plutôt de la ventilation double flux, une isolation par l'extérieur en collectif et des solutions de chauffage sur boucle à eau chaude.
Renonçons au béton banché, sauf pour les noyaux du bâtiment qui contiennent les escaliers et les ascenseurs, enjoint Stéphane Cochet. Les entreprises savent le faire, puisque les bâtiments tertiaires sont construits en "plan libre" (poteaux/poutres) pour maximiser les possibilités d’aménagement.
Le plan libre, avec façades non-porteuses, souligne Stéphane Cochet permet d’utiliser des solutions biosourcées – éventuellement préfabriquées – pour fermer les façades et construire les cloisons séparatives entre logements et entre pièces d’un même logement. ©PP
Quand Stéphane Cochet dit biosourcé, il pense très fort à des solutions bois. Mais d’autres sont également possibles. Le plan libre, qui minimise les structures porteuses par niveau, facilite également le réaménagement des locaux dans le temps : la transformation d’un F5 en plusieurs logements plus petits, … ©PP
Du point de vue coût, à nouveau, une façade bois rapportée ne coûte pas plus cher qu’une façade porteuse en béton. Ou plus exactement, elle ne coûte aujourd’hui pas plus cher : la préfabrication s’est développée, les entreprises spécialisées se développent, les entreprises générales ont appris à mettre en œuvre ce mode constructif.
Selon Stéphane Cochet, cette idée du plan libre pour le logement collectif commence à percoler chez les promoteurs sociaux et privés. Dans ses propositions, A003 Architectes met systématiquement cette solution en avant. En tant qu'AMO, c'est aussi la solution qu'il pousse avec les aménageurs, notamment EPAMarne.
Enfin, dernière idée simple pour décarboner la construction : construire en bois, en poteaux/poutres/dalles bois, voire même en CLT (Cross Laminated Timber) ou même en ossature bois au sens du NF DTU 31.2 . Ce qu’A003 Architectes a fait pour un bâtiment passif de 17 logements R+5 à Montreuil pour un coût cde travaux de 1 885 € HT/m² SHAB.
A ses trois idées principales pour décarboner les bâtiments, Stéphane Cochet en ajoute volontiers une quatrième : construire au standard Passivhaus. Ce qui minimise considérablement les consommations d’énergie pour le chauffage, la production d’ECS (eau chaude sanitaire) et la ventilation. Le soin de conception, associé au passif, conduit aussi à un meilleur confort d’été qui permet de se passer d’un rafraîchissement actif.
Ces idées ne sont pas mutuellement exclusives, mais gagnent au contraire à être simultanément mises en œuvre.