«Les EPI ont considérablement évolué ces dernières années, affirme Antoine Fabre, délégué général du Synamap (Syndicat national des acteurs du marché de la prévention et de la protection). C’est ainsi que des progrès objectifs, et facilement observables, se sont incontestablement produits dans le domaine du confort, de l’ergonomie et du “look”.
Trois facteurs fondamentaux pour que les EPI ne soient plus vécus comme une “contrainte” et que leur port soit plus facilement accepté. Rappelons au passage que pour qu’un EPI soit efficace, il convient qu’il soit porté !»
Certes, cette dernière affirmation semble évidente et pourtant qui n’a pas déjà observé un professionnel du bâtiment travailler sans ses EPI… Selon Marjolaine Lin, responsable technique au Synamap, les EPI les moins portés seraient «ceux pour lesquels les salariés ont le moins conscience du danger. Par exemple les gants ou encore les bouchons d’oreilles».
La responsabilité de l’employeur. «Parfois, ajoute-t-elle, l’employeur n’a pas suffisamment bien analysé les risques, n’est pas conscient de sa responsabilité et n’a donc pas fourni les EPI adéquats. Pourtant, il est vraiment de la responsabilité de l’employeur de prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé des travailleurs de son établissement, y compris les travailleurs temporaires.
Le salarié est quelquefois réticent à porter l’EPI parce qu’il ne le trouve pas assez confortable ou il estime qu’il le freine dans son activité. Contre cela, le Synamap essaie donc de sensibiliser les employeurs et les salariés sur le port des EPI (par exemple vidéo, fiches techniques, etc.) et les adhérents essaient d’améliorer l’ergonomie et le confort des EPI.»
Depuis quelques années, les produits des fabricants ont en effet considérablement progressé. Les casques sont toujours plus solides et légers, les harnais bien plus faciles à enfiler, les gants toujours plus fins, les lunettes et les masques plus ergonomiques alors que les vêtements deviennent de plus en plus techniques mais aussi esthétiques…
Ces derniers arborent des lignes plus sportives et sont en effet plus confortables. Ils tendent également à se féminiser pour répondre au nombre croissant de salariées femmes dans le bâtiment. Tout en demeurant personnalisables à souhait !
Antoine Fabre, délégué général du Synamap (Syndicat national des acteurs du marché de la prévention et de la protection). |
Quelles caractéristiques fondamentales doivent avoir les EPI ?
Antoine Fabre : un EPI doit d’abord et avant tout être conforme aux exigences essentielles de sécurité, telles qu’elles ont été définies par la directive européenne qui les concerne. À ce titre, il doit bénéficier d’un marquage CE, pour pouvoir être commercialisé. Ce marquage qui atteste que l’EPI est obtenu par le biais de tests visant à vérifier les caractéristiques techniques du produit. Ces spécifications et ces tests étant généralement définis par des normes techniques, européennes (normes EN) et/ou internationales (normes ISO).
Certains produits sont-ils à éviter ?
Oui. Tous les produits douteux en termes d’origine, de respect de la réglementation, ou de prise en compte de référentiels techniques exigeants doivent être évités, dans la mesure où ils laissent planer une incertitude sur la sécurité de l’utilisateur final.
Sur quels points les industriels doivent-ils encore faire des efforts ?
Les industriels du Synamap ne ménagent pas leurs efforts. Ils travaillent quotidiennement à améliorer leurs produits tout en respectant les référentiels techniques les plus exigeants. Ils sont, par ailleurs, engagés dans des actions –formations, élaboration de fiches expertes, etc.– visant à mieux faire connaître les principes généraux de prévention et à améliorer le niveau d’information du marché.
Quand on sait qu’entre 1956 et 2006, grâce aux efforts conjugués des acteurs de la prévention et de la protection, le nombre d’accidents de travail a diminué de 34%, pour passer de plus d’un million à 700 000 (alors que le nombre de salariés était multiplié par 2) et que le nombre de décès a été divisé par quatre, il semble difficile de leur en demander plus aujourd’hui.
©Color Concept
Les fabricants de vêtements de protection et d’EPI misent aussi sur la personnalisation des produits, avec de nombreuses couleurs désormais disponibles, la possibilité d’y apposer des mentions spécifiques, des marques, des logos, etc.
À titre d’exemple, Lemaître Sécurité avec Color Concept propose de composer ses chaussures de sécurité aux couleurs de son entreprise, avec au choix : 5 coloris de base pour la tige ; 10 coloris d’opposition (doublure de la languette et du col), un choix de coloris pour les surpiqûres et les lacets ; 3 modèles disponibles, etc. Et une personnalisation possible dès 150 paires.
L’achat des EPI et des vêtements a certes un coût pour l’entreprise. En revanche, ce coût n’est rien comparé aux avantages en termes de sécurité apportés par le port d’un EPI. Et ce coût demeurera toujours moins élevé que les indemnités à verser en cas d’accident grave ou de décès d’un salarié.
À titre d’exemple, un menuisier que nous avons interrogé à ce sujet déclare dépenser 4 370 euros par an en EPI et vêtements pour ses 11 salariés, soit moins de 400 euros par personne ; tandis qu’un carreleur avec 12 salariés sur chantiers annonce une dépense de 3 900 euros par an au total, soit 325 euros par salarié.
©Würth
Porter un EPI n’est pas obligatoire si l’évaluation des risques réalisée par l’employeur montre que cela n’est pas nécessaire. En revanche, si une nécessité de port s’impose, l’employeur doit fournir les EPI adaptés et le salarié doit les porter.
En cas de non-respect de cette règle, la responsabilité des deux parties peut alors être engagée. C’est la directive européenne 89/656/CEE du 30 novembre 1989, qui a été transposée dans le Code du travail, qui formule cette obligation de port des EPI.
Par ailleurs, côté formation, l’article R4323-106 du Code du travail précise : « L’employeur fait bénéficier les travailleurs devant utiliser un équipement de protection individuelle d’une formation adéquate comportant, en tant que de besoin, un entraînement au port de cet équipement. Cette formation est renouvelée aussi souvent que nécessaire pour que l’équipement soit utilisé conformément à la consigne d’utilisation. »
Source : batirama.com / Delphine Desprès