En finir avec la fissuration des bétons

En finir avec la fissuration des bétons

La fissuration des bétons n’est pas qu’une question de malfaçon. Plusieurs causes peuvent intervenir : désordres liés à la nature du matériau, à des sollicita­tions extérieures ou erreurs de conception/réalisation. Esthétique et solidité peuvent exister, si l’on respecte quelques règles.  




 

Le beau est à la mode. Les architectes exigent de plus en plus souvent des bétons bruts de décoffrage et les peintures ou lasures complètent très souvent la demande. Le béton est aujourd’hui fier de se montrer. Il doit être parfait, exempt de défauts, de fissurations ou microfissures. Or, trop souvent, ces derniers apparaissent rapidement après le coulage. Dans tous les cas de figure, les clients ­n’hésitent pas à mettre en cause l’entrepreneur.

 

Garantie contractuelle


Il lui incombe donc, dans le cadre de la garantie contractuelle, de trouver une solution qui risque d’entraîner un coût et parfois de lui occasionner une perte de crédibilité. Cette situation est paradoxale quand on sait que les normes de produits ou d’exécution sont censées être plus sévères que par le ­passé… mais quelles qu’elles soient, ­elles revêtent toutes un caractère structurel et aucune n’intègre l’aspect esthétique. Dans ce contexte, il devrait y avoir, justement, moins de problèmes. Pourtant, c’est loin d’être le cas… Que faire alors pour renverser la tendance ? Comment prévenir et, le cas échéant, traiter les fissurations ?

 

Source: batirama.com / Maguy Pourrat
 

Prévenir la fissuration en 4 points


Tout le monde, du maître d’ouvrage à l’entrepreneur en passant par le fabricant de béton, a sa part de responsabilité. Les torts sont donc partagés. Néanmoins, prises individuellement, toutes les causes de fissurations des bétons ne sont pas nécessairement pathogènes même si leur cumul peut conduire à de la pathologie.
2 conseils préalables :


respectez la mise en œuvre… et notamment les exigences du DTU 21. Rappelons, toutefois, que, comme le précise le DTU 13.3, “la fissuration du béton, armé ou non, est un phénomène inhérent à la nature du matériau”?.


refusez les bas prix. En effet, la qualité des bétons a un prix et le maître d’ouvrage, qui privilégie systématiquement le moins disant, en faisant fi de la technicité de l’entreprise ou des progrès faits par les bétons, doit se méfier. Car un ouvrage en béton réalisé trop rapidement et/ou à des prix défiants toute concurrence a peu de chance d’être esthétiquement parfait et surtout pérenne.

 

Point n° 1 : Respecter les ratios d’armatures

 

Le maître d’œuvre ou le concepteur ont aussi leur part de responsabilité. Les ratios d’armatures doivent être ­respectés dans les ouvrages.
• Les armatures de peau : afin d’augmenter la résistance à la traction du béton, il est nécessaire de prévoir des armatures de peau. À ce sujet, le
DTU 23.1 indique que “les murs extérieurs doivent comporter une armature de peau respectant les dispositions minimales suivantes” :

 

- section : 1,2 cm² d’acier horizontal par mètre linéaire ; 0,6 cm² d’acier vertical par mètre linéaire.
- enrobage : 3 cm dans les cas d’exposition courante ; 3 ou 5 cm dans les cas d’exposition à des atmosphères très agressives (selon présence ou non d’une protection efficace complémentaire de l’acier ou du béton).


- l’entre-axe des aciers est à adapter au projet avec un maximum de 33 cm entre deux aciers horizontaux successifs et 50 cm entre deux aciers verticaux successifs, sauf justification particulière la continuité des armatures doit être assurée suivant les règles du béton armé.

 

• Les angles de toute ouverture réservée dans un voile béton constituent aussi un point d’amorçage préférentiel des fissurations de retrait du béton. Le concepteur doit ainsi penser également à ce phénomène. Pour l’éviter, des prescriptions de mise en œuvre d’un renfort d’armatures autour des baies sont également précisées dans le DTU 23.1 :

 

 

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Point n° 2 : Arrêter de vouloir tout incorporer dans le béton

 

En effet, vouloir tout incorporer dans les planchers, dalles ou murs est pathogène et surtout contraire aux exigences du DTU 21.
Ce dernier précise bien que les canalisations, gaines, fourreaux, etc., incorporés dans les ouvrages horizontaux ou verticaux en béton doivent satisfaire, tous corps d’état confondus, les quatre exigences suivantes :
1- être situés entre les nappes d’armature, (lorsqu’elles existent), de chacune des deux faces ;
2- permettre un enrobage par le béton au moins égal au diamètre de la plus grosse gaine, avec un minimum de 4 cm ;
3- présenter, sauf localement, une distance horizontale entre elles au moins égale à leur diamètre, avec un minimum de 4 cm ;
4- au droit des croisements ou empilages localisés, ne pas occuper plus de la demi-épaisseur et permettre un bétonnage correct des zones de concentration ponctuelle de gaines au voisinage des raccordements dans les boîtiers.
Cela implique donc une amélioration considérable du relationnel entre tous les corps d’états secondaires (électricité, plomberie, chauffage…) et le gros œuvre.


fissurebeton4.jpgPoint n° 3 : Commander correctement son béton

 

Pour éviter l’apparition de fissures, il faut bien avoir en tête que le béton mis en œuvre correspond à un usage donné, lequel usage est lié à un environnement.
Ainsi, dans la définition du besoin, et donc l’établissement de la future commande, de nombreux paramètres sont à prendre en compte. On les retrouve dans l’article 6.2 de la norme NF EN 206-1 pour ce qui est des BPE. Citons la classe d’exposition qui définit le niveau d’agressivité de l’environnement et permet ainsi, dans une approche prescriptive, de répondre à un certain nombre de critères sur la composition du béton (tableau NA.F.1 de la NF EN 206-1). 


fissurebetontab4.jpg

La classe de consistance, relative à la ­maniabilité du béton, est aussi un paramètre très important lorsque l’on ­s’intéresse à la mise en œuvre. Elle est mesurée par l’affaissement au cône ­d’Abrams?:

 

 Sur les chantiers, la classe S4 est de plus en plus préférée à la classe S3 de part sa rhéologie mieux adaptée, entre autres, au béton banché. Dans une gamme de consistance plus élevée, les bétons autoplaçants se positionnent de plus en plus. Cela dit, il apparaît que les avis sont très partagés sur ces bétons et que leurs performances dépendent beaucoup des régions ou des fournisseurs de BPE.
Quoi qu’il en soit, une bonne relation entre le producteur et l’utilisateur de béton est indispensable car la palette des formulations disponibles pour un même type d’usage est importante.
Il convient également de s’assurer que le béton mis en œuvre soit le mieux adapté (choix des ciments par exemple), c’est pourquoi, dans les cas où l’entrepreneur a des doutes, il se doit d’exiger du maître d’œuvre des informations complémentaires sur l’ouvrage à réaliser afin de faire le bon choix de béton.

 

Point n° 4 : Proscrire les ajouts non justifiés

 

Même si la mise en œuvre s’est considérablement améliorée ces derniers temps, elle reste mise en cause dans de nombreux cas. Le principal coupable : l’ajout d’eau sur le chantier. Certes, il se pratique de moins en moins mais en raison de son effet particulièrement nocif sur le béton en termes de résistance, retrait, porosité et, par voie de conséquence, sur la fissuration du béton, l’ajout d’eau est strictement interdit par le DTU 21, après fabrication et avant mise en place, sauf justification particulière. C’est une raison supplémentaire pour laquelle les bétons S4 sont de plus en plus choisis vis-à-vis des bétons S3, dont la plage de rhéologie n’est pas toujours adaptée à certains bétons de voile. 

 

 

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