L'usufruitier d'un bien doit l'entretenir afin de ne pas lui faire perdre de la valeur, sous peine de perdre ses droits. De fait, la Cour de cassation a admis qu'une veuve, qui n'entretenait pas du tout la maison dont son mari lui avait légué l'usufruit, soit dépossédée de son usufruit par le juge.
L'usufruit est le droit de profiter d'un bien, de l'utiliser, d'en percevoir les revenus et d'en payer les charges alors qu'il appartient à un "nu-propriétaire", auquel ne reviennent que les dépenses de gros travaux. Mais la loi a prévu que l'usufruitier, dont le droit est destiné à revenir automatiquement un jour au nu-propriétaire, que ce soit à son décès ou à une date convenue, devait prendre soin de ce bien afin qu'il ne reste pas qu'une ruine ce jour-là. Ainsi, selon la loi, l'usufruit peut cesser si l'usufruitier abuse de sa jouissance, soit :
– en commettant des dégradations,
– ou bien en laissant dépérir ce qui lui a été confié.
Dans le cas qui nous occupe, la veuve n'utilisait pas la maison dont elle avait l'usufruit, ne l'entretenait pas, et le nu-propriétaire s'en plaignait, arguant légitimement de la dévalorisation qui en résultait. Les voisins aussi se plaignaient du délabrement, au point que la mairie avait dû intervenir.
Devant les dégradations, l'absence de tout entretien et les travaux lourds à réaliser pour remettre en état, la justice a prononcé l'extinction de l'usufruit, le rendant ainsi par anticipation au nu-propriétaire. L'usufruitière écartée a dû, en plus, indemniser ce nu-propriétaire pour la perte de valeur de cette maison.
Dans un cas moins grave, la loi permet aussi au juge, qui est libre d'apprécier, de rendre l'usufruit au nu-propriétaire en lui imposant d'indemniser l'usufruitier jusqu'à la date initialement fixée pour la fin de ce démembrement.(Cass. Civ 1, 2.10.2024, W 22-15.701).