Patrick Pouyanné, le patron de TotalEnergies, a exhorté Donald Trump, élu 47e président des États-Unis ce 6 novembre 2024, à ne pas remettre en cause les engagements des États-Unis sur le climat, craignant un effet délétère pour l'image de l'industrie pétrolière.
Donald Trump a élu 47e président des États-Unis le 6 novembre 2024. © Reuters
"Je préfère avoir de bonnes réglementations aux États-Unis, par exemple dans le cas du méthane", a déclaré lors d'un entretien au Financial Times le patron du géant pétrogazier, exprimant sa préférence pour une EPA (Agence américaine de protection de l'Environnement) "stricte", plutôt qu'un environnement réglementaire qui ressemblerait "au Far West".
Durant son dernier mandat, le président républicain avait retiré les États-Unis de l'Accord de Paris sur le climat ... et a promis de réitérer, après l'annulation de cette décision par son successeur ! Tout au long de sa campagne, Donald Trump a maintes fois confirmé qu'il voulait faire des États-Unis "le premier producteur d'énergie au monde" et réduire la dépendance du pays à l'égard des importations étrangères. Ce qui, selon lui, passe par l'accélération de la production d'énergies fossiles (gaz, pétrole et charbon), la fin des réglementations sur les permis de forage fédéraux et un regain de l'énergie nucléaire.
En vertu de l'Accord de Paris sur le climat, les États-Unis (mais les États-Unis du président sortant, Joe Biden) s'étaient engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de moitié d'ici 2030, comparé à 2005. Pour Patrick Pouyanné, rompre ces engagements et déréguler à outrance "n'aidera pas l'industrie" pétrolière, mais, au contraire, "la diabolisera", rendant le dialogue plus compliqué entre le secteur et l'opinion publique.
En ce qui concerne l'IRA (Inflation Reduction Act), le cadre qui soutient financièrement les investissements privés dans le domaine des technologies bas carbone, TotalEnergies s'est montré relativement confiant sur son maintien, à l'occasion de la présentation de son Energy Outlook, sa vision du monde de l'énergie à l'horizon 2050. Selon Aurélien Hamelle, Directeur Général Strategy & Sustainability chez TotalEnergies, pour "que cette loi soit remise en cause, il faudrait un congrès entièrement républicain et Chambre des représentants et Sénat [...] je ne suis pas politologue mais les commentateurs disent que c'est très peu probable". Et d'ajouter, en réponse à une journaliste sur une éventuelle remise en question du rythme de la transition aux États-Unis : "Tout le paquet fiscal de l'IRA aux États-Unis a beaucoup profité aussi à des États qui sont des États républicains, à des districts républicains".
En janvier 2021, TotalEnergies avait décidé de se retirer du puissant API (American Petroleum Institute), qui regroupe des industriels américains du secteur des hydrocarbures, en raison de divergences sur la question climatique. Le groupe lui reprochait, entre autres :
– un "soutien au relâchement de la réglementation américaine sur les émissions de méthane" ;
– Son adhésion à un groupe de pression opposé aux soutiens aux véhicules électriques ;
– Ou encore des positions éloignées des siennes sur le principe de tarification du carbone.