Cette nouvelle station sera située sur la commune de Mainvilliers en Eure-et-Loire, tout contre l’imposante usine d’incinération Orisane.
«Cet emplacement nous a contraint à une intégration architecturale, à un traitement paysager et à une attention toute particulière apportée à l’accueil du public», explique Matthieu Vermeulen, l’architecte en charge de ce projet.
Ainsi, le choix s’est porté sur un bâtiment très horizontal. Seul le toit du bâtiment d’exploitation construit à flanc de talus s’élèvera légèrement au-dessus de l’horizon, au bout de la prairie.
La station affichera des formes courbes, intégrées dans celles du terrain naturel et en harmonie avec celles des bassins.
Le maitre d’œuvre a souhaité que la station soit ouverte au public. Ainsi le projet prévoit de créer un nouveau boisement destiné à favoriser le développement de la faune et de la flore sur le site, et il se veut aussi pédagogique.
Un premier parcours, ponctué de panneaux situés à l’intérieur de la station est destiné au public autorisé cherchant de l’information. Le deuxième, plus ‘grand public’ est destiné aux promeneurs, guidés par des panneaux jusqu'à un belvédère.
Sur ce projet, une variante a été proposée afin d’exploiter au maximum la synergie offerte par la proximité de l’usine d’incinération.
En effet, la filière boues - qui constitue le plus souvent la partie la plus complexe d’une station d’épuration - retenue en base contraint l’exploitant à évacuer les boues sur la plateforme de compostage du Boullay-Thierry située près de Mainvilliers mais ce mode d’exploitation entraîne des inconvénients comme le fort coût en transport.
La variante propose donc de substituer au traitement par filtres-presses un séchage solaire des boues sur site, assuré par 6 serres solaires couplées à 3 centrifugeuses de chez Aqualter.
«Les sécheurs ont été dimensionnés pour amener les boues à une siccité de 60% à la mise en service, progressivement ramenée à 35% au fur et à mesure de la montée en puissance de la station vers le nominal», souligne Loïc Darcel, président d’Aqualter.
Et pour continuer à sécher les boues en période hivernale, le sécheur Tersolair de Aqualter utilise un plancher chauffant alimenté par une pompe à chaleur qui récupère des calories sur l’eau de sortie de la station d’épuration. «Ce système de chauffage prend ainsi le relai de l’ensoleillement lorsque celui-ci est insuffisant», ajoute ce dernier.
A la sortie du sécheur la boue séchée se présente sous forme de granulés qui ne dégagent ni odeur, ni poussière et qui ne sont plus évolutifs. Ces granulés peuvent donc être stockés, manipulés, transportés et, le cas échéant, épandus sans aucune nuisance.
Le système proposé offre de nombreux avantages par rapport à la solution de base. Ainsi, il apporte une économie substantielle dans le coût d’exploitation des boues, soit de 130 Keuros à 386 Keuros dès la mise en route.
Il légitime pleinement le choix d’implantation près d’Orisane et offre la possibilité d’un traitement multi-filières, permettant un épandage ‘propre’ très prisé en Eure-et-Loir par les agriculteurs. Il limite aussi énormément les nuisances pour les riverains.
«Face aux évolutions possibles de la législation, opter pour des boues séchées est la meilleure façon de préserver l’avenir. Ces boues sont, en effet, facilement acceptées sur les filières alternatives notamment de compostage ou d’incinération», note le président d’Aqualter.
De plus, la boue séchée produite par ce système Tersolair représente un énorme progrès si on la compare à une boue déshydratée classique, «c’est-à-dire 4 fois moins de volume, pas d’odeur, pas d’évolutivité, grande acceptabilité sur les différentes filières…», précise Loïc Darcel.
«Mais cette boue reste toutefois, au titre des règlementations en vigueur, classée comme un déchet avec toutes les contraintes d’élimination que cela implique», conclut ce dernier.