L’État veut-il sacrifier le chauffage au bois ?

Chauffage au bois : l’État veut-il le sacrifier ? © Freepik

C'est la question que posent la Fédération des Installateurs de Poêles et de Cheminées, le SFCB, le Syndicat des chaudiéristes biomasse et Propellet, l’association nationale du chauffage au granulé de bois.




La tribune "Que cherche l’État en sacrifiant l’énergie du pouvoir d’achat des Français : le chauffage au bois ?" est portée par la Fédération des Installateurs de Poêles et de Cheminées, le SFCB, le Syndicat des chaudiéristes biomasse et Propellet et l’association nationale du chauffage au granulé de bois. Ce texte alerte sur la nouvelle baisse des aides à l’installation d’appareils de chauffage au bois et appelle à une politique énergétique plus cohérente et équitable, en s’appuyant sur des arguments factuels et concrets, dont :

– un impact environnemental reconnu : le granulé de bois émet seulement 30g de CO2 par kWh, positionnant cette énergie comme une solution vertueuse face aux énergies carbonées ;

– Une énergie économique pour les foyers : avec un coût moyen de 7,5 cts€ par kWh, le chauffage au granulé de bois reste trois fois moins cher que l’électricité ;

– Un effet pervers pour la transition écologique : cette baisse d’aides intervient alors que la biomasse est reconnue comme essentielle à la décarbonation et que le granulé est produit uniquement à partir de résidus de l’industrie forêt-bois, favorisant une économie circulaire.

 

Par ailleurs, cette tribune bénéficie du soutien d’une soixantaine de parlementaires : quinze en région Auvergne-Rhône-Alpes, dix en Bourgogne-Franche-Comté et neuf en Occitanie.

 

 

 

Les aides au chauffage au bois divisées par 2 en huit mois

Quelques jours avant Noël, le gouvernement Barnier n'a pas fait de cadeaux aux Français, bien au contraire, en présentant une nouvelle baisse de 30 % des aides à l’installation d’appareils de chauffage au bois, après une première baisse de 30 % déjà appliquée le 1er avril 2024 (et ça n'était pas un poisson).

En huit mois, les gouvernements successifs ont donc décidé de diviser par deux les aides au chauffage au bois. La question se pose donc : comment expliquer qu’on sacrifie autant cette filière vertueuse indispensable à la transition énergétique comme au pouvoir d’achat des Français ?

Sur la forme, la décision a de quoi surprendre : la veille de sa démission et alors que les crédits budgétaires étaient en train d’être censurés à l’Assemblée nationale, le gouvernement Barnier a publié en catastrophe cet arrêté sans même donner le temps de mener à terme les échanges avec les professionnels.

Sur le fond, cette décision "désarçonne" : le chauffage au bois et notamment le granulé, est reconnu comme doublement vertueux : à la fois pour l’environnement et pour le pouvoir d'achat.

 

Le granulé ne rejette que 30 g de CO2 par kWh. Le bois, selon sa forme, se vend entre entre 5 et 7,5 cts€ par kWh. C’est donc une excellente énergie de substitution aux énergies fossiles ou à l’électricité qui, avec un prix au moins trois fois plus élevé pour cette dernière, continue d’alimenter 5,5 millions de foyers en maisons individuelles. © FIPC, Propellet, SFCB

 

 


L’État soutient-il encore le bois-énergie ?

Alertés il y a quelques semaines de ce projet de décision, les professionnels ont tenté de faire entendre raison aux décideurs, rejoints par plus de 60 parlementaires de tous bords, qui ont interpellé les ministres de l’Écologie, de l’Énergie ou de l’Industrie sur le risque de cette baisse sur le pouvoir d’achat des Français.

En temps de crise budgétaire, il est compréhensible que l’État cherche à faire des économies. Mais le chauffage au bois domestique ne représente que quelques dizaines de millions d’euros dans le budget de l’ANAH (à travers MaPrimeRenov) et permet à l'État de réduire le déficit d’importation des énergies fossiles (plus de 100 milliards d’euros en 2022).

Toutefois, selon cette tribune, la raison serait plutôt à chercher du côté du "bouclage biomasse", finalisé par le SGPE cet été. Selon cette institution, très influente, créée par le Président Macron, la biomasse ne serait pas en quantité suffisante pour tous les usages, faisant de la décarbonation des sites industriels une priorité contre le chauffage résidentiel au bois.

C’est oublier que le granulé et le bois bûche ne sont produits respectivement qu’à partir de résidus de l’industrie forêt-bois (favorisant une séquestration à long terme du carbone dans le bois-construction, à travers l’association des usages) ainsi qu'à partir de bois qui serait très difficilement valorisable par l’industrie.

 

Pour Éric Vial, ici en photo, le délégué général de Propellet, et tous les signataires de cette tribune, pensent qu'il est urgent que le gouvernement Bayrou revienne immédiatement sur cette décision. © Bernard Reinteau

 

Contrairement aux idées reçues, aucune forêt n'est détruite pour produire le bois de chauffage. En effet, la France dispose d'une immense surface forestière, riche en essences variées, et les prélèvements réalisés sont en réalité inférieurs à l'accroissement de la forêt. Les granulés de bois sont fabriqués avec des déchets d'élagage et des résidus de coupe ou de travail du bois (sciure et copeaux). De fait, aucun arbre n’est donc coupé spécifiquement pour produire des granulés. © Laure Pophillat




Source : batirama.com / Laure Pophillat

L'auteur de cet article

photo auteur Laure Pophillat
Laure Pophillat est rédactrice web polyvalente depuis plusieurs années. Curieuse, éclectique et investigatrice, tous les thèmes pertinents (et donc passionnants) l’intéressent ! Pour Bâtirama, elle rédige avec bonheur sur un large spectre de sujets couvrant l’entièreté de la filière BTP (actualités, conjoncture, réformes, innovations, etc.). Elle apprécie notamment réaliser des portraits de femmes et d’hommes engagés, inspirés et inspirants, dans un environnement, celui du BTP, toujours en mouvement.
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