Utilisé depuis des millénaires pour ses multiples propriétés, dont sa résistance, sa durabilité, sa souplesse et son impact écologique sur l’ensemble de son cycle de vie, le bambou fait office de matériau de choix dont les filières construction, décoration, habillement et confection d'objets du quotidien ne se passeraient plus.
Le bambou est si résistant que dans une mégapole comme Hong-Kong, il sert encore et toujours aux échafaudages, et ce depuis fort longtemps. Pour autant, les accidents ne sont pas plus fréquents, bien au contraire. © Jonas Tophoven
Après récolte, le broyat de bambou peut être utilisé pour la production de biomatériaux dans le secteur de la construction. Et au-delà des biomatériaux, la biomasse issue du bambou est également valorisable sur d’autres marchés en forte croissance, tels que la biochimie et la bioénergie pour remplacer des ressources fossiles ou fortement carbonées.
Le bambou est connu pour ses propriétés écologiques sur l’ensemble de son cycle de vie.
Le bambou ne requiert que très peu d'entretien au moment de sa pousse, et ce d'autant plus que les nouvelles pousses de bambous prolifèrent naturellement, susceptibles de grandir jusqu'à un mètre chaque jour pour atteindre des tailles moyennes allant de 5 à 9 mètres.
Le bambou est le champion de la pousse puisqu'il est le graminée ayant la pousse la plus rapide au monde. © Laure Pophillat
En sus, le bambou ne requiert qu'un faible besoin en eau, énergie et entretien (il ne consomme que 1 000 mm d'eau par an, contre 150 litres d'eau par jour pour un arbre feuillu). Bref, la plante est disponible en abondance, les forêts et plantations sont gérées durablement et la récolte ne tue pas la plante mère (rhizome).
Évidemment, le bambou, comme l'herbe, est un véritable puits de carbone : la bambouseraie absorbe 30 % du dioxyde de carbone de plus qu'un arbre. Le stockage d'un tel volume permet de libérer 30 % d'oxygène de plus que les arbres feuillus.
Le bambou est durable dans le temps, propose une très faible émission de COV (Composés Organiques Volatiles) et une longue durée de vie, y compris dans des conditions difficiles.
Disposant d'un réseau racinaire très dense, il permet de retenir le sol comme de lutter efficacement contre son érosion. Mieux encore, il le régénère, selon les principes de l'agroécologie, car sa présence élimine de fait certaines toxines, via un procédé appelé phytoremédiation.
Le bambou se substitue aisément au bois de par sa résistance jusqu'à 8 fois plus importante que la fibre de bois. © Laure Pophillat
Le bambou ne contient pas de produit toxique : étant un végétal, le bambou est entièrement biodégradable. Il participe à l'économie circulaire puisqu'il peut être facilement recyclé, réemployé, réutilisé. C'est également un substitut aux combustibles fossiles pour la production d’énergie verte.
Horizom, entreprise française spécialisée dans la culture du bambou, affirme des ambitions fortes pour 2025, après avoir planté 165 hectares de bambou à fin 2024. Déterminée à inscrire le bambou parmi les solutions concrètes pour répondre aux enjeux économiques et environnementaux qu’implique la stratégie nationale bas-carbone, l’entreprise vise la plantation de 500 hectares supplémentaires d’ici la fin de l’année. Une expansion qui reposera sur deux axes majeurs :
– la finalisation de sa bambousaie dans l’Indre initiée en 2024, où 100 000 plants de bambous additionnels seront mis en terre, soit l’équivalent de 250 ha (et dès 2030, les 350 ha cultivés au total devraient permettre de produire chaque année plus de 10 000 tonnes de matière sèche) ;
– Le développement de partenariats avec des agriculteurs du territoire à la recherche d’une solution de diversification : ainsi, Horizom recherche 40 agriculteurs dans l’Indre afin d’y cultiver 350 ha autour de sa bambousaie, tout en cherchant également à compléter ses plantations dans le grand quart Sud-Ouest (Landes, Gers, Dordogne notamment) avec 20 autres projets.
Horizom produit également ses propres plants dans sa pépinière de 7 hectares située dans les Landes. L’entreprise y mène des activités de recherche agronomique, ainsi que sur 10 ha de plantations pilotes. © Horizom
Horizom, fondée en 2022 et dirigée par Dimitri Guyot, Christophe Downey et Stéphane Alzaix, développe la filière de la culture et de la valorisation du bambou en France selon les principes de l’agroécologie. Son objectif est triple :
– produire de la matière végétale chimiquement proche du bois à destination des industriels cherchant à réduire leurs émissions ;
– séquestrer rapidement du carbone ;
– apporter aux agriculteurs une solution de diversification rentable, pérenne et résiliente.
"Fort de ses grandes capacités de séquestration de CO2, de restauration des sols et de préservation de la biodiversité, le bambou doit s'imposer comme un véritable allié naturel face au dérèglement climatique et pour contribuer à la stratégie nationale bas-carbone. Par exemple, les hectares que nous avons déjà plantés capteront jusqu’à 165 000 tonnes d’équivalent CO2 en 30 ans. Par ailleurs, la culture du bambou offre des solutions concrètes pour répondre aux besoins croissants en biomatériaux des industriels tout en permettant de réduire la pression exercée sur les forêts." explique Dimitri Guyot, cofondateur et directeur technique d’Horizom. © Horizom
Après récolte, le broyat de bambou peut être utilisé pour la production de biomatériaux dans le secteur de la construction.
Le bois de bambou est très apprécié pour ses performances mécaniques souvent supérieures aux essences de bois classiques. © Horizom
Les chaumes peuvent être utilisés sous leur forme brute, ou transformés en lamellés-collés pour différents types d’usages (lames de parquet, de terrasse, de bardage, poutres, panneaux, etc.). Le bambou peut également être transformé en panneaux de particules ou panneaux de fibres. Très similaire aux plaquettes forestières, c’est une ressource complémentaire au bois pour la fabrication d’isolants et de panneaux.
Lorsque les bambous plantés entre 2022 et 2024 auront atteint leur rendement maximum d’ici huit ans, ils produiront 5 000 tonnes de matière sèche par an à destination des industriels. Cela équivaut à 500 000 m2 de panneaux isolants, permettant d’isoler 2 500 logements de 70 m2 chaque année.
Après extraction des fibres, celles-ci peuvent être utilisées pour la fabrication de panneaux d’isolant. © Horizom
Le bambou peut aussi être utilisé comme armature dans les bétons armés. Réduit en granulats, il peut rentrer dans la formulation de bétons types "bétons de bois". © Horizom
Le bambou est une biomasse très intéressante pour la production d’énergie, étant donné sa productivité importante et son renouvellement rapide. Il a un pouvoir calorifique similaire au bois, ainsi qu'un faible taux de cendre par rapport à d'autres agrocombustibles. © Laure Pophillat
La construction biosourcé
Le bambou est connu pour ses propriétés écologiques sur l’ensemble de son cycle de vie, mais sait-on que le broyat de bambou peut être utilisé pour la production de biomatériaux dans le secteur de la construction ?