La moitié des habitants des grands centres urbains de France n'ont pas accès à un espace vert public à moins de cinq minutes de marche à pied de leur domicile, ainsi que le révèle une récente étude de l'Insee.
Les métropoles les plus peuplées (200 000 habitants et plus) offrent dans leur ensemble la meilleure proximité des squares, parcs et jardins, selon ces travaux inédits couvrant les 72 grands centres urbains de France métropolitaine, soit 770 communes représentant 26 millions d'habitants.
De fait, la part des habitants vivant à moins de 300 mètres d'un espace vert d'au moins 1 000 m2 s'élève à 60 % à Paris, contre 34 % dans les grands centres urbains moins peuplés et moins denses, détaille l'Insee.
C'est à Dijon, Paris, Bordeaux ou Le Havre que les espaces verts sont le plus rapidement accessibles, quand Quimper, Nîmes ou Aix-en-Provence sont les moins bien lotis, selon ces critères qui ne prennent pas en compte les "espaces bleus" comme le littoral, ni les espaces verts privés.
Rien d'étonnant pour la ville de Paris, qui s'est lancée dans un reverdissement général, notamment avec ses "forêts urbaines" :
– au cœur de la place de Catalogne, Spie Batignolles Paysage a réalisé une forêt urbaine de 4 000 m2, dont 800 m2 de clairière, offrant ainsi un îlot de fraîcheur au 14e arrondissement ;
– Au Bois de Charonne, une deuxième forêt urbaine est censée répondre notamment aux enjeux du réchauffement climatique ;
– Et, enfin, une forêt urbaine est en train de naître sur le parvis de l'Hôtel de Ville.
À La Seyne-sur-Mer (Var), 12 % de la population seulement vit près d'un espace vert, tandis qu'à Creil, commune de l'Oise entourée de forêts, cette part s'élève à 75 %. De fortes disparités qui s'expliquent en partie par des spécificités géographiques : la majorité des centres urbains peu denses sont entourées de vastes forêts publiques, et les autres "compensent leur manque de végétation environnante par l'implantation de parcs et jardins", comme l'explique l'étude qui s'appuie sur la cartographie d'OpenStreetMap et les données géographiques de l'IGN.
L'analyse "ne vise pas à distribuer des bons et mauvais points, mais à mesurer la capacité des villes à donner un accès immédiat à la nature", qui selon l'OMS joue un rôle essentiel pour la santé publique et le renforcement des liens sociaux, a expliqué à l'AFP Martin Chevalier, le chef de la division Statistiques et analyses urbaines à l'Insee. "Ce ne sont pas les grandes forêts périphériques qui vont le plus aider à atteindre cet objectif, mais davantage le petit parc de proximité", a-t-il souligné.
Ramener la nature en ville constitue un "enjeu majeur des politiques publiques" des collectivités locales, dont certaines mettent par exemple en œuvre la règle du "3-30-300", selon laquelle chaque habitant doit voir au moins trois arbres depuis sa fenêtre, dans un quartier avec 30 % de canopée et habiter à moins de 300 mètres d'un espace vert.