Le bistre : trop collant pour être honnête !

Le bistre : trop collant pour être honnête !

Peu de temps après des travaux d’installation d’une cheminée à insert, du bistre (goudron noir) est rapidement apparu au travers du conduit d’évacuation existant. Une forte odeur de goudron a incommodé les occupants de la chambre traversée par ce conduit. Que s’est-il passé ; pourquoi cela était-il prévisible ?









Les propriétaires du pavillon avaient fait installer une cheminée à foyer ouvert dans leur habitation dès la construction de cette dernière. Afin de disposer d’un équipement plus performant sur le plan thermique, ces propriétaires ont souhaité faire installer une cheminée neuve avec insert. Une entreprise spécialisée dans le montage de cheminées s’est donc vue confier la réalisation d’une cheminée avec cet équipement, y compris toutes les pièces utiles à son raccordement.

Formation de goudron
insertbistre2.jpgDès les premières utilisations, les propriétaires se sont plaints d’émanation d’odeurs de gaz brûlés et ont constaté rapidement l’apparition de tâches brunâtres sur le papier peint d’une pièce traversée par le conduit. Le phénomène s’est amplifié au fur et à mesure de l’utilisation de la cheminée, leur procurant, outre une gène visuelle, un sentiment d’insécurité. En la matière, la sécurité des personnes (toxicité et risque d’incendie) étant effectivement menacée, cette cheminée ne pouvait manifestement plus être utilisée en l’état. Ces propriétaires ont donc fait appel à leur installateur pour analyser et remédier à cette situation désagréable.

Le bistre : un résidu tenace
Le conduit existant, constitué de simples boisseaux en briques, ne disposait pas de tubage métallique. Lors de l’utilisation de l’ancienne cheminée, il est probable que du bistre s’était déjà déposé sur les parois dans les parties les plus froides. Ce dépôt est un phéno­mène bien connu de condensation des goudrons et des imbrûlés contenus dans les fumées. Il peut être ­d’autant plus important en cas de mauvais tirage dû à des défauts de conception des conduits (section ­insuffisante, isolation faible, dévoiement de conduit au-delà de 20°, rugosité prononcée…). L’utilisation de bois de combustion trop vert et un ramonage annuel inefficace ne peuvent qu’aggraver le phénomène, voire y être à l’origine.

Température élevée
L’installation d’un insert a eu pour effet d’augmenter la température dans la hotte mais aussi à la base du conduit ; ce qui a provoqué la liquéfaction du bistre recouvrant les parois. Ce goudron liquide est ressorti par les joints entre boisseaux qui n’étaient pas suffisamment étanches (microfissuration du mortier de ciment standard inadapté) et a favorisé l’échappement de gaz de combustion désagréables. Des coulures de bistre provenant du conduit maçonné sont également perceptibles directement le long du raccord métallique de la hotte.
L. Drillet Socabat Rouen, Fondation Excellence SMA

Que fallait-il faire ?
Quelle que soit la nature des travaux qui sont réalisés sur des ouvrages existants, la première des précautions consiste à identifier clairement ces ouvrages par un diagnostic précis afin d’en évaluer l’état et la conformité aux textes applicables. En l’espèce, l’observation de l’intérieur du conduit existant aurait permis de détecter la présence de résidus goudronnés Des tests avec des bombes fumigènes permettent d’apprécier l’étanchéité du conduit. Un ramonage vigoureux et sérieux et le choix d’un tubage se seraient ainsi naturellement imposés. À ce stade, les propriétaires auraient parfaitement compris la nécessité des travaux supplémentaires. Quelles que soient les investigations entreprises et surtout si le conduit est ancien, il est fortement recommandé de prévoir un tubage toute hauteur. Il assure une bonne étanchéité, permet un ramonage efficace, se révèle isolant et évite ainsi la formation de bistre.

En savoir plus      
• Fiche pathologie du bâtiment “Désordre touchant les conduits de fumée - bistrage et souches” et sur internet : http://www.smabtp.fr (espace prévention) ;
• DTU 24-1 Travaux de fumisterie et DTU 24-2 cheminées ;
• Série des normes Françaises - Européennes de la série P51 : à titre d’exemple on pourra retenir la NF EN 1806 (P51-311) pour les cheminées en boisseaux de terre cuite.

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