En quelques secondes, tels des dominos, les 15 étages de la barre datant des années 60 se sont affaissés sous les applaudissements d'un millier d'habitants réunis à l'extérieur du périmètre de sécurité, en présence de la ministre du Logement Sylvia Pinel et de la secrétaire d'Etat à la Politique de la ville, Myriam El Khomri.
Mme Khomri était venue signer le nouveau contrat de ville Métropole de Lyon, portant sur le "développement économique et l'emploi", la "cohésion sociale" et "l'amélioration du cadre de vie et le développement urbain".
Depuis l'évacuation et le relogement en janvier 2014 par l'Opac du Rhône des 339 ménages de la barre, onze mois de travaux ont été nécessaires pour retirer les aménagements intérieurs, désamianter le bâtiment et retirer une partie des murs porteurs afin de fragiliser la structure. Il en faudra quatre autres maintenant pour évacuer les 5 000 tonnes de "gravats de béton propre", dont près de 3 000 serviront aux fondations du nouveau quartier. Coût total de la démolition : 13 millions d'euros, dont 4,8 financés par l'Opac du Rhône.
En 2003, la Duchère comptait 86% de logements sociaux, dont certains très dégradés. Depuis, neuf barres abritant près de 1.600 familles ont été démolies, tout ou partie, dans le cadre d'un Grand Projet de Ville (GPV).Au total, 1 850 nouveaux logements "diversifiés", du HLM à la copropriété en passant par la résidence étudiante, auront vu le jour d'ici 2018 au Plateau, coeur de cet éco-quartier, labellisé en 2013 par l'Etat. Pour un investissement de 750 millions d'euros, aux deux tiers public.
"On a recomposé ce quartier avec des grands espaces publics, des jardins... Aujourd'hui La Duchère est une ville qui baigne dans la nature", s'est félicité le sénateur-maire de Lyon Gérard Collomb. "Nous allons mainenant travailler sur les deux derniers quartiers du Château et de la Sauvegarde", a-t-il dit.
"J'ai un petit pincement au coeur, c'est une page qui se tourne", confie Dalila, une mère de famille de 35 ans qui a vécu pendant neuf ans dans cette barre jusqu'en 2014 et l'évacuation de ses habitants. "Grande émotion" aussi pour la maire de Paris, Anne Hidalgo, invitée à assister à cette "page nouvelle" pour avoir passé son enfance dans ce quartier.