Les industriels du chauffage et de la production d'eau chaude sont contre le nouveau système d'étiquettes énergétiques proposé par la Commission Européenne le 15 juillet dernier. La commission a en effet publié une proposition de règlement européen visant à modifier et à clarifier l'étiquetage énergétique et abrogeant au passage la Directive 2010/30/UE qui a précisément créé ces étiquettes énergétiques.
Quel est le problème ? L'étiquetage énergétique a tout d'abord été appliqué aux appareils ménagers et, progrès technique aidant, les catégories A (la meilleure) à G (la moins bonne) ont vite été dépassées et il a fallu créer de nouvelles catégories A+, A++, puis A+++ en 2010.
Aujourd'hui, observe la Commission Européenne, la plupart des produits se trouvent dans les catégories A à A+++ et il n'y en a plus dans les catégories inférieures. Or, dit-elle, il faut prévoir que les progrès en termes d'efficacité énergétique des appareils vont se poursuivre et, plutôt que d'introduire des catégories A4+, A5+, …, elle propose de remettre de l'ordre dans le système en rétrogradant tout les appareils dans une hiérarchie de A à G et en ré-étalonnant leur efficacité énergétique.
De plus, pour ménager de la place au futur progrès technique, la Commission prévoit que lorsque l'étiquetage est appliqué à un nouveau groupe de produits ou lors d'un ré-étalonnage, aucun produit ne devrait initialement se trouver dans les catégories A ou B de manière à ménager au moins dix ans d'évolution technique possible.
Du coup, les règles de l'étalonnage doivent être sévérisées et une base de données européennes sur les produits étiquetés sera établie. Enfin, le ré-étalonnage aurait lieu tous les dix ans environ.
En éclairage, le ré-étalonnement descendrait les appareils classés A aujourd'hui en classe E, y compris les meilleurs luminaires à Leds.
Par conséquent, les industriels ont fait leurs calculs et hurlent qu'on les assassine. En effet, appliqué à l'éclairage, par exemple, le ré-étalonnage conduirait à rétrograder les luminaires Leds de la classe A à la classe E, toujours dans le but d'assurer 10 ans de progrès possible dans le cadre du même référentiel d'étiquetage.
Même chose pour les appareils de production d'ECS et les générateurs de chauffage : les A d'aujourd'hui deviendrait E dans le nouveau référentiel. Trois organisations européennes qui rassemblent les industriels du secteur – EHI (European Heating Industry), EPEE (European Partnership for Energy Efficiency) et Lighting Europe ont publié une déclaration commune expliquant que cette proposition de règlement est mal venue.
Tout d'abord, soulignent ces organisations, comment expliquer aux consommateurs que les meilleures solutions du moment se retrouvent en classe E, tandis que les classes A, B, C et D seraient vides au moment de l'instauration du nouvel étiquetage ?
Qui va acheter un appareil étiqueté E, même si l'on explique que c'est ce que l'on trouve de mieux ? Ensuite, poursuivent-ils, le problème des classes A+ à A+++ est limité à l'électroménager.
Pourquoi pénaliser tous les autres produits en appliquant la même recette uniformément ? Bref, les industriels européens ne sont pas d'accord du tout. La Commission Européenne poursuit sa concertation jusqu'en Octobre et devrait alors dévoiler sa proposition finale. En attendant, elle a énervé tout le monde.
Il faut garder une unité dans la représentation des consommations des équipements. En effet même s’il n’y a aucun rapport entre la consommation d’un four, d’une chaine Hifi ou d’un chauffe-eau, il paraît nécessaire que la signalétique représente les consommations afin que les consommateurs aient une idée de ce que cela peut représenter. Cela pourra engendrer une prise de conscience sur les actions en vu de réduire nos consommations. Ça va dans le sens de « la loi sur la transition énergétique pour la croissance verte ».
"les industriels ont fait leurs calculs et hurlent qu'on les assassine". Les pauvres on va les plaindre...
- -
En attribuant, à un moment donné, la lettre A au meilleur matériel, nos technocrates ont tout simplement pris la cotation dans le mauvais sens! Aucune difficulté ne se serait posée si on avait donné la lettre A ou le chiffre 0 aux matériels les moins performants : le A+++ serait à présent devenu le J ou le 9. On aurait donc le temps de voir passer les révolutions technologiques, surtout avec les chiffres! Mais bon, je ne fais pas partie des têtes pensantes de la commission européenne!