Bien qu’ils ne représentent que 2 % du marché*, les isolants bio-sourcés se développent très vite. Ils offrent l’intérêt primordial de ne consommer que peu d’énergie pendant leur cycle de vie. Ils sont aussi attrayants parce qu’ils proviennent d’activités locales d’élevage, d’agriculture, ou encore parce qu’ils permettent de valoriser des déchets (fibre de bois, paille, vêtements usagés…).
Performants contre la chaleur
Les qualités thermiques des isolants bio-sourcés sont sensiblement équivalentes à celles des isolants conventionnels épais, en isolation au froid. L’été, ces isolants offrent souvent de meilleures qualités d’inertie et de densité, essentielles pour éviter la surchauffe. Leur capacité à laisser respirer le bâtiment limite les moisissures, bactéries, poussières… Salués pour leurs faibles impacts sanitaires, les isolants bio-sourcés n’ont pas prouvé leur innocuité par des études sanitaires poussées. Bon nombre d’industriels engagent des procédures de validation. Les produits sous Avis technique ou certification Acermi sont de plus en plus nombreux, ce qui facilite l’utilisation de ces isolants fort séduisants.
Source : batirama.com / E. Jeanson
* (Rapport des Amis de la Terre publié en 2009)
Avis d’expert Denis Gayot* - Des isolants moins impactants
« Outre le gros avantage de leur faible énergie grise, les isolants bio-sourcés sont les moins impactants des isolants d’un point de vue environnemental. Concernant leurs effets sur la santé, nous avons assez peu de retours. Les impacts éventuels des fibres, des poussières et de certains additifs n’ont pas été étudiés par des organismes indépendants. Les sels de bore, par exemple, utilisés pour protéger contre les insectes et les champignons, sont controversés. Il est généralement admis que les fibres sont moins irritantes que celles des laines minérales, voire pas du tout ; cependant, il est conseillé à celui qui met en œuvre un produit en vrac de porter un masque. Par ailleurs, le comportement au feu des isolants bio-sourcés n’est pas suffisant pour leur permettre d’accéder facilement aux ERP. Certains montrent une sensibilité à l’humidité qui impose un pare-vapeur bien ajusté, une mise œuvre soignée. Globalement, il faut bien s’informer et privilégier les produits qui ont fait l’objet d’études sérieuses, car étant donné le peu de réglementation concernant ces isolants, les documentations commerciales ne sont pas vraiment contrôlables.
Espérons que les fabricants jouent rapidement le jeu du Pass’Innovation, mis en place par le Grenelle de l’Environnement, qui permet aux entreprises et aux assureurs de disposer rapidement d’une première évaluation technique des produits ou procédés. »
* Expert conseil SOCABAT
Issue du recyclage de découpes de bois en scierie, elle est utilisée sous forme de panneau ou de rouleau et se pose en simple couche.
Elle est élaborée à partir de fibres et de lignine de bois (méthode humide), ou à partir de fibres de bois et de polyester, ou de polyuréthane (procédé sec), pour en faire un matelas fibreux souple. Elle reçoit différents additifs (polyester, coton ou autre) pour en faire un matelas fibreux, et des adjuvants pour lier les fibres entre elles afin de conformer des panneaux plus ou moins souples (latex…).
Ses caractéristiques sont les suivantes :
• masse volumique variable, de 50 (λ = 0,036 W/m.K) à 200 kg/m3 (λ = 0,050 W/mK).
• épaisseur indicative pour R =?5 : 180 mm environ.
Pose de panneaux flexibles :
Ils doivent être installés en compression afin d’assurer un maintien parfait et de limiter les ponts thermiques. La largeur et la longueur de chaque panneau doivent être surdimensionnées de 5 à 10?mm par rapport à l’espace à isoler.
- Fixer les rails métalliques au sol et au plafond. La distance mur-rail correspond à l’épaisseur de l’isolant plus une marge de 5 à 10 mm.
- Les montants métalliques sont positionnés tous les 60?cm, puis les panneaux glissés derrière horizontalement et serrés pour éviter les ponts thermiques. Pour parfaire l’étanchéité en périphérie, utiliser un mastic silicone aux jonctions avec le sol et le plafond.
- Passer les diverses gaines entre l’isolant et le parement de finition.
- Poser un pare-vapeur.
- Fixer les montants et poser la finition plaques de plâtre.
Intérêts : régule naturellement l’humidité. Bonne inertie thermique, pour le confort d’été. Facile à poser.
Agréable au toucher. Marquage CE.
Limites : sensible à l’humidité. Équipement recommandé pour les travaux de longue durée. Classement au feu E.
Illustration : Victor Equoi d'après document Isover
Solution n°?2 : La plume de canard
La “laine” est obtenue à partir de plumes de canard et de 20 % de liants au minimum, laine de mouton traitée anti-mite et fibres de polyester thermo-fusibles. Les plumes sont stérilisées et liées thermiquement.
Elle est utilisée sous forme de rouleaux, panneaux ou vrac. La conductivité thermique varie de 0,035 W/m.K à 0,042 W/m.K
Épaisseur indicative pour R =?5 m2.K?/ W : 200 mm
Pose verticale de rouleaux semi-rigides :
- le rouleau se coupe aisément avec des ciseaux de tapissier ou un cutter. Compressé à l’emballage, il reprend son épaisseur nominale au bout de quelques jours. Il faut donc penser à ”réserver” cette épaisseur ;
- mise en œuvre avec des fixations mécaniques traditionnelles ou des colles spéciales isolants ;
- encoller par plots la face non tissée (voile de polyester perforé visible), avec environ 4 unités par m2. Démarrer du haut ;
- sur un mur ancien, des tasseaux sont vissés, désolidarisés du sol et du plafond. Puis l’isolant est vissé dessus.
Intérêts : régule l’hygrométrie. Insensible à l’eau. Garde son volume et sa forme d’origine. Haut coefficient d’absorption acoustique. Garanti sans matières allergènes (acariens...). Pas d’irritation pulmonaire ni de contact. Valorise un déchet.
Limites : Comportement au feu non déterminé. Traitement antimite et fongique avec des produits aux effets potentiellement nocifs.
Illustrations : Victor Equoi d'après documents Isover
Dans une construction à isolation thermique répartie (ITR), l’élément de maçonnerie, de par sa structure interne, a une fonction 2 en 1 : il assure en plus de son rôle porteur, la fonction d’isolation thermique rendant caduque l’ajout d’une isolation thermique intérieure ou extérieure.
La laine est obtenue par effilochage et expansion des fibres de chanvre, qui sont additionnées d’un liant chargé d’assurer la tenue mécanique (entre 10 et 25 %), en polyester ou en laine de mouton. Dans ce cas, des traitements sont nécessaires contre la prolifération des insectes. Certains isolants en laine de chanvre reçoivent un traitement additionnel ignifuge. La laine est présentée sous forme de rouleaux, panneaux semi-rigides ou en vrac. La conductivité thermique varie de 0,039 à 0,045 W/m.K. Épaisseur indicative : 2 x 100 mm donnent un R = 5.
La pose de panneaux ou rouleaux sur rails métalliques ou sur montants en bois :
ceux-ci sont fixés aux mêmes intervalles de 60 cm.
La mise en œuvre se déroule comme pour les laines minérales.
La compression latérale facilite la tenue et évite les ponts thermique, elle doit être légère (+10 à 20 mm) au risque d’atténuer les performances thermiques du matériau. Sécuriser par un agrafage et la pose d’un pare-vapeur, indispensable (raccords au ruban adhésif).
Intérêts : matériau très durable et réutilisable. Résiste aux insectes et aux rongeurs. Pas d’effet néfaste connu sur la santé. Bon pouvoir d’isolation acoustique. Régulation naturelle de l’humidité de l’air.
Limites : non traité contre l’incendie, réaction au feu F. Adapté aux lieux sains, secs et ventilés. Port d’EPI recommandé.
Illustration : Victor Equoi d'après document Isover
Solution n°4 : La ouate de cellulose
Provenant de journaux déchiquetés et broyés, elle reçoit un traitement ignifuge, antifongique et insecticide aux sels de bore.
Commercialisée en vrac, en panneaux ou rouleaux, la ouate est intéressante à utiliser en flocons, moins onéreux. Elle est insufflée ou projetée avec le même appareil, dont la longueur de tuyau évite le déplacement. Sa conductivité thermique à l’état sec varie de 0,035 à 0,041 W/m.K suivant la densité (50-65 kg/m3 en insufflation, 40-50kg/m3 en projection).
- Mise en œuvre par projection, avec une petite quantité d’eau, entre les lattes du mur:
le pistolet assure l’alimentation en produit et en eau. Le support est humidifié juste avant la projection pour améliorer l’adhérence des fibres (humidité de 45 % à 50 %). L’épaisseur, projetée en deux ou trois passages, est supérieure d’environ 10 mm à celle des lattes. Le surplus est arasé. Les plaques de plâtre sont montées après séchage complet.
- Mise en œuvre par insufflation dans les cavités : Le remplissage s’effectue de bas en haut, par le haut de la lame d’air, ou par des orifices percés dans la cloison intérieure.
Intérêts : recyclage de déchets. Tenue au feu après traitement : certains produits sont non inflammables. Sous forme de flocon, allie facilité de mise en œuvre et un coût comparable aux isolants traditionnels. Ne contient pas de liant. Évite les ponts thermiques. Bon isolant acoustique. Non irritant.
Limites : protection des fenêtres, boîtes électriques, etc. par un film agrafé ou un adhésif. Matériel à louer, donc plus intéressant pour de grandes surfaces. Port d’équipements de protection. Sensibilité à l’humidité.
Mention spéciale à la paille, matériau utilisé brut, en botte, dont le coût est imbattable et la tenue au feu tout à fait satisfaisante, selon un essai récent mené au CSTB, qui a délivré un avis favorable à sa mise en œuvre dans un bâtiment scolaire des Hauts-de-Seine.
À lire: “Le grand livre de l’isolation”de Thierry Gallauziaux et David Fedullo.Editions Eyrolles.