Les marchés du bois en France se réorganisent comme ils peuvent. Le Bâtiment veut bien croire à un frémissement et certains acteurs se réjouissent du déblocage de projets initialement prévus pour 2015, mais de nombreuses structures sont exsangues et la concrétisation des autorisations, pour peu qu’elles soient vraiment en hausse, prendra encore du temps, trop de temps parfois.
On voit aussi émerger de nouvelles formules, de nouvelles ambitions, de nouvelles démarches et de nouveaux produits. Cela fait du bien à un événement dont l’inertie intrinsèque a été aussi un antidote.
Car, tous les deux ans, le Carrefour fait sortir de leur tanière quantité d’acteurs invisibles, assez loin des notions courantes de R&D et de marketing, mais qui savent faire le gros dos. C’est l’un des fonds de roulement du salon. En cherchant un peu, on trouve aussi de l’innovation.
Chez l’Allemand Mocopinus, la fusion de la branche couleur de Moco et de la branche bois Pinus semble avoir redynamisé l’entreprise familiale fondée à Ulm il y a un siècle et demi.
L’entreprise transforme du bois du Nord en appliquant ses propres solutions de peintures et surtout de lasures, à destination du marché des façades, de l’aménagement extérieur et des lambris. En bardage, le R3D est un faux claire-voie vertical en mélèze, composé de trois éléments différents permettant de générer des effets structurés.
Développé à l’initiative de Yann Haffner, de l’équipe française, cette solution innovante est proposée en mélèze naturel ou pré-grisé. Même inventivité pour les lambris grande largeur qui évoquent, de façon saisissante, des bois vieillis d’anciennes façades.
Kronofrance est devenu Swiss Krono et le roi français de l’OSB se positionne aussi avec la gamme One World comme un challenger de Egger.
Pas question de mélaminer l’OSB pour autant. Et côté OSB, les choses évoluent peu. En Allemagne, le panneau est pris en compte comme frein vapeur.
En France, non, il faudra ajouter un pare-vapeur, ne serait-ce que parce que le panneau contrevente l’élément d’ossature bois côté extérieur.
Gascogne renaît et a investi dans une ligne unique en France d’aboutage associée à un scanner Luxscan qui permet, à la demande, de masquer l’aboutage par le choix automatique de pièces de bois à veinage similaire.
La production actuelle est encore en rodage autour de 70 m3/jour. A terme, elle devrait monter à 100 m3 en 2/8 pour une production de 25 000 m3 par an, en visant notamment le marché des carrelets.
KLH est le leader historique et international du CLT, talonné désormais en termes de capacité de production par Stora Enso et Binder, autour de 90 000 m3 annuels. Le marché mondial a crû de façon soutenue jusqu’à 500 000 m3, puis a stagné il y a un an ou deux.
A présent, il semblerait repartir.dans le monde et plus modestement en France, où KLH relève un réveil de la demande depuis avril. Chez Stora Enso, les capacités de production sont également bien exploitées grâce à des grandes opérations comme Trondheim en Norvège ou Wood City en Finlande.
Dans le hall 4, le stand collectif breton expose chez Tanguy un premier spécimen de panneau CLT suite à l’installation, dans les locaux de Tot’m, d’un presse sous vide.
Jouen Frères occupe une autre partie de l’espace avec une offre de produits thermotraités. Le bardage en peuplier thermotraité semble avoir acquis sa place sur le marché français malgré l’absence de normalisation et d’Avis technique.
La dernière édition du CIB avait été marquée par le lancement de la campagne “Préférez le bois français”. Deux ans après, les supports de communication sont invisibles sur ce salon, sauf sur le stand Bois Français.
Par contre, des efforts ont été faits pour rendre plus visible l’offre française à destination de la prescription. Selon l’un des 22 prescripteurs nationaux, il est plus facile de promouvoir le bois français auprès des interlocuteurs qui connaissent peu le bois.
Quant à l’efficacité de la démarche, le président des scieurs de la FNB, Philippe Siat, estime que les scieurs français de résineux subissent, depuis quatre ans, chaque année, une baisse de l’ordre de 4% de leur activité.
Côté produit, on remarque entre autre la première certification Glulam GL24 pour du lamellé-collé de peuplier, cette essence considérée comme “le résineux du Nord de la France”.
De son côté, le hêtre a enfin obtenu sa caractérisation comme essence constructive et, sur le stand du principal scieur de hêtre français, Lefebvre, on découvre une construction totémique en lamellé-collé de hêtre assortie d’une invitation aux visiteurs professionnels du salon pour aller plus loin sur ce nouveau marché.