L’an dernier, le groupe ISB a émergé comme leadeur du bardage et des importations de bois transformé en France, cédé par le groupe Wolseley à quelques employés autour de M. Gautron.
Le businesse plan ne tablait aucunement sur une quelconque reprise de l’activité, ce qui avait le double intérêt de ne pas trop grever le prix de cession, et d’inciter les nouveaux dirigeants à chercher des améliorations ailleurs, notamment en productivité.
Un an après, M. Gaudron annonce à l’occasion du CIB que le marché évolue nettement mieux que prévu. Le planning de développement a donc été resserré, la conquête de l’Est de la France et de l’Europe se profile à l’horizon et d’autres grands projets sont en gestation, mobilisant l’ex chef du marketing Gwenaël Lees, tandis que Sébastien Levenez, ancien patron de Metsä Wood France, a repris les fonction de directeur commercial, marketing, communication et développement.
Les affaires reprennent-elles donc, ou bien est-ce le pessimisme qui s’avère excessif ? Les deux premières journées du salon, couplées avec les données statistiques disponibles, ne permettent aucunement de dégager une tendance claire, d’autant que le marché du bois, et même du bois dans la construction, se compose de nombreux segments.
Selon le leader ISB, le bardage a progressé de 3 à 4% depuis janvier. Mais cela ne veut pas dire grand chose, tant les années passées ont été marquées en cours d’année par des retournement de conjoncture.
L’attitude des acteurs est celle des joueurs qui, à la roulette, misent sur pair parce que impair est sorti trop de fois de suite. On est dans la psychologie, même si le mental semble prendre le pas sur la réalité tant tout devient une affaire de motivation sur un secteur d’activité où l’appât du gain devient illusoire.
Il faudrait en fait prendre le marché à l’envers, partir du projet signé, de la demande concrète et ponctuelle, et remonter vers une production dotée d’une grande flexibilité et réactivité. Virtuellement, on n’est déjà plus très loin de formes de prescription en ligne, interactives, adaptant les solutions techniques et les produits choisis aux disponibilités de toute la chaîne.
De fait, le marché avance pas à pas vers une nouvelle configuration. Pour l’heure, on distingue encore entre industriel, négociant et entreprise. Les fournisseurs comme ISB ou France Poutre font aussi du négoce à destination du négoce, les négoces proposent des prestations industrielles, tout cela n’est pas nouveau.
Chacun cherche sa place et pour l’heure, la mission de chaque maillon est presque confortée par le crise : ISB fait son travail d’industriel en améliorant la productivité de ses rabotteries, les négociants agissent en utile écran financier.
Par ailleurs, toute la superstructure des normes et réglementations, des financements, impose une certaine inertie. Le Bâtiment 4.0, à l’instar du slogan allemand qui décrit l’évolution de la productivité dans l’industrie du meuble. La construction connectée, c’est pour après-demain, mais en attendant, les acteurs les plus malins exploitent les marges de progrès qui se présentent.
La crise a affaibli les compétences des entreprises mais cela constitue aussi une opportunité. Les industriels-distributeurs comme ISB ou France Poutres et tant d’autres ne se contentent pas de proposer aux points de vente une offre large et une disponibilité des produits.
Ils développent des outils de calcul, de prescription, de chiffrage. Un compagnon qualifié aura eu ses automatismes quant à la prescription de madriers en solives. Un compagnon moins qualifié mais bien épaulé franchira peut-être plus facilement le pas des solutions innovantes comme le sont encore souvent les poutres en I, dès lors qu’il dispose d’abaques pédagogiques.
S’il est parfois utile de saisir les opportunités générées par les changements induits par la crise (ou tout simplement l’évolution des choses), il est toujours d’actualité de soigner ses basiques. Dans le cas des fournisseurs, ce sera la R&D et l’innovation.
Proche de la matière brute, le CIB ne brille pas par les nouveautés. Mais parmi les 530 exposants, il y a quand même du nouveau éparpillé. Ainsi, Wolman propose un traitement autoclave de bardages en douglas non purgé d’aubier.
Le Flamand Martens réussit à produire sur des panneaux muraux de 5x2 m, et de façon saisissante, l’effet de vieux bois. Le cru 2016 du CIB est surtout marqué par des évolutions intéressantes sur le plan de la décoration et de la finition.
Pour ce qui est de la structure, on notera que Metsä Wood, roi du LVL avec son générique Kerto, réagit à l’arrivée massive d’une offre concurrente en Europe, en lançant une troisième catégorie de Kerto.
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Au-delà de la technique être fier de s'engager dans des valeurs fortes et sincères qu'offre les métiers du bois !