Ce décret déclare "d'utilité publique et urgents les travaux nécessaires à la réalisation des lignes ferroviaires à grande vitesse Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax entre Saint-Médard-d'Eyrans (Gironde), Saint-Jory (Haute-Garonne) et Saint-Vincent-de-Paul (Landes)".
Par conséquent, dans ces zones, les expropriations nécessaires devront être réalisées dans un délai de quinze ans maximum. "Le maître d'ouvrage devra, s'il y a lieu, remédier aux dommages causés aux exploitations agricoles", est-il précisé.
Le secrétaire d'Etat aux Transports, Alain Vidalies, avait annoncé le 26 septembre que le gouvernement avait validé la réalisation de ces deux LGV dans le cadre du Grand projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO), et ce malgré l'avis négatif, à caractère consultatif, rendu par la commission d'enquête publique.
Il avait saisi le Conseil d'Etat pour avis qui a validé le 25 mai le projet de décret.Le projet doit mettre Toulouse à un peu plus de 3 heures de Paris en 2022, contre au moins 5h20 aujourd'hui. Le coût des nouvelles lignes est estimé à 8,3 milliards d'euros, avec des hypothèses de mise en service en 2024 pour Bordeaux-Toulouse et en 2027 pour Bordeaux-Dax.
Le Cade, un collectif d'association qui s'oppose à cette ligne, souligne : "alors que les finances publiques sont exsangues, que la France croule sous les déficits, que l'entreprise SNCF affiche un déficit abyssal de 50 milliards d'euros, que la mise en service de la LGV Tours-Bordeaux sera déficitaire pour l'opérateur ferroviaire, l'Etat coupé des réalités économiques, n'écoute plus les citoyens et continue de valider des projets inutiles et ruineux".
Il prévient l'Etat, en agissant ainsi, qu'il "prend la responsabilité d'ouvrir de nouveaux lieux de résistance et de contestation à l'image de celui de Notre-Dame des Landes".
Environ 200 personnes, dont certaines ayant acheté collectivement un terrain sur le futur tracé pour retarder le processus d'expropriation, se sont réunies dans le sud de la Gironde pour exprimer leur opposition au futur chantier.
Les deux présidents socialistes des régions concernées, Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes et Languedoc Roussillon-Midi-Pyrénées, ont en revanche salué la déclaration d'utilité publique du projet.
"En lui accordant aujourd'hui le feu vert, le gouvernement prépare le grand Sud-Ouest du XXIème siècle, au bénéfice de ses habitants, de son économie, de son attractivité et de son rayonnement en Europe et dans le monde", estiment Alain Rousset et Carole Delga, pour lesquels le projet représentera un "accélérateur de croissance pour nos territoires"
"Il faut à présent anticiper le financement de cette grande infrastructure nationale qui assurera, au niveau européen, la connexion du réseau de la péninsule ibérique", ajoutent les deux présidents citant comme sources de financement possibles le "grand emprunt, le Plan Junker (plan d'investissement européen, ndlr) ou toute autre solution innovante" en faveur d'un "équipement public fait pour traverser les siècles".
Les deux élus se disent "déterminés à tout mettre en oeuvre afin que les délais de mise en service prévus pour les sections Bordeaux-Toulouse en 2024, Bordeaux-Dax en 2027 et Dax-Espagne en 2032 soient respectés".