Le DTU 31.2 remonte à 1989 et marque pour ainsi dire l’acte de (re)naissance de la construction bois en France. Mais à bien des égards, trente en plus tard, il est devenu obsolète.
Par exemple, le DTU 31.2 en version initiale ne se préoccupait pas de l’étanchéité à l’air. Un thème également occulté lorsque le CNDB (Centre national de développement du bois) a mis au point dans la foulée son célèbre concept constructif et la formation MBOC (Maisons Bois Outils Concepts) initiée par l’expert Christian Fanguin
Depuis, toute une génération de constructeurs bois est passée par l’école de construction bois dirigée par Christian Fanguin : le centre de formation Bois Pôle Egletons ou Bois PE. L’expert directeur est de fait l’auteur du nouvel ouvrage dédié à l’ossature bois.
Le DTU 31.2 a fait l’objet d’une première mise à jour il y a près de dix ans maintenant. Il s’agissait essentiellement de l’aligner sur les normes européennes, pour lancer ensuite une révision de fond qui n’est toujours pas achevée.
La nouvelle mouture devait enfin passer à l’enquête publique au début de cette année. Ce sera au mieux en juin, pour une parution finale au second trimestre 2018. Heureusement, certaines évolutions ont été préfigurées dans le cadre du dispositif Rage.
Elles n’ont pas exactement le même statut que lorsqu’elles sont inscrites dans le marbre des règles de l’art d’un DTU, comme le précise Christian Fanguin dans son nouvel ouvrage, tout en rappelant les démarches concrètes qu’un constructeur doit entreprendre vis-à-vis de son assureur en fonction des choix techniques plus ou moins traditionnels qu’il opère.
L’une des grandes pommes de discorde de la révision du DTU 31.2 est constituée par la question de l’intégration ou non de l’approche perspirante allemande. Que l’on se figure un peu la situation actuelle.
De l’autre côté du Rhin, le marché a basculé il y a une dizaine d’années vers une démarche qui remplace le pare-vapeur par une succession de couches dont la perméabilité à la vapeur d’eau va croissante, selon certaines règles.
En France, le DTU 31.2 dit provisoire a institué, à l’inverse, le recours à un pare-vapeur en face intérieure de l’élément d’ossature bois. Par ailleurs, l’Allemagne privilégie le contreventement par l’intérieur, ce qui permet de profiter intelligemment des propriétés de frein vapeur de certains panneaux de contreventement.
On est en présence de deux écoles. Le nouveau DTU 31.2 doit enfin fixer les règles de l’art en matière de recours à des dispositifs avec ou sans pare-vapeur, à la fois pour des solutions en contreventement par l’intérieur, et pour des solutions avec contreventement par l’extérieur.
L’ouvrage sur l’ossature bois fait suite à celui sur les toitures-terrasses en bois, publié l’an dernier par Bois PE.
Le nouvel ouvrage rédigé par Christian Fanguin anticipe la parution du nouveau DTU 31.2 en se reportant à tous les éléments connus et en misant sur un faible impact de l’enquête publique. De toute façon, le cœur de son propos n’est pas là.
Ce n’est pas un DTU 31.2 illustré. Et ce n’est pas non plus un ouvrage comparable aux nombreux autres parus ces dernières années sur le sujet, tantôt sous l’angle écologique, tantôt sous l’angle pratique ou illustré, sans oublier la « somme » d’Yves Benoît et Thierry Paradis, pour Eyrolles, sorti à l’occasion de la RT2012 et régulièrement réimprimé depuis.
La présentation de l’ouvrage a eu lieu fin avril à Paris, même s’il manquait encore 24 pages de notices techniques et que la parution effective est prévue pour fin mai 17.
Le projet se nourrit de deux sources principales. La première, ce sont les milliers de photos prises par l’équipe de C. Fanguin des trois maisons individuelles instrumentalisées correspondant au niveau RT2012, Bepas et Bepos (lors de la construction de Bois PE à Egletons).
La seconde source, outre le professionnalisme de l’artisan chevronné Christian Fanguin, ce sont les stagiaires qui viennent suivre des stages à Egletons. Les assureurs le leur demandent souvent avant d’accepter de les assurer, et l’équipe de Bois PE est donc confrontée à toutes les questions pratiques qu’un professionnel débutant peut se poser.
Christian Fanguin de Bois PE, fervent partisan de la construction artisanale.
S’ajoutent à ce cocktail quelques épices comme la maîtrise de l’infographie technique 3D déjà à l’œuvre dans les ouvrages didactiques de la mouvance MBOC avec le CNDB, ou pour l’ouvrage que BOIS PE a publié l’an dernier sur les toitures-terrasses en bois, avec une application dédiée en appui.
Pour ce qui concerne le nouvel ouvrage, sur le site de Bois PE, chaque mois, le centre de formation postera des animations 3D dédiées pour éclairer différents chapitres en relation avec ce sujet de la MOB.
Autre piment, Bois PE prend acte des problèmes de sinistralité rencontrés sur le terrain depuis 30 ans. « La sinistralité notifiée se situe plutôt sur le plan de la stabilité mécanique des ouvrages en ossature bois, ainsi qu’au niveau des platelages et des toitures-terrasses.
Dans l’ouvrage qui va paraître, nous faisons en conséquence un focus très important sur l’association de murs porteurs à ossature bois et de charpentes traditionnelles » résume Christian Fanguin
Tout a été fait pour que le nouvel ouvrage de Bois PE soit non seulement lu, mais compris et mis en application. Après la crise qu’a traversée le secteur au cours des trois dernières années, une nouvelle phase peut commencer.