Dans un contexte de redémarrage, le secteur de l’isolation et l’aménagement intérieur esquisse un sourire. Et pour cause. Crédits impôts, certificats d’économie d’énergie (CEE) et autres mesures incitatives portent leurs fruits peu à peu.
Les particuliers ont désormais le réflexe d’isoler leur habitat. Et avec un parc de plus de 35 millions de logements, le gisement reste énorme. Mais ce secteur doit aussi composer avec une nouvelle influence : celle d’un consommateur hyper informé et surtout hyper décideur.
À l’heure d’internet et du tout digital, le secteur a revu sa communication et adapté son offre pour se plier à ces exigences. Celle d’un habitat synonyme de confort, de bien-être, mais qui doit aussi être bon pour la santé.
Alors que les magasins bios ont fleuri dans les centre-villes, et que le locavore s’invite à table boostée par des scandales alimentaires à répétition, pour l’isolation et l’aménagement intérieurs, l’économie circulaire plus que tendance devient aussi un argument.
©Isover
Elle ne cesse de se réinventer. Tantôt pure, maintenant d’une couleur crème et devenue douce au toucher pour se débarrasser d’une image irritante qui lui colle aux fils, la laine minérale conserve sa place de leader en isolation intérieure.
Sous forme de laine de verre, elle est même la seule à conquérir des parts de marché notamment sur le PSE et les doublages collés. Car elle n’a cessé d’innover ces dernières années, tant d’un point de vue des performances thermiques et acoustiques accrues à épaisseurs équivalentes que du confort de pose.
La preuve : certaines commissions ont entériné la traditionnalité de ce matériau. Les premiers groupes de travail concernant le futur NF DTU 45.10 Isolation des combles par panneaux ou rouleaux en laines minérales manufacturées qu’ils soient perdus ou aménagés sont d’ores et déjà lancés. De nouvelles règles de l’art qui vont notamment s’attacher à clarifier des notions importantes telles que la mise en œuvre ou non de membrane pare-vapeur.
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L’innovation n’est pas très nouvelle. Depuis presque une décennie, les isolants sous vide tentent de pénétrer le marché Français. Leur principal avantage : la minceur. Leurs principaux inconvénients : un coût élevé, les panneaux dotés de cette technologie ne peuvent pas être recoupés, et gare aux trous dans les cloisons une fois l’isolant posé.
Néanmoins, ils apportent une performance thermique accrue (R = 4) dans moins de 6 cm d’épaisseur doublage compris. Et devraient conquérir enfin l’hexagone pour deux raisons. D’abord, le leader Isover a développé une solution – Isovip- sous Avis technique.
Ensuite, les isolants sous vide sont une vraie réponse dans les villes où le moindre mètre carré fait grimper le coût de l’immobilier. Mais également en rénovation de cages d’escaliers des bâtiments publics, quand il faut prévoir un dégagement a posteriori conformément à la Réglementation incendie.
©Placo Saint-Gobain
Avec la notion de systèmes dans l’ADN, l’isolation et l’aménagement intérieur répondent à de nombreux enjeux du bâtiment. D’abord ils ont été conçus pour diminuer la pénibilité sur le chantier, faciliter la mise en œuvre et de fait la productivité. Ils sont aussi taillés pour conquérir ou reconquérir de nouveaux marchés.
À l’instar de ces solutions visant certaines cloisons en piscines qui ont permis de pénétrer le domaine de la cuisine collective, fermée aux plaquistes jusque-là. De même, alors que l’acoustique a été phagocytée par la thermique, le marché devrait bientôt voir arriver de nouveaux systèmes idoines, clés en mains, prêts à poser, et à décliner selon les pièces à cocooner.
Et les plafonds modulaires ne sont pas en reste. Les gammes ont considérablement évolué d’un point de vue esthétique, de la diversité des matériaux et teintes, des dimensions et des performances qui valorisent ces ouvrages. Eux aussi apportent des fonctionnalités telles que le chauffage et/ou le rafraîchissement de plus en plus appréciés dans le tertiaire en alternative aux solutions par le sol.
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Plus question de passer à côté de la tendance du bio et du bon (pour la santé). Que ce soit dans l’isolation ou l’aménagement intérieur. D’abord, d’un point de vue de la qualité de l’air intérieure (QAI), ces matériaux affichent d’excellentes dispositions puisqu’ils sont désormais capables de ne contenir aucun formaldéhyde.
La plaque de plâtre sait même aujourd’hui contribuer de manière active à l’absorption de ces composés organiques volatils (Activ’Air chez Placo, Prégyplac Air pour Siniat). À condition de ne pas les recouvrir d’un revêtement inerte qui fera barrière à leur efficacité.
En outre, portés par cette tendance au vert, depuis deux ans les isolants bio-sourcés, notamment les textiles recyclés, la laine de bois ou encore la ouate de cellulose, ont le vent en poupe. Sachant que cette dernière affiche encore une sinistralité incendie non négligeable.
Des filières de collectes de déchets
En outre, pour ne pas sombrer dans l’exotisme, il vaut mieux opter pour des procédés sous Avis technique et certifiés Acermi. Mais preuve que cette tendance n’est plus à négliger, les industriels que ce soit de l’isolation ou de l’aménagement intérieur ont intégré l’éco-conception de leurs matériaux.
Et la réflexion verte va encore plus loin. Certains mettent en place leur propre filière de collecte de déchets de déconstruction pour les réintégrer dans leur production, et ce dès l’année prochaine.
Un virage incontournable quand le Cradle to Cradle (du berceau au berceau) et l’économie circulaire s’imposent déjà dans les démarches de haute qualité environnementale françaises et internationales. Un mouvement à ne pas rater, que le secteur de l’isolation et l’aménagement intérieurs a déjà enclenché.
Entretien avec Bruno Garabos, président de l’UMPI-FFB (Union des métiers du plâtre et de l’isolation de la Fédération française du bâtiment)
Bâtirama : Pourquoi, les clients sont-ils toujours friands du bio ?
Bruno Garabos : « Les réglementations ne cessent de changer devenant de plus en plus drastiques, et nos clients de plus en plus informés font leur propre choix. Nous devons donc nous adapter à ces évolutions tout en prenant aussi en compte l’aspect prix.
Par exemple, sur mon secteur géographique, les clients demandent souvent que nous mettions en œuvre des isolants à base de laine de mouton, de chanvre.
Le bio-sourcé est tendance : la laine de bois, la ouate de cellulose… Les clients veulent un habitat sain, conservant en mémoire les tristes années amiante. Ils veulent du bio et du bon pour la santé.
Afin de pouvoir les satisfaire, nous nous orientons vers de nouveaux fournisseurs et découvrons de nouvelles solutions. Les clients expriment l’envie de produits en lien avec la nature. Je leur propose par exemple, la projection de chaux, extraordinaire d’un point de vue de la conductivité thermique, naturelle, saine et qui peut présenter des propriétés pare-vapeur.
Le prix plus élevé peut-il être dissuasif ?
Comme beaucoup de ces solutions vertes, elles restent coûteuses, en effet. Si les particuliers expriment le souhait de procédés dits plus verts, ils s’orientent au final vers des solutions traditionnelles. Je rencontre aussi de plus en plus de clients sensibles à la dimension locavore*.
Ils veulent consommer des produits bio-sourcés mais aussi fabriqués sur leur territoire, qui consomment moins d’énergie en fabrication et en transport et qui du coup soutiennent l’emploi local. Ils sont sensibles à cet argument écologique et économique.
Mais dans tous les cas, quelle que soit la solution choisie il faut respecter les textes de mise en œuvre (DTU, CPT, Avis techniques….) et dans le cas contraire vérifier l’assurabilité des ouvrages. Néanmoins, il est appréciable de noter que face au parc considérable de logements à remettre à niveau d’un point de vue de l’isolation, la prise de conscience des maîtres d’ouvrage est absolue ».
*Qui consomme local
Le secteur de l’isolation et aménagement intérieurs est en pleine ébullition. Tous secteurs confondus, l ‘année devrait se terminer autour de 8 % à 10 % en volume.
Avec cependant, encore des contrastes. Ce n’est plus un scoop. La construction a renoué avec la croissance. Une bonne nouvelle pour ce secteur qui concerne encore 95 % de ces travaux contre une ITE qui elle n’affiche plus d’insolentes croissances à plus de deux chiffres.
Le collectif reste le plus porteur avec environ + 10 % de croissance pour ce secteur, quand la maison individuelle reste autour de 5 %. Et si la rénovation n’est pas en reste avec aussi un retour dans le vert, elle ne devrait pas dépasser cette année les 2 % de croissance.
Mais les industriels du cru sont plutôt optimistes, même jusqu’en 2020. Le mécanisme des CEE devant continuer à jouer, le CITE n’étant pour l’instant pas remis en cause, et le nouveau gouvernement souhaitant faire de la France le leader de l’économie verte d’après le Plan Climat de Nicolas Hulot annoncé en juillet dernier.
On ne voit pas comment cet objectif pourrait être atteint sans continuer à soutenir l’effort engagé en faveur de logements moins énergivores.
Autre solution encore peu développée en France : la projection de mousse isolante à cellules ouvertes ou fermées. Dans les combles, la solution Icynene H2 Foam à cellules ouvertes, respirante, bénéficie d'une faible densité (8 kg par m3) et d'une durée garantie en raison de sa tenue dans le temps (pas de tassement). La fusion récente des réseaux d'applicateurs d'Isolat France et Icynene, permettra au groupe, présent sur Batimat, de proposer des solutions certifiées du sol au plafond sur tout le territoire.