« L’innovation fait peur aux entreprises artisanales, mais elles font toute de l’innovation », plante d’emblée Marion Polge, sociologue rompue à l’animation de réseaux et spécialiste de l’innovation chez les artisans, durant une conférence-débat sur le thème Comment dynamiser et diffuser l’innovation dans l’artisanat du bâtiment ? Car à l’image du Monsieur Jourdain de Molière qui faisait de la prose sans le savoir, l’innovation est inscrite dans le code génétique des artisans. Ils innovent et se tiennent au plus près de l’innovation produits puisqu’ils doivent s’adapter aux demandes des clients et aux évolutions techniques de leur métier.
En réalisant plus de 50 % de leur chiffre d’affaires dans le secteur de la rénovation, « les artisans sont confrontés à des situations toujours différentes sur les chantiers, qui exigent une grande capacité d’adaptation. Ils innovent sans cesse pour résoudre des difficultés techniques, trouver des solutions sur-mesure », continue Marion Polge. Et ce ne sont pas les seuls moteurs. Exemple, l’entreprise Mabi qui s’est distinguée lors du concours de l’innovation organisé par la Capeb grâce au décapeur ergonomique qu’elle a conçu pour limiter la pénibilité du travail et les risques de troubles musculo-squelettiques (photo).
Grenelle de l’environnement, RT 2012, et en 2020 bâtiments à énergie positive (Bepos)… « le cadre réglementaire ne nous laisse plus le choix, et il existe un levier fondamental simple d’accès pour innover : la formation », tient à rappeler Dominique Lefaivre, directeur du cluster Eskalus Eureka (lire ci dessous). Ce dernier regroupe plus de 50 PME du bâtiment du Pays Basque, 10 industriels et d’autres acteurs de la construction.
Autour de trois thématiques - maîtrise de l’énergie et plan Bâtiment Grenelle, matériaux à faible impact environnemental, et matériel & process de chantier /réhabilitation secteur diffus – ce cluster du BTP du futur a développé 150 projets depuis 2002. « L’horizon 2025 va nous forcer à innover, abonde Sabine Basili, présidente de la commission des affaires économiques de la Capeb. Nous devons faire un travail sur nous-mêmes car nous n’avons pas la culture du faire-savoir mais du savoir-faire. En 2025, il faudra avoir pris conscience que nous avons des capacités à inventer de nouvelles démarches, et pourquoi pas de nouveaux produits ». Car au-delà de l’opportunité, et afin de rester compétitives sur leurs marchés, l’innovation va constituer une étape obligée pour les entreprises artisanales.
Source : batirama.com / Stéphanie Lacaze Haertelmayer
« Cluster » qui signifie « regroupement en anglais », définit un réseau d'entreprises industrielles ou commerciales du même secteur, généralement sur un même bassin d'emploi, mais pas nécessairement : entreprises interconnectées, sous-traitants, fournisseurs spécialisés, prestataires de services, institutions associées (fédérations professionnelles, laboratoires, universités, associations commerciales…).
Un cluster peut définir un espace physique, ou virtuel, de mise à disposition d'informations, de mise en commun de moyens, d'intégration de stratégies diverses, d'actions communes, etc. que se donnent plusieurs entreprises d'un même secteur et de secteurs connexes pour maximiser l'efficacité de leurs actions individuelles. Les pôles de compétence et plus récemment les pôles de compétitivité sont des politiques ou des initiatives d'animation économique reposant sur les clusters.