Légende : L’immeuble Sensation au début de l’automne 2018. ©JT
Du 3 au 5 avril, la 9e édition du Forum, bien que placée sous le signe du changement climatique, fait la part des dernières évolutions technologiques. Ces dernières années, la démarche d’AdivBois a mis l’accent sur le défi de la construction en hauteur, rejoignant en cela une préoccupation mondiale. Le Forum s’en est largement fait l’écho et le jeudi 4 avril à Nancy en début d’après-midi, AdivBois fera un nouveau point d’étape.
Pour l’heure, le niveau R+11 est atteint à Strasbourg. Ce chantier exceptionnel est en cours d’achèvement et le Forum lui consacre une intervention dans le cadre de l’atelier A1, Changer de dimension.
Cet atelier regroupe quelques ouvrages exceptionnels comme les bureaux de l’immeuble Pulse à St Denis ou l’hôtel St Alban à La Clusaz, pour mieux souligner que la construction bois est en train d’entrer dans une nouvelle phase et que la filière doit s’adapter en conséquence.
Les nouvelles frontières impliquent que les acteurs musclent davantage encore leurs capacités dans le domaine de l’étude. Certes, la genèse du Pulse s’est étendue sur une dizaine d’années. Mais la demande de bâtiments tertiaires en bois est actuellement forte et le défi du prix se relève aussi par la capacité de faire face en amont, afin que l’atout du délai d’exécution soit réel.
Les panneaux massifs en lamellé-croisé dénommés CLT n’ont pas fini de remodeler le paysage de l’architecture bois. En attendant la vague programmée et sans doute d’ampleur comparable du Lamibois, l’offre en panneaux CLT se diversifie.
L’une des évolutions les plus intéressantes se situe dans le développement des panneaux nervurés. L’approche n’est en soi pas nouvelle, prônée par KLH depuis 2006 et illustrée en France par Lignatec sur de nombreux chantiers.
A l’horizontale, les panneaux CLT nervurés permettent d’atteindre une plus grande portée à épaisseur égale. C’est le principe adopté notamment pour la tour R+7 Enjoy à Paris. Le lamelliste et grand charpentier alsacien Mathis a fait du nervuré sa spécialité, mais pas seulement à l’horizontale.
Son procédé Azurtec vise également à créer un nouveau type de parois en bois, à mi-chemin entre l’ossature bois et le CLT courant. Les « nervures » placées côté intérieur assurent la descente de charge et crée un plénum pour l’isolation.
Mais les autres acteurs du CLT ne sont pas en reste. Lignatec trouve une solution pour les toitures planes accessibles, en collaboration avec Foamglas. Schilliger et Piveteau joue la carte de la multiplication des essences notamment locales. Enfin, les Wallons industrialisent le CLT cintré, et explorent la variante sans colle qui recourt aux tourillons.
Combinaison CLT et appuis en BLC pour balcons végétalisés aux Bains-Douches de la rue Castagnary, Paris 15e.© JT
Il y a quelques années déjà, alors qu’en France tout le monde ne jurait que par le BIM, l’Allemagne lançait le mot d’ordre de l’industrie 4.0, qui se rapporte à la production connectée.
Le concept avait alors toute sa pertinence dans le domaine du meuble, mais ne semblait pas encore adapté au monde de la construction. Pourtant, les choses évoluent. Déjà, le mot d’ordre de la production connectée cède le pas, en Allemagne, à celui du développement de l’intelligence artificielle.
Dans le monde de la construction, la robotisation de la préfabrication était depuis quelques années une réalité chez Mobic en Belgique. Désormais, le concept entre dans une nouvelle phase de commercialisation. Parallèlement, dans la même mouvance, les robots se targuent désormais de tailler des ouvrages comme cela n’avait jamais été fait auparavant.
Pour l’école maternelle de l’avenue Vincent Auriol, Lignatec développe une solution conjointe avec Foamglas.©JT
La numérisation n’est pas tant une course en avant technologique qu’un impératif pour faire face au changement climatique, comme le souligne le projet européen Bertim dont le Forum tirera les conclusions.
Une acquisition de données sur des façades à rénover doit être fiable et simple et surtout s’intégrer dans une chaîne numérique qui permettra la préfabrication et facilitera ensuite le montage de la façade bois en rénovation.
Bertim est un peu la troisième tentative européenne de faire avancer la façade bois en rénovation, après deux programmes de recherche TES Energy Fassade. Le programme de recherche international aboutit au moment où l’initiative Energiesprong, également soutenue par l’Europe, se déploie en France.
Le Forum met en regard les deux démarches qui sont en fait parfaitement complémentaires. Bertim se concentre sur la préfabrication de façades isolantes en bois, tandis qu’Energiesprong intègre ces façades dans une approche plus générale visant un niveau d’énergie positive en rénovation notamment des logements sociaux.
L’Alsacien Mathis dispose d’un Avis Technique pour son concept Azurtec de panneaux CLT nervurés, de fabrication maison. ©JT
La préfabrication est une caractéristique de la construction bois d’aujourd’hui. Les chantiers forains d’il y a dix ans ont à peu près disparu. Si l’atelier B6, dédié à la préfabrication, est fortement ancré dans le domaine de la préfabrication 3D, c’est d’une part parce que le 3D est l’horizon technique de la construction bois.
D’autant que la technologie de préfabrication reste largement cantonnée dans le domaine du 2D. Pascal Chazal, fondateur d’Ossabois, est le chantre du hors-site perçu comme la révolution de la construction de notre temps. Reste à savoir si l’approche modulaire apporte quelque chose sur le plan de la neutralité carbone.
13 février 2019 : Cruard lève une crèche modulaire dans le 12e arrondissement à Paris. ©JT
Tout comme la construction zéro carbone de demain induit de nouvelles formes d’habitat, et pas forcément la réduction à des boîtes, mais plutôt de nouvelles formes de mutualisation, il est probable qu’elle s’accompagne par une évolution du travail de conception.
C’est du moins le pari que fait Metsäwood avec son approche open source, qui met la numérisation au service de la communauté internationale, notamment dans le domaine de la construction modulaire, avec des bois d’ingénierie comme le Lamibois (appelé Kerto chez Metsäwood).
Il a fallu une dizaine d’années pour remettre à jour les règles de l’art de la construction à ossature bois qui ne dataient que de 1988. L’utilisation judicieuse des techniques constructives du bois (ossature, CLT, Lamibois, caissons) en association avec les autres systèmes et matériaux de construction demande effectivement un changement d’échelle et une modification en profondeur de l’interaction des équipes de conception. La révolution numérique du Bâtiment, et de la construction bois, passe surtout par un nouveau brassage des compétences et des informations.
Inscription en ligne sur : http://nvbcom.fr/billetterie/
Source : batirama.com / Jonas Tophoven