Simple produit de la calcination d’un calcaire, la chaux est l’un des matériaux de construction les plus naturels. Lors de sa mise en œuvre, elle récupère une partie de l’eau et du gaz carbonique perdu lors de la cuisson pour effectuer sa carbonatation (prise), reformant ainsi le calcaire d’origine.
L’enduit à la chaux convient pour tous les supports minéraux granuleux. Il est aussi à éviter lorsqu’il s’agit de chaux hydraulique naturelle en raison de l’incompatibilité des deux matériaux : l’association plâtre et liant hydraulique est susceptible de provoquer des gonflements.
Dans la phase finition, on peut associer par la suite des matériaux naturels comme les sables colorés, les terres, les ocres et le chanvre.
Sur ce chantier, c’est la chaux hydraulique naturelle pure NHL 2 (Rénochaux de Socli) qui a été appliquée afin de réaliser un mortier traditionnel. A mi-chemin entre une chaux hydraulique naturelle et une chaux aérienne pour ses résistances mécaniques, elle permet de préserver les matériaux tendres ou fragiles aux variations d’humidité.
Comme toujours, la préparation du support est importante?: il doit être sain, propre et respirant. Le mélange peut être réalisé soit par malaxeur à axe vertical, soit par bétonnière. Notons que chaque fabricant indique les proportions à utiliser qui varient selon les caractéristiques de la chaux qu’il propose (de 40 à 70?kg de chaux pour 100 litres de chanvre et 50 à 60 l. d’eau).
Il faut préparer au total environ 1,5 m³ d’enduit pour couvrir 30 m² de murs d’une couche de 5 cm d’épaisseur. Le chanvre doit être introduit en toute fin dans le mélange et bien malaxé.
Le gobetis, première couche d’accroche, est appliqué en premier. Deux couches suffisent ensuite pour un enduit à la chaux intérieur. La première est jetée grossièrement à la truelle, puis talochée sur 2,5 à 3 cm d’épaisseur.
La seconde passe, épaisse de 2 cm, est effectuée quelques jours plus tard, avant séchage complet de la précédente. Les murs ont ensuite été ici recouverts d’un enduit en poudre, prêt à gâcher, à base de chaux hydraulique naturelle (Monolys).
Concernant l’aspect final, il est recommandé de faire des essais préalables, non seulement pour les couleurs, mais aussi pour vérifier la bonne tenue de l’enduit après 24h: s’il s’effrite lorsque l’on passe le doigt dessus, c’est que le mélange est trop pauvre en chaux. À l’inverse, s’il se faïence (fissures), c’est qu’il y a trop de chaux.
Le principal intérêt de l’enduit chaux-chanvre est d’offrir une correction thermique des murs épais maçonnés, en pierre ou en brique. On parle de correction thermique et non d’isolation car l’épaisseur nécessaire pour une véritable isolation ne pourrait tenir avec un simple enduit.
En outre, une épaisse couche d’isolant annulerait les effets bénéfiques de l’inertie des murs. Une couche de 4 à 6 cm d’enduit intérieur chaux-chanvre est donc le compromis idéal pour supprimer l’effet de paroi froide de ce type de mur, sans perturber son équilibre hygrométrique, tout en continuant à bénéficier de son inertie.
Souirce : batirama.com / Michèle Fourret