Parce qu’ils n’étaient pas « mesurables », quatre des dix critères de pénibilité compris dans le compte professionnel de prévention, ont été supprimés en 2017 par le gouvernement Philippe : manutention des charges lourdes, postures pénibles, vibrations mécaniques et risques chimiques.
La réforme des retraites a remis ce dossier sur le tapis mais le gouvernement a affirmé qu’il ne souhaitait pas réintroduire ces critères qui pénalisent certaines professions, dont celles du BTP. Il a en revanche indiqué vouloir étendre la pénibilité aux fonctionnaires du milieu hospitalier notamment.
Dans le Bâtiment, ce sujet est néanmoins dans les têtes depuis de nombreuses années. Il faut séduire pour recruter, et avant tout, ne pas décourager les candidats avec une mauvaise image des métiers. Ce thème est de fait largement abordé auprès des jeunes entrants dans le Bâtiment. En effet, la jeune génération est sensibilisée, dès l'apprentissage, à adopter les bonnes postures et à réfléchir en amont sur les situations à risques, via notamment les actions menées par l’OPPBTP* au sein des centres de formation des apprentis.
De fait, ces nouveaux acteurs et consommateurs ne veulent plus entendre parler des risques des métiers comme les acceptaient leurs aînés. « Ils veulent des produits et des matériels qui leur facilitent la vie, qui soient rapides précis, qui permettent d’adopter des postures sans risque de troubles musculo-squelettiques. » explique Nicolas Saint-Ouen, responsable marketing d’Edma, fabricant et distributeur d’outils pour le BTP.
Ce principe de base impacte tous les fournisseurs de matériels, d’autant qu’il se double d’impératifs de productivité et de qualité du travail exécuté. Chez les fournisseurs d’outillages, on remarque depuis quelques années l’orientation de la production en faveur du sans-fil de grande puissance. On assiste même au transfert d’équipements.
Exemple chez les plaquistes qui adoptent désormais les clés à choc en lieu et place des visseuses à réglage de couple : les premières sont réputées plus rapides et plus précises.
Ce développement accompagne celui des produits : l’arrivée sur le marché de plaques de plâtre plus lourdes a obligé à revoir les lève-plaques et à créer des outils de transports spécifiques. Même si, les professionnels réclament depuis quelques années auprès de leurs fournisseurs des plaques moins volumineuses et moins lourdes, difficultés de recrutement et image du métier, obligent…
Les fournisseurs de banches et de matériels de coffrage sont à la même enseigne. Des exemples étaient donnés sur le dernier salon Bâtimat. Hussor a décroché un prix de l’innovation avec l’Ergoform, un coffrage de béton prêt à l’emploi qui rompt avec les habitudes des compagnons.
Les outils classiques – barre à mine, clé… – sont abandonnés au profit d’écrous à débrayage intégré, d’assemblages latéraux rapides… Outre la réduction des risques, le gain de productivité promis est de 25 %.
L’allemand Layher suit la même voie en allégeant ses plateformes d’échafaudages Lightweight. Le français Altrad-Plettac généralise ses innovations de montage rapide avec ses références Multisécu+ 1 et 2 ; elles se distinguent par leurs possibilités de montage à la fois multidirectionnelles et complexes, tout en sécurité.
Le secteur du levage et du transport de matériaux est certainement celui où les fournisseurs se démènent le plus, également à la faveur du développement des solutions électriques. « Les trois nacelles de notre parc facilitent la vie des compagnons, en limitant le port de charges lourdes et augmentant la rentabilité sur les chantiers » explique Jean-Yves Nicolas, couvreur à Girolles (45), à la tête d’une entreprise de 4 salariés.
Les fournisseurs d’équipements de levage, comme Génie, ont d’ailleurs multiplié leurs références de nacelles araignées, à flèche et à ciseaux électriques et hybrides ; les fournisseurs de dumpers et de brouettes à chenilles se disputent également les innovations – l’un des plus polyvalents étant le Cingo M12.3 Plus de Merlo dont la base, à moteur thermique, accepte 25 équipements interchangeables : dumper, tarière, marteau-piqueur…
Des équipements à valeur ajouté jugés aujourd’hui indispensables pour fidéliser les salariés dans des emplois en mal de recrutement… et qui devront à terme travailler plus longtemps avant de partir à la retraite.
*Organisme Professionnel de Prévention du Bâtiment et des Travaux Publics
Source : batirama.com / B.R/ F.L