"L'électrification est un vecteur important de la décarbonation de notre économie, mais ça ne peut pas être le seul. Le modèle du tout-électrique est voué à l'échec", a dit Jean-Pierre Clamadieu au Monde.
Le gouvernement a publié début novembre les nouvelles normes de construction des bâtiments neufs, dites "RE 2020", qui doivent entrer en vigueur à l'été 2021 et prévoient notamment une interdiction progressive du gaz, pour des raisons environnementales.
Selon M. Clamadieu, cela va conduire au retour des convecteurs électriques énergivores (surnommés "grille-pain"): "C'est un moyen très inefficace d'utiliser de l'énergie. L'inconvénient du +grille-pain+, c'est qu'il consomme beaucoup. Dans la réalité, cela va conduire à une augmentation de la facture des ménages", assure-t-il.
De plus "on n'est déjà pas tout à fait rassurés sur notre capacité à passer l'hiver. Si le chauffage était encore plus massivement électrique, ce serait encore plus difficile", ajoute-t-il. La réponse d'EDF n'a pas tardé, qui déplore, depuis l'annonce gouvernementale, "un tir de barrage de la part de certains acteurs avec des arguments fallacieux".
"Ce ne sont pas les convecteurs - qualifiés sans nuance de +grille-pain+ alors que cela ne correspond pas à la réalité de l'offre des constructeurs aujourd'hui - qui vont profiter de cette décision, mais l'industrie et les artisans de la pompe à chaleur, un secteur fortement pourvoyeur d'emplois", estime Marc Benayoun, directeur d'EDF en charge du Pôle Services et Territoires.
Selon lui, "compte tenu de la faible consommation d'une pompe à chaleur, dont seulement un tiers vient du secteur électrique" et des "efforts continus d'isolation", "on peut même anticiper que la consommation d'électricité au titre du chauffage sera stable ou en baisse". Le projet de RE2020 doit encore faire l'objet de consultations, alors que le gouvernement avait annoncé la publication d'un premier décret début décembre.