La signature de l'accord portant sur la gestion de l'autoroute de l'Avenir, allant de Dakar au-delà de l'aéroport international sur environ 90 km, scelle des mois de tractations menées sous la pression de groupes politiques et d'une partie de l'opinion accusant le pouvoir d'avoir bradé les intérêts sénégalais au bénéfice d'une entreprise étrangère.
"L'issue des négociations n'était en rien garantie (...) les échanges ont été nombreux et les divergences, par moment, profondes", a rapporté le ministère des Finances dans un communiqué. La durée de la concession est prolongée de cinq ans, dit le communiqué sans en préciser exactement le terme.
L'Etat entre dans le capital de la Société Eiffage de la concession de l'autoroute de l'Avenir (Secaa) à hauteur de 25%, soit 19 milliards de francs CFA (29 millions d'euros), ont indiqué deux responsables sénégalais. "L'Etat du Sénégal va bénéficier de la distribution de dividendes pour chaque exercice", dit le communiqué du ministère.
L'Etat sénégalais, en tant que propriétaire des terrains sur lesquels passe l'autoroute, percevra une redevance représentant 2% du chiffre annuel de la Secaa, "avec un minimum de 800 millions FCFA (1,2 million d'euros) par an, au lieu de 1.000 FCFA dans le contrat actuel", dit le communiqué.
Cette disposition s'applique dès cette année, a dit une responsable d'un organisme gouvernemental.L'indexation des tarifs des péages sur l'inflation est gelée pendant cinq ans, dit le communiqué.
La même responsable s'exprimant sous le couvert de l'anonymat a indiqué que cela revenait à un gel des tarifs à proprement parler. L'accord "confirme l'ancrage durable d'Eiffage au Sénégal, présent depuis 95 ans dans le pays, sur les métiers de travaux et de concessions", s'est contenté de commenter le groupe français.
Le premier tronçon de l'autoroute de l'Avenir, première autoroute du Sénégal, a été livré en 2013. Objet d'une concession de 30 ans, prolongé depuis, il a été construit sur un partenariat public-privé. Ce partenariat est critiqué pour son montage et la part belle qu'il ferait aux intérêts étrangers. Une partie des usagers dénoncent aussi les tarifs pratiqués.
Ces critiques ont trouvé une nouvelle résonance avec les émeutes qui ont secoué le Sénégal début mars, dont l'arrestation de l'opposant Ousmane Sonko a été le déclencheur. Ces troubles ont ramené dans l'actualité le discours de M. Sonko et sa promesse de renégocier les contrats passés par l'Etat avec des sociétés étrangères s'il était au pouvoir. Un responsable du ministère des Finances s'exprimant sous le couvert de l'anonymat a réfuté tout lien, présentant l'accord signé mardi comme un "aboutissement".