Sans surprises, le Groupe Atlantic considère que la RE2020 favorise les solutions thermodynamiques, ne tient pas compte de la qualité de l’air intérieur, écarte les solutions gaz et rend difficile l’installation de radiateurs électriques.
Le groupe, qui a réuni la presse technique jeudi 24 juin, a commencé à examiner de près la RE2020, tout en tenant du fait que des surprises sont toujours possibles, puisque les textes officiels ne sont pas encore parus.
D’ailleurs, lors du salon BIM World la semaine dernière Porte de Versailles à Paris, BBS-Slama expliquait que le dernier calendrier communiqué par le ministère du Logement est le suivant :
Telle qu’elle est connue pour l’instant, estime le Groupe Atlantic, la RE2020 favorise les solutions thermodynamiques : pompes à chaleur double service et pompes à chaleur chauffage seul + chauffe-thermodynamique.
Selon Atlantic, il n’est pas encore possible de savoir comment sont traitées les chaudières hybrides qui associent une pompe à chaleur à une chaudière gaz ou fioul à condensation. ©PP
Le basculement des pompes à chaleur de la gamme Alféa Extensa ai vers le R32 est également valorisée par la RE2020. Le relativement faible GWP du R32 (675), par rapport à celui du R410A utilisé par les gammes antérieures ; la réduction des charges de réfrigérant – moins de 3 kg jusqu’à 6 kW – minimise l’empreinte environnementale de ces nouvelles machines.
Atlantic imagine volontiers que les pompes à chaleur réversibles feront leur apparition en construction neuve, grâce à la meilleure prise en compte du confort d’été. Elles seront dans ce cas associées à des émetteurs réversibles : ventiloconvecteurs, plancher chauffant-rafraîchissants basse température, mais aussi plafonds chauffant-rafraîchissants. ©PP
Dans son portefeuille de marques, le Groupe Atlanrtic possède d’ailleurs Innovert, un spécialiste du plafond chauffant-rafraîchissant. Le fabricant estime par ailleurs que la RE2020 devrait aussi être favorable au couple climatiseurs réversibles + ballon thermodynamique.
Les solutions thermodynamiques sont avantagées pour au moins trois raisons. La première est le coefficient de transformation du kWh d’électricité final en kWh d’énergie primaire qui passe de 2,58 sous la RT2012 à 2,3 dans la future RE2020 : une baisse de 10,85% tout de même qui avantage l’électricité. Même si, soulignons-le au passage, le coefficient de transformation du bois combustible est de 0.
La seconde raison est la prise en compte de l’empreinte carbone des consommations d’énergie dans la RE2020. Dans la base carbone gérée par l’Ademe, le poids carbone du kWh d’électricité consommé pèse 210 gCO2eg/kWh. Pour les besoins du calcul RE2020, il est fixé à 79 gCO2eg/kWh : 62,4% de moins.
Troisièmement, la RE2020 fixe des plafonds d’émissions de gaz à effet de serre des consommations d’énergie des bâtiments neufs. Les valeurs retenues - 4 kgCO2/m².an en maison individuelle ; d’abord 14, puis 6,5 kgCO2/m².an en collectif à compter de 2025-, jointes au poids carbone de chaque énergie, dès l’entrée en vigueur de la RE2020 en maisons individuelles, en 2025 pour le collectif.
En avril dernier, le gouvernement a accepté une dérogation, jusqu’en 2023, pour les maisons construites sur des lotissements viabilisés en gaz, lorsqu’il y a obligation de raccordement les maisons neuves au réseau gaz.
Les réseaux de chaleur ne sont pas à la fête non-plus, puisque le plafond pour les logements est fixé à 14 kgCO2/m².an à l’entrée en vigueur de la RE2020, Puis 8 kgCO2/m².an en 2025 et 6,5 à compter du 1er janvier 2028.
Tout cela ouvre un boulevard aux solutions bois et aux systèmes thermodynamiques. Le chauffage électrique direct n’est pas bien placé non-plus, puisque les valeurs retenues pour l’indicateur Cep,nr qui exprime la consommation d'énergie primaire non renouvelable du bâtiment, calculée pour des conditions de fonctionnement définies, pour le chauffage, le refroidissement, la production d'eau chaude sanitaire, agissent comme un limiteur de consommation d’électricité d’origine non-renouvelable.
Atlantic estime que le chauffage électrique direct sera seulement possible en zone climatique H3, en complément de climatiseurs réversibles, par exemple, ou associé à un ballon thermodynamique si le logement n’a pas besoin de rafraîchissement actif.
Le groupe n’abandonne pas tout espoir pour les solutions hybrides chaudières gaz + pompes à chaleur en chaufferie pour le collectif après 2025. Mais il s’agit plus d’un vœu pieux que du résultat de véritables simulations qui ne seront possibles qu’à partir du 1er juillet, lorsque les éditeurs de logiciels auront diffusé leurs nouveaux softs RE2020.
Atlantic souligne en plus, qu’à part la pompe à chaleur, les autres solutions à base d’énergies renouvelables – le photovoltaïque et le solaire thermique – ne sont pas spécialement avantagées par la RE2020.
Seule la partie autoconsommée d’une production photovoltaïque sur site vient en réduction des consommations d’énergie du bâtiment. L’électricité photovoltaïque versée dans le réseau ne compte pas en RE2020.
En ce qui concerne la ventilation, indique le Groupe Atlantic, la RE2020 introduit l’obligation de vérifier le bon fonctionnement des systèmes installés avant livraison du logement. En tout cas, c’est ce que la profession pensait jusqu’au 25 juin, depuis, une rumeur persistante indique que ce ne sera finalement pas le cas.
Quoi qu’il en soit, cette vérification, si elle est maintenue, sera effectuée selon le protocole Promevent, mais avec un Cahier des Charges particulier qui sera disponible en principe à l’automne.
Atlantic, qui rappelle qu’une enquête avait estimé que 60% des installations de ventilation en construction neuve ne sont pas conformes, souligne que ses 9 centres de formation seront prêts à aider les installateurs à augmenter leurs compétences dans ce domaine.
Le groupe proposera d’ailleurs aux installateurs membres de son réseau, un service d’accompagnement en ventilation, aussi bien en maison individuelle qu’en logement collectif : aide au dimensionnement en amont, puis visites sur le chantier à plusieurs étapes. Cette offre de services impose au fabricant de se doter des équipes nécessaires.
Voici donc un cas classique de désorganisation inutile : le gouvernement annonce une mesure, les acteurs de la filière se préparent à sa mise en œuvre. Finalement, cette mesure ne sera peut-être pas prise, mais on ne sait pas vraiment, puisque les textes officiels de la RE2020, annoncés pour mi-juin, ne sont finalement toujours pas publiés.
La RE2020 ne semble pas modifier la hiérarchie des systèmes : la VMC simple flux demeure avantagée par rapport à la ventilation double flux. Atlantic place tous ses espoirs d’une meilleure prise en compte de la QAI – favorable à la ventilation double-flux – dans le futur label d’accompagnement de la RE2020. ©PP
Espoir en demi-teinte cependant : le groupe estime en effet que les exigences de performances de la RE2020 « de base » sont déjà élevées et il n’est pas favorable à un label, même volontaire, qui les augmenterait significativement.
L’offre du fabricant pour la construction neuve de logements va évoluer avec la RE2020 : le chauffage électrique direct sera plus difficile à placer. Les solutions gaz individuelles sont écartées de la maison individuelle, puis du collectif en 2025. La ventilation double flux, qui donne de meilleurs résultats en termes de QAI, n’est pas avantagée. ©PP
Les climatiseurs réversibles, bien placés en coût d’installation, capables de chauffer et de rafraîchir, pourraient effectuer une percée en construction neuve dans les zones climatiques les plus chaudes, dont en zone H3. ©PP