Risque de coupure du gaz russe, les solutions de chauffage en maison individuelle

Risque de coupure du gaz russe, les solutions de chauffage en maison individuelle

Les Ministres de l’Energie de l’Europe sont réunis ce mardi matin 26 juillet pour mettre la dernière main au plan européen. Mais, dans une maison individuelle, comment remplacer le gaz russe ?




Lundi 25 juillet en fin d’après-midi, Gazprom a annoncé réduire le débit du gazoduc Nordstream 1 vers l’Allemagne à 20% du débit d’avant-guerre (d’Ukraine), soit 33 millions de m³ de gaz par jour. Ce matin, mardi 26 juillet, les ministres Européens de l’énergie se réunissent pour discuter d’une réduction de 15% des consommations de gaz par pays en 12 mois.

 

Dans une conférence de presse téléphonique hier, le cabinet de Mme Panier-Runacher, la ministre chargée de l’énergie, semblait ergoter, préférant parler d'une réduction de consommation d’énergie de 10% en 24 mois. Toute la subtilité, paraît-il, se trouve dans le mot énergie. Il englobe toutes les énergies, dont le gaz, et, naturellement, nous disait-on, la réduction de consommation de gaz pourrait dépasser les 10% pour s’aligner sur les 15% proposés par la Commission Européenne.

 

De plus, le Ministère de l’Energie semble envisager un plan de réduction de consommations qui vienne d’abord du secteur public, avant de demander un effort aux acteurs privés. Ça ne suffira pas, bien sûr.

 

 

Les actions possibles à court terme

 

 

Bref, concentrons-nous, face à la forte probabilité de la coupure du gaz russe, sur ce que l’on peut faire à très court terme en maison individuelle pour réduire la consommation de gaz. En effet, les divers gaz naturels sont mélangés dans le réseau français et on ne peut pas choisir d’économiser seulement le gaz russe.

 

Nous avons vu dans notre précédent article comment réduire les besoins de chauffage – isolation thermique et programmation -, puis comment profiter du solaire thermique pour produire l’eau chaude sanitaire.

 

Nous nous penchons maintenant sur les sources d’énergie et les technologies susceptibles de remplacer le chauffage au gaz, ou même au fioul d’ailleurs, en maison individuelle. Si la chaudière gaz est déjà équipée d’un thermostat programmable et que la maison est déjà thermiquement isolée, il ne reste plus, à court terme et pour l’hiver prochain, qu’à changer d’énergie : solaire thermique pour l’eau chaude et le chauffage, bois énergie ou pompe à chaleur pour complètement remplacer le gaz.

 

En désespoir de cause, mais relativement facilement en ce qui concerne les travaux nécessaires, il est possible de couper la chaudière gaz ou bien de ne l’utiliser que pour la production d’ECS et de poser pour le chauffage des "émetteurs électriques à régulation électronique à fonction avancées."

 

Autrement dit, des radiateurs électriques à détection de présence et capables d’auto-programmation. Le groupe Atlantic et le groupe Muller en proposent chacun dans leurs différentes marques.

 

Ces émetteurs sont également soutenus par les CEE de la fiche BAR-TH-158.

 

 

Installer des poêles ou une chaudière à granulés de bois

 

 

La combustion du bois peut-être fortement polluante si elle est mal pilotée. Pour des installations domestiques, la seule technique permettant à la fois un chargement automatique et une bonne hygiène de combustion est fournie par les appareils brûlant des granulés de bois.

 

 

Le granulé de bois est un combustible normalisé, sec, de 3 à 4 cm de longueur pour un diamètre de 6 mm, fabriqué sans additif, par compactage de sciures ou d’autres résidus de bois finement broyés. 650 kg de granulés représentent un volume de 1 m³, 1 kg de granulés contient 4,9 kWh PCI. 2 kg de granulés contiennent autant d’énergie qu’un litre de fioul. ©PP

 

 

Mais voilà, selon Éric Vial, délégué général de Propellet - l’association nationale des professionnels du chauffage au granulé de bois -, "en un an, il s’est vendu deux fois plus de chaudières à granulés et les poêles à pellets ont enregistré 50 % de ventes supplémentaires." 

 

 

Cette augmentation de la demande de granulés s’est traduite par une hausse des prix des granulés de bois. Selon Propellet, en décembre 2021, le gaz était 40% plus cher que le granulé et l'électricité 3 fois plus cher. Les chiffres du gaz et de l'électricité sont des estimations (attente chiffres officiels). Le fioul est 2,5 fois plus cher que le granulé en avril 2022. ©Propellets

 

 

Pas de risque de pénurie de granulés de bois

 

 

Il n’y a pas de risque de pénurie de granulés de bois, mais les prix peuvent continuer d’augmenter dans les mois qui viennent. Le chauffage par granulés peut faire appel soit à des poêles, soit à une chaudière. Les poêles à granulés, on dit aussi poêles à pellets, assurent parfaitement le chauffage. Il faut un autre générateur pour produire l’ECS.

 

Plusieurs options sont possibles : poêles à granulés pour le chauffage et continuer d’utiliser la chaudière gaz pour la production d’ECS, notamment s’il s’agit d’une production instantanée peu gourmande en énergie.

 

Poêle à granulés + chauffe-eau à accumulation électrique à accumulation ou chauffe-eau thermodynamique ou encore chauffe-eau thermodynamique avec appoint solaire thermique. Plusieurs fabricants proposent des chauffe-eaux thermodynamiques conçu pour un raccordement à des capteurs solaires thermiques.

 

 

Des chaudières à granulés très très peu polluantes

 

 

Ökofen, le grand spécialiste des chaudières bois, a été récompensé aux Awards de l’Innovation, d’Interclima pour sa nouvelle chaudière bois à condensation : la Pelletmatic Condens ZeroFlame, qui supprime le danger de pollution par des particules fines.

 

 

Ce générateur Pelletmatic Condens ZeroFlame d’Ökofen propose des valeurs d’émissions de poussières inférieures à 2 mg/Nm3 à 10% d'O2, grâce à une nouvelle technologie de brûleur, baptisée ZeroFlame, et à une nouvelle conception de chambre de combustion. Ce niveau d’émissions de poussière n’est pas mesurable par les appareils d’analyse des gaz de combustion portatifs utilisés par les installateurs. ©Ökofen

 

 

 

 

Remplacer une chaudière gaz par une chaudière à granulés est relativement simple, mais si la chaudière gaz est ancienne et non à condensation, il sera sans doute aussi nécessaire de remplacer le conduit de fumée pour qu’il résiste au risque de condensation des fumées des chaudières à granulé les plus récentes.

 

 

Les pompes à chaleur

 

 

L’autre solution pour remplacer une chaudière gaz complètement est la pompe à chaleur. Les offres sont légion. Mais, on peut résumer les propositions techniques de la manière suivante :

  •  Pompe à chaleur air-eau simple service (chauffage seul),
  •  Pompe à chaleur air-eau double service, avec production d’ECS,
  •  Pompe à chaleur triple service : chauffage, rafraîchissement, production d’ECS. Ce qui ne sert à rien si les émetteurs ne sont pas adaptés au rafraîchissement, mais depuis 15 ans, le chauffage basse température par le sol était devenu une solution standard en maison individuelle. Avec la régulation appropriée, le chauffage par le sol peut parfaitement rafraîchir.
  •  Pompe à chaleur air-air, c’est-à-dire climatisation à détente directe. Ce système n’assure pas la production d’ECS, sauf chez Hitachi qui dispose d’une offre dans laquelle le ballon thermodynamique est alimenté en détente directe par l’unité extérieure, comme les autres unités intérieures.
  •  Pompe à chaleur géothermique, qui requiert un forage.
  •  Pompe à chaleur solarothermique, raccordées à des capteurs solaires thermiques en guise d’évaporateur. C’est notamment l’offre d’Helios.

 

 

La pac air-eau simple service et la plupart des pac air-air n’assurent pas la production d’ECS. Il faut donc les compléter par un ballon électrique à accumulation ou par un ballon thermodynamique, voire par un ballon thermodynamique connecté à des capteurs solaires thermiques. ©PP

 

 

Les aides financières disponibles

 

 

Les chaudières à granulés font l’objet de la fiche standardisée CEE BAR-TH-113 modifiée à compter du 1er avril 2022 qui permet le calcul des CEE pour sa mise en oeuvre.

 

Tandis que la fiche BAR-TH-112 à compter du 1er octobre 2020 porte sur la mise en œuvre d’un poêle à bois, dont ceux à granulés de bois.

 

Les pompes à chaleur air-eau ou eau-eau (géothermique) bénéficient de la fiche BAR-TH-104 à compter du 1er avril 2022. Les pac air-air relèvent de la fiche BAR-TH-129.

 

Le chauffe-eau thermodynamique à accumulation est soutenus par les CEE de la fiche BAR-TH-148.

 

Une série d’autres fiches standardisées contribue au financement des travaux d’amélioration des installations de chauffage en maison individuelle et contribuent aux réductions des consommations de chauffage :

  •  BAR-TH-110 pour la pose de radiateurs basse température pour chauffage central,
  •  BAR-TH-111 régulation par sonde de température extérieure,
  •  BAR-TH-117 : robinet thermostatique,
  •  BAR-TH-118 : système de régulation par programmation d’intermittence, …

 

Les chaudières à granulés, les pac géothermique ou solarothermiques (raccordées à des capteurs solaires en guise d’évaporateur) sont éligibles à MaPrimeRenov’ pour des montants de 11 000 € (catégorie de ménages à revenu bleu), 9 000 € (jaune) et 5 000 € (violet).

 

D’une manière générale, les revenus roses n’ont droit à rien, sauf pour l’isolation thermique et la rénovation globale.

 

Dans le barème Ma PrimeRenov’, la pac air-eau bénéficie de 5 000 € (bleu), 4 000 € (jaune), 3 000 € (violet).

 

Les poêles à granulés sont éligibles à hauteur de 3 000 € (bleu), 2 500 € (jaune), 1 500 € (violet).

 

 

Tandis que les chauffe-eaux thermodynamiques, comme ce Yutempo R32 de 270 l d’Hitachi, bénéficient de MaPrimeRénov’ à hauteur de 1 200 € (bleu), 800 € (jaune), 400 € (violet). ©Hitachi

 

 

La difficulté principale pour les entreprises sera de réaliser tous les travaux que les ménages pourraient leur demander, sous l’influence du risque de coupure du gaz à l’automne.

 

 



Source : batirama.com / Pascal Poggi

L'auteur de cet article

photo auteur Pascal Poggi
Pascal Poggi, né en octobre 1956, est un ancien élève de l’ESSEC. Il a commencé sa carrière en vendant du gaz et de l’électricité dans un centre Edf-Gdf dans le sud de l’Île-de-France, a travaillé au marketing de Gaz de France, et a géré quelques années une entreprise de communication technique. Depuis trente ans, il écrit des articles dans la presse technique bâtiment. Il traite de tout le bâtiment, en construction neuve comme en rénovation, depuis les fondations jusqu’à la couverture, avec une prédilection pour les technologies de chauffage, de ventilation, de climatisation, les façades et les ouvrants, les protocoles de communication utilisés dans le bâtiment pour le pilotage des équipements – les nouveaux Matter et Thread, par exemple – et pour la production d’électricité photovoltaïque sur site.
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