ITE sous enduit : fixation mécanique ou collée ?

ITE sous enduit : fixation mécanique ou collée ?

Dynamisée par les réglementations thermiques successives, l’Isolation Thermique par l’Extérieur améliore les performances énergétiques d’un bâtiment avec une solution pour chaque façade.




 

En théorie, l’application d’un système d’Isolation Thermique Extérieure est une technique relativement simple?: des panneaux isolants, fixés sur le mur par collage ou mécaniquement à l’aide de chevilles ou de profilés, servent de support à un mortier de base armé revêtu d’un enduit de finition décoratif (enduits organiques minces ou enduits minéraux épais).

 

Il est impératif de respecter une série de conditions pour obtenir un résultat final de qualité. Ainsi, les différents composants d’une ITE sous enduit doivent être compatibles. Certains éléments constitutifs du procédé (colle, sous-enduit, régulateur et enduit de finition…) sont indissociables et ne peuvent être proposés que dans le cadre d’un système global d’ITE.

 

D’autres composants comme les chevilles, l’isolant ou l’armature peuvent être dissociés mais doivent être choisis et utilisés en conformité avec les préconisations de l’Agrément technique Européen (ATE) et du Document technique d’Application (DTA) du fabricant du système d’ITE !

 

Pour plus de simplicité, il est donc recommandé d’acquérir l’intégralité du système chez un unique fournisseur qui garantira la cohérence de l’ensemble.

 

 

AVIS D’EXPERT

 

Patrice Beaufort,
Chargé de mission au Service des Affaires techniques et professionnelles de la Capeb.

 

« La garantie de qualité reste la maîtrise du support »

 

« Même si certaines techniques de fixation sont plus contraignantes en termes de mise en œuvre, de nature et de planéité du support ou de choix d’isolant, la garantie d’un ouvrage de qualité reste, dans tous les cas, la bonne reconnaissance du support : mesure du taux d’humidité (qui doit être inférieur à 5% en masse) et de remontées capillaires éventuelles, vérification de l’état de surface (présence de fissures, de lézardes…), de la cohésion du support…

 

C’est le point le plus important ! Concernant la mise en œuvre de l’isolant, quelques règles de bonne manière sont à rappeler. Les isolants en plaques sont posés, horizontalement dans la plupart des cas, bout à bout, de manière la plus jointive possible (en ménageant un espace de 5 mm à la jonction du système avec les menuiseries ou autres points durs pour mettre en place un mastic de calfeutrement).

 

Ils se mettent en œuvre à joints décalés de plus de 10 cm façon “coupe de pierre” avec une coupe en harpage dans les angles et en procédant de bas en haut. Dans le cas d’un système collé ou calé fixé, les joints ouverts entre panneaux doivent être comblés avec un produit type mousse polyuréthane mais en aucun cas avec le mortier-colle de fixation.

 

Lorsque l’isolant ne descend pas jusqu’à la semelle de fondation, un profil de départ (avec goutte d’eau) est fixé à 15 cm du point le plus haut du sol. »




 

Solution 1 : Système collé

 

 

Déconseillée en rénovation, cette technique s’applique exclusivement aux plaques d’isolants en PSE blanc ou graphité gris.

 

La technique, simple et rapide, consiste à coller directement l’isolant sur la paroi à isoler à l’aide d’un mortier-colle (dont la consommation minimale au m2 est définie dans l’ATE et reprise dans les préconisations du fabricant).

 

L’application de la colle s’effectue par boudins, plots (sur un support présentant des irrégularités de surface ou des écarts de planéité jusqu’à 15 mm sous la règle de 2 m) ou en plein (sur un support de bonne planéité), la surface encollée devant représenter, dans le cas d’un collage par plots ou boudins, 20% de la surface de la plaque d’isolant.

 

Dans le collage en plein, la colle est appliquée à la taloche crantée (6 à 10 mm de profondeur) sur toute la surface du panneau en laissant une bande libre de 2 cm de large en périphérie pour éviter la pénétration de la colle dans les joints.

 

Pour la même raison, le collage par plots consiste à déposer, à quelques centimètres du bord du panneau, 16plots par m2. Le collage par boudins est réalisé en déposant sur la périphérie du panneau, à 2 cm du bord, une bande discontinue de mortier-colle (pour éviter d’emprisonner de l’air au moment de la pose) complétée par deux bandes croisées au centre.

 

A noter que dans les trois techniques, le panneau encollé doit être appliqué sur le support en exerçant une pression tout en contrôlant sa planéité à la règle des 2 m. Lors du collage de panneaux sur de grandes hauteurs dans une même journée, pour éviter de mettre en charge l’isolant, il est conseillé de fixer mécaniquement des rails horizontaux tous les 5 m environ.

 

Intérêt :

Rapide à mettre en œuvre en construction neuve, convient pour les 4 zones géographiques définies dans les règles Neige et Vent 65.




 

Solution 2 : Système fixé-calé

 

 

Compatible avec tous les types d’isolants, sur support brut ou revêtu, ce système conjugue encollage et fixation mécanique du panneau isolant.

 

Dans cette technique, également appelée calé-chevillé, l’isolant est fixé sur la paroi par des fixations traversantes (chevilles à expansion à tête large d’au moins 50 mm de diamètre) et calé par des plots de mortier-colle (un plot au droit de chaque cheville avec 5 plots minimum).

 

Il existe deux types de chevilles : les chevilles à frapper (en plastique ou en métal) qui se posent à fleur de l’isolant à l’aide d’un simple marteau en caoutchouc et, plus performantes à l’arrachement selon les fabricants, les chevilles à visser (en métal) qui se mettent en œuvre à l’aide d’une visseuse ou d’un perforateur, à fleur ou à cœur (c’est-à-dire enfoncée de 10 à 15 mm dans l’isolant, la tête de cheville recouverte d’une rondelle ce qui réduit l’apparition de spectres sous enduit).

 

Dans tous les cas, chaque modèle de cheville doit bénéficier d’un ATE et être conforme aux prescriptions définies dans le DTA du système d’ITE qui détermine, après des essais d’arrachement in situ, la densité de chevilles au m2 (8, 10 ou 12) et le plan de chevillage en fonction de la charge admissible dans le support, de la situation géographique du chantier (établies l’Eurocode 1 – partie 4, anciennement règles N&V 64), de la nature du site (normal ou exposé) et de la hauteur de la façade.

 

Chaque modèle de cheville doit également être estampillé d’une lettre renvoyant au type de support admissible : A pour le béton plein, B pour les matériaux pleins, C pour les matériaux creux, D pour le béton allégé et E pour le béton cellulaire.

 

A noter : pour connaitre la longueur d’une cheville, il faut calculer la profondeur d’ancrage donnée par le fabricant + l’épaisseur de l’isolant + éventuellement l’épaisseur de l’ancien revêtement + épaisseur du plot de colle.

 

Intérêt :

Peu ou pas d’interdit, adapté en neuf comme en rénovation sur supports peints ou enduits et pour des épaisseurs d’isolant jusqu’à 340 mm.




 

Solution 3 : Système mécanique par rails

 

 

Réservé aux panneaux d’isolant en polystyrène expansé blanc, ce système utilise des rails PVC pré-percés, fixés mécaniquement, avec des chevilles à frapper, sur le support.

 

Cette technique impose un niveau d’expertise du support très élevé avec un domaine d’emploi relativement restreint puisque les défauts de planéité admissibles du support (brut ou revêtu) sont fixés à 5 mm sous la règle des 20 cm.

 

Selon la situation géographique du bâtiment et en particulier la zone de dépression au vent normal (niveau de performance croissant F1, F2 ou F3), deux techniques de fixation des panneaux d’isolant (disponibles en formats 400x500 mm ou 1.000x600 mm) sont possibles : l’isolant peut être ceinturé par les rails de maintien sur deux côtés (rails horizontaux fixés au support + profilés de jonction verticaux non fixés au support) ou, pour obtenir un niveau de performance plus élevé, sur 4 côtés (rails horizontaux+verticaux fixés au support).

 

Un principe de mise en œuvre simple qui demande toutefois de respecter quelques consignes parmi lesquelles, réserver un joint de 2 à 3 mm entre les profilés horizontaux pour assurer la dilatation longitudinale des profilés de maintien, vérifier la rectitude des profilés, compenser les différences de planéité (5 mm admissible) par des cavaliers, poser les plaques d’isolant à joints décalés de 10 cm au moins et –au niveau des arrêts du système ou aux angles– maintenir ces plaques à l’aide de chevilles plastique avec clou d’expansion (tête de 50 mm de diamètre et 4 chevilles/m linéaire) ou d’un profilé en U.

 

Intérêt :

Intéressant en présence d’une maçonnerie revêtue sous ­réserve de défauts de planéité limités et dans des zones soumises au vent.




 

 

INFOS PRATIQUES

 

Réglementation

 

En l’absence de DTU*, la mise en œuvre d’un système d’ITE sous enduit doit respecter les préconisations prévues dans l’Agrément Technique Européen (ATE) du complexe isolant et/ou de ses composants, les conditions de mise en œuvre du système rédigées dans le Documents Technique d’Application (DTA) qui l’accompagne et intègre les spécificités réglementaires et celles définies par différents Cahiers des Prescriptions Techniques du Centre Scientifique et Technique du Bâtiment : le n° 1833 (mars 1983) “Conditions générales d’emploi des systèmes d’isolation thermique par l’extérieur” ; le n° 3035 (avril 1998), “Cahier de prescription technique d’emploi et de mise en œuvre des systèmes d’ITE avec un enduit mince sur polystyrène expansé” et son modificatif n°1, le n° 3399 (mars 2002).

 

* “Règles professionnelles d’entretien et de rénovation des systèmes d’isolation thermique extérieure Etics” révisées en janvier 2010.

 

Formation

 

La Capeb*, en partenariat avec différents fabricants, propose un guide de “Recommandations de conception et de mise en œuvre des systèmes avec enduit épais ou mince en rénovation et en neuf” pour l’ITE à destination des peintres et maçons ainsi que différents modules (courts ou de perfectionnement) de formation.
Se renseigner également auprès des industriels proposant des systèmes complets d’ITE.

 

* Le centre technique de ParexGroup propose quatre nouveaux modules de spécialisation en ITE : “ITE et menuiserie, traiter l’enveloppe globale du bâtiment” ; “Connaitre pour mieux vendre les systèmes ITE” ; “ITE et laine de roche, réglementation incendie” ; “ITE et maison Ossature Bois”. Renseignements au 05 61 31 71 30.
* Sto dispense une formation intitulée “Modénatures de façade et accessoires de fixation sur ITE”. Renseignements au 0820 30 27 30.

 

Bon à savoir

 

Quelques fabricants comme STO (Sto-Therm Sur Isolation), Zolpan (Armaterm Surizol), Parexlanko (Pariso Surisolation)… proposent des solutions pour rénover un ancien système d’ITE abimé, sans le déposer, en sur-isolant la façade avec un nouveau système d’ITE sous enduit : des plaques isolantes de PSE sont calés-chevillés directement sur l’ancien système puis recouvertes d’un enduit mince.

 

L’ancien système et le nouveau système d’ITE sont solidarisés au mur support par chevillage.

 

 

Source : batirama.com / Virginie Bourguet

4 Commentaires
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  • par Boris
  • 31/08/2015 15:08:08

Cet article date de 2013, je me permets de le commenter le 31 aout 2015, car il n'a jamais été autant d'actualité que de faire des économies d'énergie. A mon sens l'isolation par extérieur est une méthode des plus efficaces, des plus durables et des plus design ! De toute façon même si l'article de loi sur la transition énergétique concernant l'obligation de rénover énergétiquement un bâtiment à usage d'habitation lors de la vente, cela deviendra vite une nécessité et une obligation. C'est le sens de l'histoire du bâtiment. Des infos peuvent être reprises sur www.isolation-par-exterieur.fr, en espérant avoir des réponses à ce commentaire.

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  • par Armoric Façades
  • 05/05/2014 18:15:47

Et je rajouterai à la lecture de la page 3 que le CPT 3035 interdit carrément la pose mécanique en support neuf, sauf problème particulier d'adhérence...

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  • par Armoric Façades
  • 05/05/2014 18:12:46

Contrairement à ce qui est écrit dans cet article, le Cahier de Prescriptions Techniques n°3035 du CSTB qui concerne ces systèmes d'ITE en PE recouverts d'enduit mince recommande plutôt (en page 4) la pose en collée même en rénovation, à condition qu'il n'y ait pas de problème adhérence de la colle sur le support. Donc si le support est ancien mais brut (non revêtu de peinture ou d'hydrofuge) la pose collée reste bien souvent préférable. La pose mécanique calée/fixée sera choisie plutôt en cas de murs peints.

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  • par Textorius
  • 29/04/2014 10:56:28

Je constate que les entreprises du BTP que je conseille, malgré le chômage, ont beaucoup de mal à recruter à tous les niveaux de hiérarchie. Souvent ce n'est pas une question de salaire, mais uniquement de pénurie de travailleurs qualifiés et prêts à faire le job. La main d'œuvre étrangère dans ces cas-là peut constituer une solution, et donne, comme l'intérim, une certaine souplesse pour pouvoir sortir du carcan juridique et administratif des relations de travail en France. Je pense aussi qu'il faudrait d'urgence revoir de fond en comble le système de formation scolaire et professionnelle.

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